Des bénéfices immédiats devraient être enregistrés en Afrique du Sud, où la grand-messe du ballon rond devrait apporter un demi-point supplémentaire à la croissance économique, grâce aux revenus du tournoi et aux investissements massifs dans les infrastructures. Un demi-point pour la croissance de l'Afrique du Sud (!), c'est tout ce que doivent espérer ses dirigeants. C'est l'avis de tous les experts. Et pourtant, l'Afrique du Sud aura beaucoup misé sur la première Coupe du monde organisée en Afrique, pour essayer de fixer définitivement au sein de l'opinion mondiale l'image de la nation “Arc en ciel” que son icône Nelson Mandela lui a imprégnée depuis la chute de l'apartheid. Classé comme pays émergent, mais loin derrière la Chine, l'Inde et le Brésil, l'Afrique du Sud espérait faire oublier les handicaps et conflits de la pauvreté qui focalisent l'attention sur sa situation ces dernières années. Le premier “Mondial africain”, qui s'ouvre demain 11 juin, va, en effet, montrer aux milliards de téléspectateurs des stades flambant neufs, des autoroutes modernes, un métro, de nouvelles voies ferroviaires et des aéroports internationaux… Oui, la première puissance du continent a beaucoup investi pour cet événement populaire phare. “C'est la meilleure chance de démontrer nos capacités et de renforcer ainsi notre attractivité dans le monde”, déclarait la veille du coup d'envoi du Mondial, le président sud-africain Jacob Zuma, parlant de promouvoir, tout de suite après Dame Coupe, les investissements étrangers, le tourisme et le commerce. Des bénéfices immédiats devraient être enregistrés en Afrique du Sud, où la grand-messe du ballon rond devrait apporter un demi-point supplémentaire à la croissance économique, grâce aux revenus du tournoi et aux investissements massifs dans les infrastructures. Selon des études, les visiteurs étrangers seront moins nombreux que prévu : 250 000 environ contre 450 000 initialement attendus. L'impact sera donc assez faible, juste de quoi permettre au pays de franchir la barre des 10 millions de touristes en 2010 contre 9,9 en 2009. En cause, le coût élevé des billets d'avion pour se rendre en Afrique du Sud. Mais aussi les appréhensions liées à une forte criminalité. Et le système de réservations de chambres imposé par la société spécialisée Match, partenaire de la Fédération internationale de football, est trop onéreux. Les visiteurs attendus pour les quatre semaines de compétition devraient dépenser 8,8 milliards de rands (1,1 milliard de dollars). Pas de quoi fouetter un chat devant les attentes immenses et multiples des Sud-Africains. Quant aux fans africains, ils seront très peu à faire le voyage. Quelque 80 000 d'entre eux seront tout de même sur place, la plupart venus des pays voisins et sans ticket, histoire de partager l'ambiance... Il y aura 12 000 Algériens pour supporter les Verts. Pour le ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, l'affaire est entendue : la Coupe du monde de football apportera 0,5 point de croissance à une hausse du PIB qui atteindrait 2,3% en 2010. Finalement, se consolent les responsables de Pretoria, l'essentiel est que l'organisation du premier Mondial en terre africaine soit une grande fierté pour tous les Africains. L'Afrique du Sud est toutefois assurée de sortir du rouge après la récession de la crise mondiale de 2008/2009 qui l'a plongé sous la barre du zéro, et ce pour la première fois depuis 17 ans. Après avoir renoué avec une légère croissance (+0,9%) au troisième trimestre 2009, la tendance s'est confirmée en fin d'année dernière (+3,2%) avant d'accélérer encore à +4,6% au premier trimestre 2010. L'industrie (automobile, agroalimentaire) et les mines (or, platine, charbon) ont été les plus gros contributeurs à la croissance, devant le commerce et le tourisme. Mais, le retour au dynamisme n'a pas freiné les licenciements : l'Afrique du Sud, où deux adultes sur cinq sont inactifs, a supprimé environ un million d'emplois en 2009 ! C'est que le pays de Mandela est confronté à des difficultés socioéconomiques majeures en dépit de la lutte du gouvernement pour faire face au taux de chômage qui se maintient à un niveau élevé, aux fortes inégalités et aux disparités, dans la mise à disposition de services de base aux communautés pauvres, urbaines ou rurales.