Le patron de Sonelgaz a été promu avant d'être dégommé par le même ministre. Le limogeage du patron de la compagnie nationale d'électricité, samedi dernier, intervient dans un contexte politique délicat, caractérisé par la guerre entre deux FLN, chacun arguant détenir la légitimité sur ce parti convoité pour son ticket garant du triomphe à la présidentielle. Le départ de Benghanem pourrait être traduit comme une conséquence de la course au pouvoir entre les clans de l'Est et de l'Ouest. Elle aggrave les choses et ouvre toutes les supputations sur le déclenchement d'une chasse aux sorcières contre les cadres et managers qui refusent l'unanimisme et de prêter allégeance au Président-candidat à l'échéance électorale d'avril prochain. Il y a eu les précédents Bounafa et Benghanem. À qui le tour maintenant ? La raison du changement est donc politique, assure notre source. Car, côté gestion, le patron de Sonelgaz aura réussi à maintenir son entreprise sous bon cap contre vents et marées. Il a contribué à obtenir l'adhésion du partenaire social à l'ouverture du secteur à travers la nouvelle loi sur l'électricité. Au prix de son poste, il a bataillé pour convaincre les décideurs de permettre à la compagnie d'investir dans de nouveaux moyens de production, en vue de résorber définitivement la pénurie d'électricité. Et a réussi à relancer des projets qui étaient dans les cartons, parce qu'on a interdit à Sonelgaz d'investir dans des centrales au nom de la démonopolisation, c'est-à-dire l'ouverture de l'activité production d'électricité à d'autres opérateurs publics et privés. En d'autres termes, le problème de pénurie d'électricité est en voie d'être réglé. Cet hiver sera cependant dur avec de possibles coupures d'électricité, d'où la campagne lancée par Sonelgaz récemment en vue d'inciter les ménages à économiser de l'énergie en éteignant une lampe par foyer entre 19 et 23 heures. Période correspondant aux pics de la demande. Ce qui permettra, si cet appel est suivi par des millions de clients, de passer l'hiver sans problème. Tous les efforts de Sonelgaz tendaient à éviter que l'hiver 2004-2005 connaisse le même problème. En un mot, le pari est en voie d'être gagné. Si tout se passe bien, ce sera pour longtemps la dernière période noire. Par ailleurs, le PDG de Sonelgaz a réussi avec l'aide de ses cadres et la mobilisation de l'ensemble des salariés de l'entreprise à gérer la crise née de la situation de black-out de février 2003. Les choses sont rentrées dans l'ordre rapidement. Ce qui est étonnant, c'est que lorsque Sonelgaz est passée du statut d'Epic à celui de société par actions, conformément à la nouvelle loi sur l'électricité, M. Benghanem qui était jusque-là, directeur général de l'entreprise, est promu par décret présidentiel PDG de Sonelgaz, sur proposition du ministre de l'Energie. Le détail conforte l'information selon laquelle le franc-parler de M. Benghanem, ses propos à contre-courant des assertions de Khelil, ses prises de position en faveur de la relance des investissements de Sonelgaz dans la production ont déplu par la suite. Et lui ont coûté son poste. Le successeur est comme M. Benghanem un ancien cadre de la boîte. Boutarfa était responsable de l'ingineering de Sonelgaz, c'est-à-dire en charge de projets d'investissements de la compagnie avant d'être nommé PDG de l'AEC. Il se fait remarquer lorsqu'il réussit l'ouverture technique des plis pour le projet de centrales de 2000 MW, avec comme soumissionnaires des géants tels que EDF, Endesa. Le ministre décide de lui confier le poste de PDG de l'entité Sonatrach- Sonelgaz (AEC). À son actif, le lancement des travaux de la station de dessalement d'eau de mer d'Arzew couplé à une centrale de 300 MW avec comme partenaire l'américain Black and Veatch. Par ailleurs, l'AEC a confié récemment la réalisation d'une grosse usine de dessalement d'eau de mer de 200 000 m3/jour à Alger à une autre firme américaine dénommée Honics. Un bon début donc. Sa nouvelle tâche à Sonelgaz sera, elle, plus ardue. N. R.