Obligations professionnelles non tenues, racolage payant de clients, honoraires excessifs, promesses d'intervention auprès du juge, le bâtonnier de l'Ordre des avocats de Blida, regroupant la cour de Blida et celle de Chlef reçoit quotidiennement des plaintes de ce genre contre les robes noires. Sur son bureau, une centaine de dossiers datant de quatre à six mois sont en cours de traitement. Me Yahia Bouamama avoue que la tâche est sensible et compliquée, mais se dit déterminé à débarrasser la profession des parasites de ce genre. Le Conseil de l'ordre des avocats a déjà prononcé des sanctions sévères dans trois affaires en 2010 dont une radiation. Les plaintes contre les avocats concernent autant des anciens que des débutants qui n'ont pas plus de quatre ans dans la profession. “À titre comparatif, il y a vingt ans, il y avait peu de plaintes contre les avocats et généralement le problème était réglé sans être déféré devant le conseil de discipline.” Aujourd'hui, si le motif de la plainte est sérieux et motivé, le bâtonnier charge un membre du barreau pour mener l'enquête. “Beaucoup d'avocats ne donnent pas de reçu à leurs clients qui sont dans l'impossibilité de prouver une surfacturation d'honoraires”, fait remarquer M. Bouamama qui ajoute que le racolage des clients pose également problème. “Les pourvoyeurs sont généralement les policiers et les greffiers. Or, la réglementation l'interdit s'il y a une contrepartie pécuniaire.” La triche, le manque de rigueur et de professionnalisme de certains avocats ne s'arrêtent pas là. Il y en a qui ne respectent pas leur engagement vis-à-vis de leurs clients, celui de les représenter devant les instances judiciaires. Ils leur donnent des dates erronées de comparution, de faux numéros de dossier et une adresse inexacte de cabinet avant de disparaître dans la nature. Une fois la plainte engagée, c'est la parole du client contre celle de l'avocat, quand celui-ci est repéré et identifié. D'autres robes noires se vantent d'avoir un ascendant sur les magistrats ou prétendent qu'ils sont corrompus et qu'ils doivent les payer pour avoir un jugement favorable. “Si c'est le cas, ils empochent l'argent soutiré au client, sinon il le rembourse”, témoigne Me Bouamama très décidé à traiter tous ces plaintes en instance avant la fin de son mandat de bâtonnier qui expire dans environ huit mois.