Mohamed Henkouche : “Il ne faut pas espérer de grands résultats” Réputé pour ses analyses clairvoyantes et ses interventions de bon sens loin de la langue de bois, Mohamed Henkouche, l'un des meilleurs et plus expérimentés techniciens algériens, s'inquiète quant à la forme de l'EN à quelques jours de la grande entrée en lice en Coupe du monde. “On est bien en deçà de ce que peut constituer une bonne préparation pour une Coupe du monde. Je dis cela par rapport à ce que font nos adversaires qui se préparent depuis des années. Nous, en revanche, depuis un mois nous étions encore à la recherche de joueurs afin de compléter l'effectif pour ensuite essayer de faire tout le travail au cours d'un stage qui n'a duré que quelques petites semaines. C'est un fait qui n'arrange pas une bonne préparation pour le challenge mondial”, dira l'entraîneur belouizdadi qui poursuit : “Nos joueurs n'évoluaient pas régulièrement au sein de leurs équipes respectives et leur manque de compétition risque fort de poser problème pendant le tournoi, surtout qu'on aura en face des adversaires mieux préparés et plus aguerris par notamment le fait qu'ils jouent constamment et dans les meilleurs clubs européens.” Henkouche ira plus loin dans sa critique en relevant d'autres failles chez l'EN. “Je ne sais pas si certains joueurs manquent de sérieux ou alors ne prennent pas très au sérieux cette Coupe du monde. L'exemple qui m'a étonné, c'est de savoir qu'on a pu autoriser un Belhadj à se marier à quelques jours du début d'une Coupe du monde. Ce n'est pas normal, et je suis sûr que ce genre d'histoire on ne la trouve qu'en Algérie”, s'exclame-t-il. Sur un volet purement technique, Henkouche avoue n'avoir pas tiré grand-chose des deux matches amicaux face à l'Eire puis les Emirats arabes unis. “Les deux matches se sont déroulés dans des circonstances un peu particulières. Le premier contre l'Eire, on sortait tout juste d'un stage intense effectué en altitude, et on a tenu qu'une petite demi-heure avant de craquer. Le deuxième test face aux Emirats, je le considère comme un non-match. Je me demande sur quels critères nous avons choisi cet adversaire qui n'a rien à voir avec nos prochains adversaires au Mondial. S'il est vrai que la victoire est bonne pour le moral, j'avoue que devant de pareils adversaires, on ne pourra rien apprendre sur le plan football. À mon sens, cela n'a été qu'un bon galop d'entraînement, ni plus ni moins, ayant servi à Saâdane de voir évoluer certains éléments, les nouveaux notamment et leur complémentarité avec les autres”, explique l'entraîneur Henkouche, pessimiste quant aux chances des Verts dans ce mondial. “Nous souhaitons que cette équipe saura honorer le pays et pourra donner une image positive pour le football algérien, sans plus. Car s'attendre à de grands résultats, ça m'étonnerait beaucoup. Ce Mondial va être très difficile pour nous.” M. B. azzedine Aït Djoudi : “Ce sera dur pour les Verts” L'actuel entraîneur de l'AS Khroub, Azzedine Aït Djoudi, estime que l'aspect physique risque de jouer un vilain tour à la sélection nationale lors du Mondial sud-africain. Pour l'ex-driver du CS Sfax, le manque de compétition de certains cadres de l'équipe, ajouté à la stérilité du compartiment offensif, va diminuer considérablement les chances des Verts de passer au deuxième tour. “Contrairement à la rencontre face à l'Eire, les joueurs étaient animés d'une volonté farouche de gagner. Il fallait à tout prix prendre le dessus sur les Emiratis, histoire de retaper le moral à quelques jours du début de la compétition. Mission accomplie puisque les Verts ont réussi à vaincre et par la même occasion se rassurer avant la première confrontation contre les Slovènes. Toujours est-il que sur le plan jeu, l'équipe nationale a commis beaucoup d'erreurs et de ratages”, indique-t-il et d'ajouter : “Si nous voulons être conquérants face à nos adversaires, il faut impérativement garnir le milieu de terrain. À ce titre, je suis content du retour en force de Ziani. Il a été étincelant face aux Emiratis en remplissant parfaitement son rôle dans l'animation du jeu. De mon point de vue, je pense qu'il serait préférable d'avancer Matmour d'un cran et de l'associer à Ghezzal en pointe de l'attaque. C'est un garçon vivace et rapide à la fois, il est en mesure de déstabiliser n'importe quelle défense. À mon avis, c'est le remède pour solutionner l'inefficacité de l'attaque. Avec un milieu assez varié et garni, composé de Yebda, Lacen et Guedioura sur le côté, nous sommes capables d'améliorer considérablement nos prestations. Toujours est-il, le sélectionneur national est mieux placé que quiconque pour trouver les bonnes solutions”. S'agissant de la préparation effectuée lors des deux stages à l'étranger, Aït Djoudi estime que le manque de compétition de certains cadres pourrait se répercuter négativement sur la production de l'équipe lors du Mondial. “Certes, nous avons retrouvé une certaine stabilité avec le retour des blessés, à l'image de Bougherra, Yahia et Matmour. ceci dit, nos cadres manquent cruellement de compétition et sachant que ce point essentiel est la force de nos adversaires, on sera mis à rude épreuve lors de la compétition…”, conclut-il. Nazim T. Nourredine Zekri : “Il ne faut pas s'attendre à grand-chose durant le Mondial” Avec son franc-parler, le coach ententiste Nourredine Zekri n'a pas mâché ses mots concernant les récentes prestations des Verts à quelques jours du début du Mondial. Tout comme, en effet, chez la majorité des supporters des Fennecs du côté d'Aïn El-Fouara, le coach du club vice-champion d'Algérie 2010 a émis des réserves, notamment concernant la composante de l'équipe nationale qui participera à la prochaine grande manifestation footballistique de la planète qu'arbitrera le pays de Nelson Mandela à partir de vendredi prochain. “J'ai décidé de ne plus parler de l'équipe nationale, mais puisque vous insistez, alors je vais vous dire une chose. On n'a pas une vraie équipe nationale. Sincèrement en tant que technicien, je suis vraiment désolé par ce que nous avons vu jusque-là. Il ne faut pas, à mon sens, s'attendre à grand-chose durant le Mondial. Avec tous les matches que l'équipe nationale a disputés, c'est-à-dire durant la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations et les deux matches de préparation face à l'Eire, puis contre les Emirats arabes unis, on n'a rien vu en ce qui concerne l'animation de jeu. On n'a pas encore pu constituer une équipe sur laquelle on pourra compter lors des prochaines échéances, à commencer par la Coupe du monde dont le coup d'envoi sera donné dans quelques jours seulement. Et puis, une équipe nationale où jouent Saïfi, Mansouri et autres Ghezzal qui n'ont rien démontré jusque-là et ignorer des éléments tels Ziaya, Hadj Aïssa, Derrag, Metref et autres Lemmouchia, c'est pour moi un crime”, nous a-t-il dit. “Si par malheur on réussit de bonnes performances au Mondial, croyez-moi alors que le football deviendra carré”, a-t-il ajouté encore. F. R.