Dans ce contexte précis, le Conseil de l'ordre des avocats de la région de la Mekerra, élargi à tous les anciens avocats, s'est retrouvé samedi dernier en réunion extraordinaire. Selon une source proche du bâtonnier de Sidi Bel Abbes, les hommes en robes noires ont décidé, d'un commun accord, de geler leurs activités professionnelles. Cette décision fait suite à un accrochage entre un magistrat en fonction et un agent de l'ordre public, à l'intérieur de l'enceinte du tribunal. Aussitôt après cet incident, le bâtonnier s'est entretenu avec le procureur de la République près la cour de Sidi Bel Abbes, ainsi qu'avec l'ensemble des avocats y exerçant, avant d'opter pour cet ultime recours aux conséquences indéfinies. Dans l'attente du sort réservé à l'agent de l'ordre, les avocats sont décidés à maintenir leur grève. Dans une copie de la réunion, remise au bureau de L'Expression, le conseil de l'ordre des avocats déclare «avoir pris connaissance du rapport de maître Benaoum, avocat à la cour de Sidi Bel Abbes, relatant l'outrage dont il a été victime de la part d'un agent de l'ordre en uniforme au sein de l'enceinte du tribunal alors qu'il était revêtu de sa robe noire et dans l'exercice de ses fonctions le mercredi 5 décembre 2001 à 11 heures. Aussi, après le refus du procureur de la République de donner suite aux démarches immédiatement entreprises par maître Benaoum, accompagné des membres du Conseil de l'ordre et après avoir remarqué samedi 8 décembre, le déploiement d'une brigade d'intervention de la sûreté nationale ainsi que l'interdiction faite aux avocats de stationner leurs véhicules dans le parking réservé à cet effet, notamment à l'avocat concerné». Le Conseil de l'ordre a pris la ferme décision de geler ses activités au niveau du tribunal et au siège de la cour de Sidi Bel Abbes. Le courroux des avocats s'est intensifié en remarquant la présence inhabituelle et ostentatoire de l'agent incriminé à l'entrée même de la salle d'audience. A cet effet, le Conseil des robes noires a pris la ferme décision de ne pas plaider jusqu'à la mutation de l'agent, objet de la plainte et à l'origine de ce fâcheux incident. Toutefois, le Conseil des avocats est prêt à assurer un service minimum eu égard à leurs clients.