Evénement économique majeur depuis de nombreuses années, la Foire internationale d'Alger, qui se tient du 2 au 7 juin au Palais des expositions des Pins maritimes, a été inaugurée par le premier ministre Ahmed Ouyahia. Cette manifestation revêt une importance toute particulière à la veille du démarrage du plan quinquennal 2010-2014 qui mobilisera une enveloppe financière considérable estimée à 286 milliards de dollars américains. Tenu sous le slogan “Les opportunités d'investissements stratégiques en Algérie”, ce rendez-vous ambitionne de servir de starter au lancement des opérations de partenariat à long terme avec les firmes étrangères. Dans cet esprit, et à l'évidence, mesurant l'importance des enjeux et des atouts de notre pays, le premier ministre, dans la continuité des mesures de sauvegarde de l'économie nationale, à travers notamment la loi de finances complémentaire au titre de l'année 2009, a d'emblée défini les règles du jeu en déclarant que “l'Algérie dispose de cartes gagnantes et veut négocier avec ses partenaires dans son propre marché”. Cela peut signifier que le “laxisme” ou les “complaisances” du passé ne sont plus tolérables. Il a précisé sa pensée en ajoutant : “Je crois qu'en toute légitimité, l'Algérie a le droit, à l'instar de tous les pays du monde, de faire du négoce à son avantage, et ce, selon les conditions de son propre marché.” Voila qui est dit, et c'est tout un programme politico-économique. Au demeurant, le nombre de participants étrangers, venus des quatre coins du monde (835 exposants en provenance de 43 pays, dont 39 représentés par des pavillons officiels), est à lui seul significatif de l'intérêt que portent les grands groupes multinationaux aux opportunités d'investissements et d'affaires que l'économie algérienne peut leur offrir. Au plan intérieur, la 43e édition de ce carrefour de rencontres et d'échanges entre les entreprises et les hommes d'affaires se singularise par rapport aux précédents forums par la présence en force des opérateurs privés nationaux avec plus de 86% du total de la superficie allouée aux exposants algériens. C'est, là, à l'évidence, un signal fort des opérateurs privés, qui entendent arracher leur part de marché de ce gigantesque plan “Marshall” décidé par les autorités du pays. Par ailleurs, cette manifestation se déroule dans un contexte politico-économique marqué par un remaniement ministériel qui a vu le départ d'un ministre, pendant longtemps considéré comme l'architecte de la stratégie industrielle, basée notamment sur l'apport des IDE (investissements directs étrangers) qui, malheureusement, peine à porter ses fruits, d'autant que dans le même temps, les capacités productives nationales, publiques et privées, ont été marginalisées en faveur des sphères spéculatives. De plus, ce même contexte suscite des interrogations sur l'importance des dépenses publiques qui seront engagées à travers le plan quinquennal et leur capacité à générer des richesses. De même qu'il incite à s'interroger sur la volonté des pouvoirs publics à associer réellement le secteur privé national productif à cette dynamique de développement national. Une telle préoccupation a été évoquée par le premier responsable du groupe Cevital qui, présent lors de l'inauguration de cet événement, n'a pas manqué de souligner : “En Algérie, nous avons tous les moyens d'êtres compétitifs, mais on a besoin d'un dialogue avec les pouvoirs décisionnels ainsi qu'avec les opérateurs économiques. J'ai, en tout cas, bon espoir que notre pays se développe comme il se doit.” Au-delà de tous ces questionnements et en dépit de toutes les contraintes, l'Algérie se positionne stratégiquement sur la voie du développement durable. Il appartient aux élites, aux politiques authentiques et aux entrepreneurs économiques de veiller à l'intérêt des générations futures, dans un monde où les “faibles” n'auront pas de place.