Israël a de tout temps été qualifié pour des sanctions écrasantes à son encontre. C'est un Etat d'apartheid, ainsi que l'ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter, l'a démontré dans son livre Palestine : la paix, pas l'apartheid. Le raid contre la flottille humanitaire, en route sur Gaza pour soulager 1,5 million de Palestiniens en situation de stress extrême par la volonté d'Israël, est la goutte qui a fait déborder le vase. Mais Netanyahu sait qu'il peut encore compter sur les Américains. Tout le monde en est convaincu, seuls les Américains pourront ramener à la raison les Israéliens. Comme ils avaient fini par le faire avec l'Afrique du Sud raciste. Ce ne fut que lorsque Washington se décida à prendre la tête de file pour l'imposition de sanctions contre le régime de l'apartheid que celui-ci tomba. Et les Afrikaners jouaient aux yeux des Américains le rôle d'abcès de fixation en Afrique, tout comme Israël le fait au Moyen-Orient et même plus sur un axe qui va de l'Asie musulmane à l'Afrique musulmane. Malheureusement, les relations en béton armé entre Israël et Washington sont bien plus fortes que les relations économiques et commerciales entre le gouvernement des Etats-Unis et les pays musulmans détenteurs non seulement de pétrole et de gaz, mais aussi de liquidités financières investies massivement dans le pays de l'oncle Sam. À un dîner d'adieu, donné, juste avant le raid israélien contre les six navires humanitaires, en l'honneur de l'attaché militaire d'Israël à Washington, l'amiral Mike Mullen, président de l'état-major US interarmées, le sous-secrétaire à la Défense Michèle Flournoy, et Dan Shapiro, qui est responsable des affaires moyen-orientales au Conseil de sécurité nationale, étaient présents pour lui rendre hommage. Le gratin de l'armée américaine aux petits soins d'Israël. L'image se suffit à elle-même. L'amiral Mullen a déclaré que les Etats-Unis seront “toujours” du côté d'Israël. Peu importe combien de crimes de guerre Israël a commis, commet et commettra, sommes-nous tentés d'ajouter. Un vrai axe qui a encouragé Israël dans les crimes de guerre, la tromperie, le mensonge et les fuites en avant. À la seconde même où Washington frappera sur la table, les provocations israéliennes, l'arrogance de ses dirigeants et leurs prétentions démesurées cesseront. Même quand Washington donne l'impression de s'emporter contre son allié stratégique, ce n'est que du pur cinéma, destiné à la consommation extérieure, aux opinions arabo-musulmanes notamment. l'attaque de la flottille de la Liberté pourrait être un avertissement après le vote par Washington d'une résolution des Etats signataires du Traité de non-prolifération (TPN) enjoignant Israël à déclarer ses armes nucléaires et à accepter les contrôles de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Netanyahu semble vouloir avertir Obama qu'au jeu de se faire peur, Israël est plus prompt et surtout, qu'au pire, il perdrait beaucoup moins que les Etats-Unis. Pour rester dans l'analyse stratégique, la décision israélienne d'attaquer des navires civils dans les eaux internationales est également intervenue après l'assassinat aux Emirats d'un dirigeant palestinien par une unité du Mossad avec la découverte d'un vaste système de copies falsifiées de passeports au détriment d'Etats occidentaux amis, le refus d'assister à la conférence internationale de suivi du Traité de non-prolifération organisée par Obama en personne à Washington. Cet ensemble de faits est interprété comme une succession de coups perpétrés par un Etat sûr de son impunité. Israël, grâce à son lobby présent aux USA et en Europe, est par définition au-dessus du droit international. C'est la longue et triste histoire du “deux poids, deux mesures” qui continue même lorsque l'Etat sioniste assassine des civils désarmés en haute mer ! D'ailleurs, Netanyahu pavoise en assénant la preuve que ses escalades traduisent bien l'idée que malgré ses frictions publiques avec Obama, Jérusalem continue de décider et Washington entérine. Et puis, ce raid aurait quelque chose à voir avec ce qui se tramerait dans la région du Proche-Orient. Un article à la une du New York Times, également trois jours avant le raid israélien, a révélé l'existence d'une directive secrète signée en septembre 2009 par le général David Petraeus, chef du commandement central américain, donnant l'ordre d'accroître les opérations militaires secrètes au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans la Corne de l'Afrique. Le document de 17 pages intitulé “Joint Unconventional Warfare Task Force Execute Order” fournit aux forces d'intervention américaine carte blanche pour mener des actes d'agression contre quasiment n'importe quel pays des régions citées. En plus du personnel militaire, dit le New York Times, la directive de Petraeus recrute “des hommes d'affaires étrangers, des universitaires ou autres” pour des efforts “de vigilance continue sur la situation”, soit, en d'autres termes, pour l'espionnage. La directive cible des pays considérés comme hostiles ainsi que des pays avec lesquels ils entretiennent des relations amicales. Bien que le quotidien de référence newyorkais n'en dise rien, cette directive d'opérations secrètes, qui va au-delà des directives similaires sous le gouvernement Bush, n'aurait pas pu paraître sans l'assentiment du président Obama.