Le ravin de la Femme sauvage est marqué par un événement tragique qui a valu son nom à cette belle forêt boisée de Oued Kniss. On raconte, qu'au début du XIXe siècle, une jeune veuve, habitant le quartier du Ruisseau, décida, par une belle journée ensoleillée d'organiser un pique-nique, avec ses deux enfants, en bas âge. Elle ignorait alors que cette forêt, connue pour ses pentes abruptes et ses ravins dangereux, allait être le théâtre d'un drame tragique. Après le pique-nique, la maman s'allonge sous les arbres, pendant que ses bambins jouent à cache-cache. Leurs rires joyeux et cristallins emplissent l'atmosphère. Mais au bout d'un moment, réalisant qu'elle ne les entendait plus, leur mère se lève et part à leur recherche. “Où peuvent-ils bien être”, se dit-elle. “Je leur ai pourtant recommandé de ne pas s'éloigner !” Au bout d'une heure, la pauvre veuve comprend qu'un malheur est arrivé. Ses voisins du quartier du Ruisseau accourent pour lui prêter main-forte. Le soleil se couche et la nuit commence à jeter son manteau noir sur les épaules d'Alger. Mais aucune trace des petits. Les voisins comprennent. Les deux imprudents ont dû tomber dans un ravin. Ils tentent de raisonner la maman en la suppliant de rejoindre son domicile. Se lacérant le visage et hurlant comme une bête sauvage, la veuve refuse de quitter le bois, tant qu'elle n'aura pas retrouvé la chair de sa chair. À mesure que les semaines et les mois s'égrènent, elle sombre dans la démence. Ses cris déchirent la nuit. Ces vêtements ne sont plus que des haillons. Un jour, des promeneurs découvrent, entre les buissons, le cadavre d'une femme d'une cinquantaine d'années. La femme sauvage avait enfin retrouvé la paix. Elle avait rejoint ses enfants. Nadia Arezki [email protected]