Liberté : Beaucoup d'enfants souffrent de troubles de l'appétit. Quelles sont les raisons de ces troubles ? Dr Mariche : Les facteurs entraînant des troubles de l'appétit peuvent être endogènes, c'est-à-dire génétiques, endocriniens ou nerveux ; exogènes donc liés à des conditions socioéconomiques défavorables (ressources insuffisantes, pauvreté), à des causes nutritionnelles (diététique déraisonnable), des maladies organiques (maladies infectieuses, cardiopathies, maladie cœliaque, affections rénales…), ou encore des chocs psychoaffectifs familiaux et scolaires. L'inappétence entraîne l'anémie et l'anémie consolide l'état de manque d'appétit. Comment parer à ce problème au plan thérapeutique ? Les faiblesses d'apports nutritionnels peuvent induire une anémie carentielle d'où l'intérêt d'un régime nutritionnel équilibré et d'un traitement précoce de toute anémie diagnostiquée. Beaucoup de parents se plaignent que leurs enfants ne mangent pas les légumes ou la viande. Pourquoi ce refus ? Parmi les règles d'or de la diversification alimentaire, choisir judicieusement le bon moment de l'introduction de chaque aliment, surtout les produits indispensables dont les légumes, qui sont riches en fibres alimentaires, qui favorisent des effets physiologiques bénéfiques dont l'exonération intestinale et/ou la modération de la cholestérolémie et de la glycémie. Les oligodisaccharides non digestibles sont naturellement présents dans ces aliments, essentiellement les fruits, les légumes et les céréales. Ils se composent de fructo-oligosaccharides (FOS) et de galacto-oligosaccharides(GOS), qui sont, aujourd'hui, reconnues comme prébiotiques. Une mauvaise préparation à la diversification alimentaire serait-elle responsable des troubles de l'appétit ? La diversification précoce avant l'âge de six mois révolus peut être à l'origine d'un trouble de l'appétit. De même qu'une diversification faite dans les délais mais très riche en protéines peut exposer à la survenue ultérieure d'une obésité. D'où l'intérêt d'une diversification alimentaire progressive et raisonnée avec la précaution de détecter une éventuelle intolérance à un aliment ou une allergie. Quelles seraient les conséquences sur la croissance des enfants d'une alimentation dépourvue de fruits et légumes, de viande, ou encore de lait ? Les conséquences de telles carences se traduiront par une malnutrition protéinocalorique, retard de croissance staturopondérale, retards mentaux et troubles moteurs. À partir de l'adolescence, elles peuvent entraîner une anorexie mentale. Les parents ont-ils raison de faire dans l'automédication en donnant à leurs enfants, sans consulter au préalable un pédiatre, des sirops pour susciter l'appétit ? Non, car la plupart des médicaments stimulants de l'appétit (orexigènes) font partie de la famille des antihistaminiques, contre-indiqués le plus souvent avant l'âge de deux ans, à cause de leurs effets secondaires. A contrario, le médecin peut recommander certains compléments alimentaires à base de plantes médicinales comme le Phybaby ou certains complexes polyvitaminiques.