Les artistes algériens, qui ont, par leur talent, inscrit en lettres d'or leur nom sur la scène artistique algérienne durant les années 1970, se retrouvent aujourd'hui entièrement délaissés par les institutions culturelles et tombent dans l'oubli. Mais le plus inadmissible pour ces artistes est le manque de considération par le public. C'est le cas de la chanteuse kabyle Drifa qui a connu la gloire autrefois grâce à ses tubes enregistrés dans le style traditionnel et folklorique, mais qui est totalement oubliée et délaissée aujourd'hui. “Je travaille toujours à la radio, mais concernant les concerts ou les apparitions publiques, elles se font de plus en plus rares”, a-t-elle témoigné. Depuis quelques années maintenant, la chanteuse kabyle participe à des concerts dans le cadre d'hommage et de commémoration. Aussi, à défaut de se produire sur scène, Drifa anime des réceptions de mariage. Cette artiste insiste sur le fait que l'art se meurt à petit feu car “ils sont en train de nous enterrer, cela nous démoralise et nous rend malades”. En effet, hormis les institutions étatiques comme l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), ou Art et Culture qui la sollicitent pour des galas, Drifa est ignorée et déplore le manque de considération à l'égard des artistes. “Nous sommes invités seulement pour les hommages. Et quand l'un d'entre nous disparaît, ils lui rendent à son tour un hommage”, a-t-elle clamé. Oubliée, la chanteuse regrette la situation actuelle des artistes. “Ceux qui détiennent la culture et l'art ne témoignent aucune considération pour nos œuvres. Ils se souviennent des artistes seulement à leur mort. Il faut y penser tant qu'il est encore temps de le faire”, estime-t-elle. Et d'ajouter : “C'est tout le temps les mêmes qui se produisent sur scène et qui sont invités pour animer des spectacles.” En effet, pour subvenir à leurs besoins, les artistes, et notamment Drifa, sont contraints de faire des petits boulots en parallèle. “Qu'ils nous donnent du travail, on se retrouve dans le besoin. On doit, garantir notre retraite. Je suis partie voir s'il y a un syndicat pour les artistes. Et la réponse était négative”, a-t-elle souligné. En outre, une partie du public témoigne le même manque de considération à l'égard des artistes. D'ailleurs, Drifa se plaint des réactions des gens envers les artistes qui sont traités comme des pestiférés. “Ils nous traitent comme si nous avions une maladie contagieuse. Ils nous insultent et nous prennent pour des personnes sans moralité. J'ai tout le temps des problèmes avec certains de mes voisins”, s'est-elle confiée. L'indifférence des uns et l'insouciance des autres font que des voix comme celle de Drifa sont tombées dans l'oubli, alors qu'ils ont tant à donner et à partager avec le public.