L'association Sirius des astronomes amateurs de Bejaïa a organisé, dernièrement, une expo-conférence au niveau de la Casbah. L'exposition, intitulée l'Astronomie à Béjaïa à travers les âges, a été suivie de conférences en rapport avec la thématique retenue. L'expo-conférence, présentée par M. Boualem Lounis, a permis aux participants de faire un peu plus connaissance avec l'astronomie à travers un bref rappel de l'histoire de cette science des astres, des corps célestes (y compris de la Terre) et de la structure de l'univers. L'astronomie, a d'emblée indiqué M. Lounis, est sans doute la plus ancienne des sciences et aussi celle qui a le plus puissamment contribué à l'évolution de la pensée humaine. Née des besoins de la vie quotidienne (mesure du temps, agriculture, navigation…), et des craintes de l'homme primitif devant les grands phénomènes naturels, elle est restée étroitement associée aux superstitions astrologiques jusqu'au début des temps modernes. L'astronomie ancienne (mésopotamienne, grecque, égyptienne, chinoise) est jalonnée par les noms d'Aristote, d'Hipparque et d'Aristarque, et bien d'autres. Par ailleurs, le plus important ouvrage est sans doute l'Almageste de l'astronome d'Alexandrie du IIe siècle, Ptolémée. Son système du monde perdurera jusqu'à la révolution copernicienne au XVIe siècle. La deuxième communication, présentée par M. Abderrahmane Haffaf, a permis de resituer la place de l'astronomie à Béjaïa à travers les âges. Deux périodes caractérisent la contribution de l'antique Saldae et sa région au développement des connaissances dans le domaine de l'astronomie. À l'époque médiévale, Béjaïa était célèbre par le niveau de son école. Le Marocain Ab' Ali al Hassan (m. 1262) y réalisa des observations astronomiques, alors que l'Andalou Ibn Raqq'm (m. 1315) y a établi ses tables astronomiques. Après la destruction de la ville de Béjaïa par les Espagnols, commence l'épopée des zawiya de la Kabylie. C'est dans la vallée de la Soummam, a-t-il indiqué, que l'astronome Ash Shallt (XVIIIe siècle) rédige son fameux traité Ma'lim al Istibs'r. Actuellement, la khizana (bibliothèque) de manuscrits de cheikh Lmuhub permet aujourd'hui d'avoir une idée du niveau atteint en astronomie en Kabylie. D'où l'intérêt de la dernière communication, présentée par le président de l'association Sirius, M. Mohamed Réda Bekli. Lequel est allé sur les traces de cet illustre astronome, Ash Shallati. La connaissance des phénomènes saisonniers et leurs périodicités, l'orientation des lieux de culte, la prédiction de l'apparition des croissants lunaires, ainsi que la détermination des moments de prière ont été de tout temps l'une des préoccupations majeures des musulmans. Ma'lim al Istibs'r (vue d'ensemble) de l'astronome kabyle Muhammad ben Al' al Shr'f Ash Shall't', rédigé vers 1778, est l'un des traités en astronomie pratique les plus célèbres en Algérie. Dans cet ouvrage, l'auteur a abordé dans un même chapitre une foule de sujets autour d'une idée centrale : calendriers, orientation, système solaire, lever héliaque des mansions lunaires, géographie, événements célestes et météorologiques… Par ailleurs, le président de Sirius affirme que l'analyse des sources de ce traité permet de reconstituer la tradition régionale en astronomie pratique et de cerner le niveau atteint dans cette discipline à Béjaïa et en Kabylie.