Liberté : Quel commentaire faites-vous après l'audition du directeur de la publication et le rédacteur en chef de Liberté ? Me Bourayou : Le commentaire, c'est que c'est la première affaire portant offense au chef de l'Etat, puisqu'il n'y a que dans ce cas que le procureur de la République s'autosaisit, conformément aux amendements du code pénal de 2001. Mais, ce qui est regrettable dans cette procédure, c'est que le parquet a eu recours à la police judiciaire pour constater une infraction connue dont les auteurs sont aussi connus. Cette procédure est injustifiée et elle ne vise que le harcèlement et la mise sous pression des journalistes. Mais on remarque que cette audition a été harassante, puisqu'elle a consisté en une fouille de la vie privée des journalistes. C'est du harcèlement contre les journalistes que de toucher à leur vie privée. Pourquoi insistez-vous pour que ce genre d'affaire ne relève plus de la police mais directement du parquet ? Nous disons que le délit de presse est un délit qui n'exige pas d'enquête préliminaire initiée par la police. Parce que, dans les délits de presse, l'infraction est constituée par l'article ; l'auteur de l'infraction, c'est le journaliste ; la preuve, c'est le journal. À partir de ces considérations, on remarque clairement que la police n'a rien à faire dans la constatation de ce genre de délit. La police intervient là où l'infraction est constatée, mais quand n'est pas révélé son auteur, ni les éléments de preuve encore réunis. C'est à la police de les rechercher. Ce n'est pas le cas dans le délit de presse Pourquoi le parquet s'autosaisit uniquement en cas de diffamation et pas dans le cas des scandales ? Dans l'autosaisine, c'est le procureur lui-même qui saisit la justice sans qu'il y ait dépôt de plainte. Nous savons que le procureur n'a pas l'autorité suffisante pour poursuivre de son propre chef un journaliste pour offense au chef de l'Etat. Il ne peut agir que sur instruction de la chancellerie. Donc, c'est la chancellerie qui apprécie s'il faut ou non provoquer l'autosaisine Un autre commentaire sur la décision de la mise sous contrôle judiciaire du directeur du Matin… Premièrement, la décision de mise sous contrôle judiciaire de Benchicou est sévère et manifestement orientée. Les faits qui lui sont reprochés ne reposent sur aucune base légale. La possession de bons de caisse ne constitue en rien un acte délictueux et ne peut tomber sous l'empire de la loi sur la répression des infractions de change et de mouvements des capitaux. La raison étant toute simple : les bons de caisse n'impliquent pas transfert de capitaux, ils impliquent sédentarisation ou immobilisation de capitaux dans la banque. S'il y a bien un document cambiaire qui immobilise le capital dans les banques et l'empêche de circuler, c'est bel et bien le bon de caisse. Toute autre interprétation se doit d'énoncer le texte de loi qui réprime cette possession de bons de caisse dans sa relation et ses implications dans les mouvements de capitaux. Il s'agit bien d'une cabale, dont les commanditaires sont connus et qui visent à jeter le discrédit sur la presse en générale. Que peut-on invoquer pour qualifier d'illégale la possession de bons de caisse ? C'est à la partie poursuivante de le dire. N. M. Réaction Rassemblement pour la Culture et la démocratie “Le pouvoir veut verrouiller les espaces démocratiques” Des titres de la presse privée sont toujours interdits de parution. Leur suspension signe le déploiement d'un arsenal répressif visant à verrouiller tous les espaces d'expression démocratique. Le harcèlement policier et judiciaire, subi par le directeur du quotidien Le Matin et celui de Liberté est un nouveau pas dans l'instrumentalisation de l'Etat au profit des intérêts privés des dirigeants. Cette mesure arbitraire vient s'ajouter aux séries d'enlèvements et tortures des militants du RCD, à l'interdiction des marches populaires, aux refus ciblés d'autorisations de réunions publiques, au maintien des poursuites judiciaires contre certains délégués du mouvement citoyen et à la confiscation des médias lourds au profit exclusif du pouvoir en place. C'est dans ce climat porteur de graves menaces pour la stabilité du pays et la cohésion de la nation, que le pouvoir feint de vouloir engager un processus de dialogue avec le mouvement citoyen de Kabylie. Il reste cependant difficile de croire qu'un pouvoir qui a érigé l'arbitraire, l'abus et la réactivation de la nuisance intégriste comme mode de gestion de la société, veuille sérieusement mettre en œuvre les revendications éminemment démocratiques contenues dans le document d'El-Kseur. Sur un autre registre, les réformes et la relance économique promises font place à une régression et une paupérisation jamais atteintes auparavant. Au moment où les Algériens vivent au quotidien, chômage, insécurité et problèmes de santé publique, l'économie nationale est livrée à une véritable entreprise de prédation. Le recours abusif à l'ordonnance sur des questions engageant la nation et l'opacité qui entoure les grandes décisions économiques révèlent un mépris total des institutions. Le dernier exemple en est l'amendement par voie d'ordonnance de la loi sur la monnaie et le crédit. Il est, aujourd'hui, clair que la convergence des pratiques staliniennes au niveau de l'Exécutif vise à mettre en place les conditions et les moyens d'un passage en force lors de la prochaine élection présidentielle. L'heure est grave. Elle appelle vigilance, mobilisation et détermination des forces patriotiques pour éviter au pays de sombrer dans le chaos. Alger, le 27 août 2003 COORDINATION DES VILLAGES DE LA COMMUNE DE BOUDJELLIL Déclaration Suite au harcèlement judiciaire dont est victime le directeur du quotidien Liberté, M. Farid Alilat, la coordination des villages de la commune de Boudjellil condamne ces manœuvres sournoises visant à museler la liberté d'expression chèrement acquise. L'arch de Boudjellil apporte son soutien indéfectible au collectif de Liberté et met en garde le pouvoir mafieux et assassin et le tient pour seul et unique responsable des conséquences qui en découleront. À cet effet, la population de Boudjellil est déterminée à réinvestir la rue et à participer activement au rassemblement des journalistes devant le siège de la wilaya de Béjaïa le dimanche 31 août 2003 à 10h. Ulac smah ulac Le combat continue