Beaucoup de parents sont plutôt tolérants quand leurs enfants mangent trop. Ils s'inquiètent, a contrario, outre mesure quand l'appétit manque à table. À telle enseigne que cela devient presque une obsession de forcer le petit à terminer son assiette. Le déséquilibre alimentaire affecte certes la croissance mais quand aucune cause organique n'est diagnostiquée, il sied, selon pédiatres et les nutritionnistes, d'astreindre les gosses à de bonnes habitudes alimentaires. Les pédiatres s'accordent à dire qu'ils reçoivent davantage en consultation davantage de parents qui amènent des enfants souffrant de surpoids, voire d'obésité que de gosses atteints des effets de malnutrition. Ce qui inverse totalement la tendance en cours, il y a quelques années. Il n'en demeure pas moins qu'ils soient gros ou freluquets, les problèmes de poids des enfants surviennent directement de déséquilibres alimentaires, eux-mêmes engendrés par des troubles de l'appétit. Pour les moins de dix ans, la courbe de poids et de taille est la mesure que suivent les médecins pour déterminer le seuil au-delà duquel il conviendra de rechercher une cause à un problème objectivement diagnostiqué. Si “une courbe de poids harmonieuse peut avoir une évolution légèrement en dents de scie, mais l'important est l'absence de cassure” est la règle, dès qu'on s'éloigne de manière relativement durable de la norme, le pédiatre soupçonnera automatiquement l'existence d'une maladie métabolique ou organique comme le diabète, une infection chronique, orl… un désordre affectif ou encore un choc psychologique. “L'important est de ne pas perdre de temps, de ne pas nier ou minimiser les troubles, surtout s'ils expriment des difficultés d'ordre psychologique auxquelles psychiatres et psychologues sont habitués à répondre avec l'aide des nutritionnistes”, conseille Souhila Tafiani, nutritionniste. D'autant, comme l'attestent beaucoup de pédiatres, dont notre interlocuteur Dr Labri Mariche, l'inappétence entraîne l'anémie qui entretient le manque d'appétit. C'est comme un cercle vicieux duquel il est très difficile de sortir sans un traitement et donc sans éliminer l'élément causal. La boulimie n'est pas, non plus, sans conséquences graves sur la santé de l'enfant, puisqu'elle induit des pathologies graves comme le diabète ou des problèmes cardiovasculaires. Dans un cas comme dans l'autre, il incombe aux parents d'adopter le bon comportement en rééduquant leurs gosses aux bonnes habitudes alimentaires. “Il faut boire de l'eau à volonté, manger du pain et des féculents à chaque repas, des produits sucrés avec prudence, des légumes deux fois par jour, ainsi que des fruits, de la viande, du poisson, des œufs une à deux fois par jour, des produits laitiers au moins trois fois par jour, des matières grasses avec parcimonie et, enfin, du sel avec modération”, affirme la nutritionniste. Il ne sert à rien, par contre, de montrer au petit qu'on se préoccupe trop de la quantité de nourriture qu'il consomme, d'être constamment derrière lui à lui imposer de terminer son assiette, ou au contraire mettre brutalement un frein à son insatiabilité. Il est établi, néanmoins, qu'il n'est pas aisé d'avoir l'attitude idéale, qui s'exprime aussi par une certaine lucidité et rigueur au moment de la diversification alimentaire. Ne donner à ses enfants que les produits qui leur apportent les apports nutritionnels nécessaires pour leur croissance et bannir sucreries, sodas, chips… En d'autres termes, ce que les parents ne résistent pas à acheter pour faire plaisir à leurs gosses. Des écarts inévitables et même indispensables. Souhila Tafiani insiste, pourtant, sur l'impératif d'apprendre aux enfants “à écouter leurs sensations, manger uniquement lorsque la faim se fait sentir, prendre son temps pour laisser la satiété s'installer et distinguer la faim de l'ennui. Ils pourront ainsi ajuster plus précisément la quantité d'aliment ingérée à leurs besoins physiologiques”.