Garder ses racines pour explorer le monde : telle pourrait être la devise de Hamid Cheriet, dit Idir («Il vivra» en kabyle). Il demeure un mythe auprès de la communauté algérienne en France, majoritairement kabyle. Les plus jeunes l'aiment comme un grand frère de philosophie. Garder ses racines pour explorer le monde : telle pourrait être la devise de Hamid Cheriet, dit Idir («Il vivra» en kabyle). Il demeure un mythe auprès de la communauté algérienne en France, majoritairement kabyle. Les plus jeunes l'aiment comme un grand frère de philosophie. Le célèbre chanteur Idir revient cette année avec un nouveau registre intitulé «la france des couleurs». Invité de la chaîne berbère TV, le chantre de la chanson berbère justifie le titre de son album par son souhait de défendre les couleurs du pays de Jeanne d'Arc. «Depuis la nuit des temps, la France s'est fait au gré des pactes et des migrations : il n'y a pas de France sans les Carolingiens, les Francs, les Romains, ni de France sans les Italiens, les Portugais, les Polonais, les personnes des colonies et des protectorats», a-t-il indiqué. «Nous vivons dans une France multicolore et multiculturelle où plusieurs identités se côtoient. Mais y a-t-il une seule identité française ? Comment des gens différents peuvent-ils défendre un même drapeau ? Ce n'est certes pas en affirmant leur identité respective. Bien au contraire, en apportant une part d'eux-mêmes à une France fédératrice.» C'est dans ce cadre qu'il a eu l'idée de partager des chansons avec des artistes qui expriment la diversité musicale française. «Après réflexion, je me suis dit qu'étant Algérien aimant la france et ses enfants, je pouvais ne pas être Français et construire quelque chose avec des artistes de ce pays d'adoption.» Les sujets sont variés : de la différence de génération et relation fille-père au questionnement sur les origines en passant par le mal de vivre des jeunes de banlieue, la difficulté lorsqu'on est différent, l'amour d'un père pour sa fille en dehors des religions et des traditions, France terre d'Afrique, pèlerinage vers la lumière (chacun selon sa croyance) et le problème des sans-papiers. A la fin de son intervention, Idir se dit convaincu que cet album sera utile et viable. «Je suis sorti grandi de cette offrande musicale. Même si les chansons restent une question de goût, je suis convaincu que cet album sera salutaire et confirmé.» Né en Kabylie dans le village d'Aït Lahcène, Idir n'a jamais dévié d'une trajectoire commencée par un crochet à la radiotélévision algérienne en 1973, qui se poursuit à Paris avec un tube demeuré inoubliable — c'est sûrement l'une des grandes chansons du siècle — «A Vava Inouva» «Mon petit père», présenté en 1973 à Alger et enregistré sur 33 Tours chez Pathé Marconi en 1976. Une chanson qui a rendu ce kabyle célèbre à jamais. Douceur, balancement de la mélodie, arrivée de la guitare empruntée au folk et à la chanson à texte : voici comment les Kabyles (Idir, Aït Menguellet, Matoub Lounès, Ferhat), appartenant à un groupe dit minoritaire et parlant le tamazight, «la langue de l'homme libre», et non l'arabe, ont changé la face de la musique algérienne, à l'instar du raï oranais, quelques années plus tard. «A l'époque, dira Idir, les canons du bon goût étaient ceux du Moyen-Orient. La chanson kabyle a remplacé les quarante violons d'orchestre par deux guitares et deux voix.» Défendre la langue berbère, la richesse des différences culturelles, le droit à la poésie et la démocratie éclairée sont quelques-uns de ses préceptes. En 1973, le jeune étudiant en géologie, enfant de la révolution algérienne, fils de paysan né en 1949 en Grande Kabylie, se destinait à prospecter le pétrole et l'eau dans les régions désertiques du sud algérien, chante une berceuse sur Radio-Alger, remplaçant in extrémis une vedette défaillante. Quelques mois plus tard, soldat encaserné à Blida, il entend «A Vava Inouva» sur Radio-France. Etre kabyle passe alors pour une marque de dissidence «bouseuse». Bretons et Auvergnats y reconnaîtront les brimades infligées à leurs ancêtres. Idir, de Paris, accompagnera l'histoire de son pays, le Printemps berbère, révolte contre le pouvoir central en 1980, les massacres de civils dans les années 1990. Idir n'a cessé d'appeler à la réconciliation nationale, à l'antifanatisme, organisant «L'Algérie, la vie», un concert commun avec l'arabophone Khaled en juin 1995, ou participant à l'hommage à Matoub Lounès, assassiné en juin 1998. «Identités» est le troisième album d'Idir. En trente ans de carrière, c'est peu ! Suffisant pour qui vit à l'écart des affaires industrielles de la musique et pèse ses chansons comme ses mots : deux microsillons, «A Vava Inouva» en 1976, Nos enfants en 1979, compilés ensuite sur le même CD, «Les chasseurs de lumières» en 1993. Un duo avec le breton Alan Stivell et, toujours, cette extrême délicatesse des flûtes, des voix, de la guitare. Six ans plus tard, Idir s'apprêtera à construire un album solo. Mais il est happé par la proposition d'une sorte de Tribute To, où il est payé pour sa générosité en retour. «C'est un Tribute To où je suis le seul présent partout», un hommage où Idir demeure maître et servant de ses chansons, où il crée des titres inédits que d'autres ont composés pour lui, dont «A Tulawin» de Manu Chao, l'ex-Mano Negra, revenu au devant de la scène avec «Clandestino» en 1998. «Que ces gens veuillent partager des chansons avec moi est une forme de reconnaissance», dit Idir. Déjà adapté en kabyle, mais avec une traduction pratiquement littérale, par Brahim Izri, né dans le même village qu'Idir, «San Francisco» de Maxime Le Forestier devient «Tizi-Ouzou», et «la Maison bleue», «le Symbole de la contestation et de la volonté de vivre la culture kabyle". Maxime Le Forestier n'y est pas resté insensible, et chante en kabyle la nouvelle version de sa chanson, hymne de la nouvelle vague de la chanson française des années 1970. «Il fallait que ce soit suffisamment kabyle pour que je puisse pointer le bout du nez, mais assez discret pour laisser les autres libres.» Le célèbre chanteur Idir revient cette année avec un nouveau registre intitulé «la france des couleurs». Invité de la chaîne berbère TV, le chantre de la chanson berbère justifie le titre de son album par son souhait de défendre les couleurs du pays de Jeanne d'Arc. «Depuis la nuit des temps, la France s'est fait au gré des pactes et des migrations : il n'y a pas de France sans les Carolingiens, les Francs, les Romains, ni de France sans les Italiens, les Portugais, les Polonais, les personnes des colonies et des protectorats», a-t-il indiqué. «Nous vivons dans une France multicolore et multiculturelle où plusieurs identités se côtoient. Mais y a-t-il une seule identité française ? Comment des gens différents peuvent-ils défendre un même drapeau ? Ce n'est certes pas en affirmant leur identité respective. Bien au contraire, en apportant une part d'eux-mêmes à une France fédératrice.» C'est dans ce cadre qu'il a eu l'idée de partager des chansons avec des artistes qui expriment la diversité musicale française. «Après réflexion, je me suis dit qu'étant Algérien aimant la france et ses enfants, je pouvais ne pas être Français et construire quelque chose avec des artistes de ce pays d'adoption.» Les sujets sont variés : de la différence de génération et relation fille-père au questionnement sur les origines en passant par le mal de vivre des jeunes de banlieue, la difficulté lorsqu'on est différent, l'amour d'un père pour sa fille en dehors des religions et des traditions, France terre d'Afrique, pèlerinage vers la lumière (chacun selon sa croyance) et le problème des sans-papiers. A la fin de son intervention, Idir se dit convaincu que cet album sera utile et viable. «Je suis sorti grandi de cette offrande musicale. Même si les chansons restent une question de goût, je suis convaincu que cet album sera salutaire et confirmé.» Né en Kabylie dans le village d'Aït Lahcène, Idir n'a jamais dévié d'une trajectoire commencée par un crochet à la radiotélévision algérienne en 1973, qui se poursuit à Paris avec un tube demeuré inoubliable — c'est sûrement l'une des grandes chansons du siècle — «A Vava Inouva» «Mon petit père», présenté en 1973 à Alger et enregistré sur 33 Tours chez Pathé Marconi en 1976. Une chanson qui a rendu ce kabyle célèbre à jamais. Douceur, balancement de la mélodie, arrivée de la guitare empruntée au folk et à la chanson à texte : voici comment les Kabyles (Idir, Aït Menguellet, Matoub Lounès, Ferhat), appartenant à un groupe dit minoritaire et parlant le tamazight, «la langue de l'homme libre», et non l'arabe, ont changé la face de la musique algérienne, à l'instar du raï oranais, quelques années plus tard. «A l'époque, dira Idir, les canons du bon goût étaient ceux du Moyen-Orient. La chanson kabyle a remplacé les quarante violons d'orchestre par deux guitares et deux voix.» Défendre la langue berbère, la richesse des différences culturelles, le droit à la poésie et la démocratie éclairée sont quelques-uns de ses préceptes. En 1973, le jeune étudiant en géologie, enfant de la révolution algérienne, fils de paysan né en 1949 en Grande Kabylie, se destinait à prospecter le pétrole et l'eau dans les régions désertiques du sud algérien, chante une berceuse sur Radio-Alger, remplaçant in extrémis une vedette défaillante. Quelques mois plus tard, soldat encaserné à Blida, il entend «A Vava Inouva» sur Radio-France. Etre kabyle passe alors pour une marque de dissidence «bouseuse». Bretons et Auvergnats y reconnaîtront les brimades infligées à leurs ancêtres. Idir, de Paris, accompagnera l'histoire de son pays, le Printemps berbère, révolte contre le pouvoir central en 1980, les massacres de civils dans les années 1990. Idir n'a cessé d'appeler à la réconciliation nationale, à l'antifanatisme, organisant «L'Algérie, la vie», un concert commun avec l'arabophone Khaled en juin 1995, ou participant à l'hommage à Matoub Lounès, assassiné en juin 1998. «Identités» est le troisième album d'Idir. En trente ans de carrière, c'est peu ! Suffisant pour qui vit à l'écart des affaires industrielles de la musique et pèse ses chansons comme ses mots : deux microsillons, «A Vava Inouva» en 1976, Nos enfants en 1979, compilés ensuite sur le même CD, «Les chasseurs de lumières» en 1993. Un duo avec le breton Alan Stivell et, toujours, cette extrême délicatesse des flûtes, des voix, de la guitare. Six ans plus tard, Idir s'apprêtera à construire un album solo. Mais il est happé par la proposition d'une sorte de Tribute To, où il est payé pour sa générosité en retour. «C'est un Tribute To où je suis le seul présent partout», un hommage où Idir demeure maître et servant de ses chansons, où il crée des titres inédits que d'autres ont composés pour lui, dont «A Tulawin» de Manu Chao, l'ex-Mano Negra, revenu au devant de la scène avec «Clandestino» en 1998. «Que ces gens veuillent partager des chansons avec moi est une forme de reconnaissance», dit Idir. Déjà adapté en kabyle, mais avec une traduction pratiquement littérale, par Brahim Izri, né dans le même village qu'Idir, «San Francisco» de Maxime Le Forestier devient «Tizi-Ouzou», et «la Maison bleue», «le Symbole de la contestation et de la volonté de vivre la culture kabyle". Maxime Le Forestier n'y est pas resté insensible, et chante en kabyle la nouvelle version de sa chanson, hymne de la nouvelle vague de la chanson française des années 1970. «Il fallait que ce soit suffisamment kabyle pour que je puisse pointer le bout du nez, mais assez discret pour laisser les autres libres.»