À l'issue de la fête pour laquelle nous avions été sympathiquement invité, nous avons eu un entretien avec Hasna Raïni, la présidente de cette nouvelle association, en compagnie de l'animateur vedette de BRTV, Kamal Tarwiht. Liberté : Vous avez pris la parole pour un long discours qui a ravi l'assistance. Pouvez-vous nous le résumer ? Hasna Raïni : J'ai parlé du souci de valoriser notre culture, pour nous et pour nos enfants. Il nous faut prendre notre place, marquer positivement notre espace dans cette société dans laquelle nous vivons dans un souci d'équilibre culturel et civilisationnel. Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître, de maîtresse, je dirais. Quelles impressions cela vous laisse-t-il ? Ça a tout l'air d'être un succès, même si ce n'est pas à moi de le dire. Ce n'était pas facile de réunir autant de monde et de personnalités ; nous avions quelques appréhensions, mais voilà, vous avez vu toute cette diversité – il n'y avait pas que des Berbères – cette convivialité fraternelle qui a régné tout au long de l'après-midi. Qu'est-ce qui a été le plus dur dans la préparation qui, nous l'imaginons, n'a pas été simple ? Le temps. Cela nous a pris beaucoup de temps. Avec le travail – à l'extérieur et à la maison, les enfants – cette troisième casquette, celle de présidente a été difficile à porter, c'est énorme comme responsabilité et je ne vous cache pas que j'ai eu un trac et un stress terribles surtout s'agissant d'une première prestation. La culture berbère ne se trouve pas obligatoirement ici en France. Avez-vous pensé à bâtir un pont avec l'Algérie ? Bien sûr ! Nous pensons déjà à des échanges avec un village, une ville ou même une région kabyle d'Algérie. Mais ce que nous faisons ici est primordial : nos enfants vivent ici et c'est ici qu'il faut leur inculquer le sens de la culture, de la personnalité, de l'honneur d'être berbère. Ainsi, même si nous ne parvenons pas à jeter un pont dans l'immédiat, ce sont eux qui auront tous les atouts en main pour le faire. Au-delà du message clair que lance votre initiative, y a-t-il un autre message, peut-être plus personnel, à passer? Je veux juste préciser que notre engagement est d'abord familial : mon mari et mes enfants sont à mes côtés. Notre message est intimement lié à notre vie de tous les jours laquelle est de même liée à notre engagement associatif. Cela nous paraît une évidence. Beaucoup de personnalités dont madame la députée de la 9e circonscription, le maire de Vigneux avec ses proches collaborateurs et de nombreux élus de Montgeron et de Draveil sont venus rehausser de leur présence le lancement de l'association franco-berbère du Val-de-Seine. Un programme alléchant a été concocté pour la circonstance : un orchestre d'enfants et une chorale mixte dirigée par le maestro – modeste comme tout – le célèbre musicien Nassreddine Dalil, plusieurs chanteurs kabyles et le clou de la fête : “Transhumance”, “Itinéraire d'une vielle en forme de Bateau, musiques et chants d'ici et d'ailleurs”. La vielle est magistralement manipulée par Daniel Clark et la chanteuse Dominique Marge – qui s'accompagne du violon – caresse sept langues dont le kabyle : elle interprète Vava Inouva avec beaucoup d'à propos. Le tout s'est déroulé sur un fond d'expositions : livres, robes kabyles, bijoux et sous l'arôme du thé, du sfendj et autre douceurs du bled qui ont largement conquis la France.