La Sonelgaz a lancé un vaste programme de révision des équipements de ses centrales, à l'instar de celle de Cap-Djinet, afin de se préparer aux pointes de l'hiver. En compagnie de Mlle Aït-Mékidèche, la pétillante attachée de presse de M. Abdelkrim Benghanem, un minivoyage à l'intérieur de la Sonelgaz a été organisé, hier, à l'attention d'une trentaine de journalistes, à travers la centrale thermique de Cap-Djinet. Objectif (inavoué) de l'opération : montrer à l'opinion publique que les équipements de l'entreprise fonctionnent à pleines turbines, et que la balle est désormais dans le camp des consommateurs et de leur sens du civisme. La centrale de Cap-Djinet est l'une des plus importantes du pays (l'Algérie compte 13 unités de production de l'énergie électrique, indique-t-on). Créée en 1986, avec un investissement initial de 2 500 milliards de DA, elle a la particularité de fonctionner à la vapeur, à partir de la distillation de l'eau de mer. La centrale thermique de Cap-Djinet (ou Ras Djinet comme le veut son appellation officielle) produit une moyenne de 670 Mw, fournissant ainsi 24% de l'énergie produite. La station compte quatre groupes de 168 Mw chacun. Il se trouve que l'un des groupes en question est à l'arrêt pour subir une révision périodique. La révision est effectuée par une équipe du constructeur allemand Siemens. Coût de l'opération : 20 milliards de centimes. Comment mettre à l'arrêt un groupe au moment où l'on enregistre une tension sans précédent au niveau de la demande, au point d'avoir recours à des délestages ? “Cette révision a été programmée depuis longtemps, l'entretien des équipements étant nécessaire pour la pérennité d'une centrale électrique”, explique M. Chérif Messad, DG de l'unité. “Cette opération, poursuit-il, sera achevée, au plus tard, vers le 30 octobre prochain, ce qui nous permettra d'affronter l'hiver avec tous nos moyens de production. Il faut savoir que quelles que soient les pointes enregistrées en été, la demande en hiver est toujours plus forte.” Le directeur de la centrale électrique de Cap-Djinet le dit sans ambages : “Les moyens de production actuels de la Sonelgaz sont à la limite des besoins du pays. En temps normal, la Sonelgaz a de quoi répondre, mais cette année, la demande a augmenté d'une façon inattendue. La conjoncture climatique a aggravé la situation.” Il reconnaît que l'“investissement n'a pas suivi, comme il aurait dû l'être, l'évolution de la demande qui est de l'ordre de 7% par an”. M. Messad fait remarquer, par ailleurs, que l'“électricité est un produit qui est tout de suite évacué et qui n'est pas stockable. De plus, notre centrale est interconnectée sur le réseau national, ce qui fait que nous sommes appelés à intervenir à l'est, à l'ouest ou au sud du pays”. Interrogé sur la durée que pourraient prendre les délestages, M. Messad a affirmé qu'il était difficile de se prononcer sur la question. “Nous faisons tout pour affronter l'hiver dans de bonnes conditions”, a-t-il assuré. Pour rappel, la centrale électrique de Cap-Djinet, impressionnante charpente d'acier, a été en plein dans l'œil du cataclysme du 21 mai dernier. Pourtant, les équipements ont remarquablement résisté et les joints sismiques de la plate-forme ont très bien fonctionné, si bien qu'au bout de dix jours de contrôles, elle a été remise en marche. Il n'en demeure pas moins que des travaux de restauration s'y poursuivent encore au niveau du bloc administratif. Outre la centrale de Cap-Djinet, six autres centrales thermiques sont installées tout le long du littoral. M. Messad a rassuré que la proximité de ces centrales des plages ne présente aucun danger en termes de pollution marine : “Nous contrôlons le niveau du chlore que nous renvoyons dans la mer. Quant à la pollution de l'air, il faut savoir que nous dégageons très peu de CO2, et le gaz naturel que nous libérons ne contient pas de soufre.” Au moment même où nous visitions la centrale de Cap-Djinet, une équipe de journalistes effectuait une visite à la centrale de Annaba, dont le groupe n°3 (52 Mw) est en révision générale jusqu'au 10 septembre 2003, pour la réhabilitation de sa chaudière notamment. À noter, également, qu'au niveau de la centrale du Hamma, le groupe n°3, le plus important du pays, avec une puissance de 209 Mw, et qui était à l'arrêt depuis le 12 juillet dernier, a été remis en marche le 2 août. Le groupe n°2 de la même centrale a été remis en service le 19 août. Les mêmes opérations de révision, souligne-t-on, touchent toutes les autres centrales du pays : Jijel, M'sila, Mansourah… En outre, un chantier est lancé à F'kirina, dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi, pour la construction d'une centrale de 300 Mw. Sa réalisation a été confiée au groupe français Alstom. La première partie de la centrale (150 Mw) sera mise en service dès octobre 2004, promet-on. “Rétablir le courant” avec les consommateurs Comme on peut le relever, la conjoncture “énergétique” actuelle, marquée par une tension tous azimuts, a fait que la Sonelgaz mise beaucoup sur la communication pour “rétablir le courant” avec ses clients. Dans un document remis à la presse, on revient même sur l'affaire du fameux black-out du 3 février. Des employés de la centrale annonçaient, hier, en pavoisant : “Vous avez appris pour le black-out qui s'est produit en Finlande ? Et aux Etats-Unis auparavant ? Comme quoi, ça peut arriver même aux pays les plus avancés !” Mlle Manel Aït-Mékidèche a profité de cette rencontre avec la presse pour sensibiliser les consommateurs une fois de plus sur la nécessité de se conduire avec les produits énergétiques dans un esprit d'économie : “Aujourd'hui, chaque watt est précieux”, résume-t-elle. “Nous avons 4,5 millions de foyers. Si chaque foyer économisait une ampoule de 100 w dans les heures de pointe (18h-22h), c'est déjà beaucoup.” La Sonelgaz songerait d'ailleurs à organiser un show télévisé, une sorte de “démo” en faisant participer le maximum de foyers. Ceux-ci seront invités à éteindre tous en même temps une ampoule à une heure convenue. L'effet sera spectaculaire, gage la Sonelgaz. M. B.