Leur convocation intervient après celles adressées, mercredi dernier, au directeur de la publication de Liberté, Farid Alilat, et au rédacteur en chef, Saïd Chekri. Deux journalistes de Liberté ont été entendus, jeudi dernier, par la police judiciaire au siège de la sûreté d'Alger. Ali Ouafek, le directeur de la coordination du journal, ainsi que le journaliste Rafik Hamou ont été convoqués au commissariat pour des articles qu'ils ont signés dans l'édition du 11 août dernier, jugés diffamatoires par le parquet. Leur convocation intervient après celles adressées, mercredi dernier, au directeur de la publication de Liberté, Farid Alilat, et au rédacteur en chef, Saïd Chekri, suite à l'autosaisine du procureur de la République. Jeudi dernier, les deux journalistes, qui se sont présentés au siège du commissariat à 10h, accompagnés du directeur de la publication, du rédacteur en chef, d'un groupe de journalistes et de l'avocat-conseil de Liberté, Me Khaled Bourayou, n'en sont sortis qu'à 18h30. La raison ? L'audition de Ali Ouafek n'a commencé qu'à 12h30 pour ne s'achever qu'à 15h30. Celle de Rafik Hamou n'a débuté que vers 16h pour ne s'achever qu'à 18h. Aussi, pendant toute la durée de l'interrogatoire, il n'y a eu aucun contact entre les deux journalistes en audition et les responsables de Liberté en attente de leurs nouvelles. Il y a lieu de signaler à ce propos que l'audition a été longue. Mais, les journalistes interrogés diront à leur sortie : “Les policiers ont été très corrects avec nous et nous ont interrogés avec respect.” Cela en dépit du fait que l'interrogatoire ait été “harassant et répétitif”. Durant l'audition, les policiers ont eu, en effet, à poser toutes les questions sur le passé, l'itinéraire professionnel, le parcours journalistique, le cursus estudiantin et le type d'établissements scolaires fréquentés. S'en sont suivies des questions sur le contenu des écrits. C'est ainsi que pour Ali Ouafek, le premier à être auditionné, les questions ont porté sur l'éditorial de cette édition intitulée Potentats. L'éditorial a été décortiqué, phrase par phrase et point par point, par les policiers. Ces derniers ont voulu savoir, en outre, si c'était bien M. Ouafek qui a écrit cet éditorial et s'il n'a pas été commandé par une autre personne ou un parti pour nuire et porter atteinte à l'honneur et à l'intégrité de la personne du président de la République. Et au responsable de Liberté de répondre qu'il est l'auteur de l'article en question et qu'il réserve sa réponse sur son contenu à la justice. À une question relative aux résidences et aux appartements de luxe sur les hauteurs d'Alger, sujet des articles en question, les officiers de la police judiciaire demanderont les preuves de ces affirmations. Le responsable de Liberté a préféré, à l'instar de Farid Alilat et de Saïd Chekri dans leurs précédentes auditions, réserver ses “réponses au juge d'instruction”. Une autre question a porté sur les facilités que le président Bouteflika aurait octroyées à des investisseurs des pays du Golfe en contrepartie d'avantages accordés au chef de l'Etat. Invariablement, la réponse a été : “Je réserve mes déclarations au juge d'instruction.” Une autre question a concerné l'acquisition d'un appartement à Paris par les proches du Président. Les policiers voulaient connaître les fondements des informations sur lesquelles s'est basé Ali Ouafek pour écrire cela. La réponse de ce dernier a été identique à la précédente. C'est-à-dire qu'il la réserve au juge, leitmotiv et ligne de conduite légale choisie par les journalistes. À propos de la Sonatrach, les officiers de la police ont interrogé le responsable de Liberté sur ce qui lui a fait écrire que le Président dilapide l'argent de cette entreprise dans le cadre de la précampagne électorale. Le directeur de la coordination de notre journal a eu une réponse similaire aux précédentes. Les policiers ont demandé aussi qu'elle serait, selon lui, la manière la plus indiquée pour redresser la situation et moraliser la vie publique. “La réponse, dira M. Ouafek, sera réservée au magistrat.” Pour Rafik Hamou, les questions ont porté sur les raisons et les buts recherchés à travers la rédaction de son article paru en page 2 de l'édition du 11 août. Le journaliste a été également interrogé sur la tendance politique du journal et s'il soutient un parti politique. Devant cette question de fond, le journaliste a dit qu'il réserve sa déclaration au magistrat. Ce qui n'a pas empêché les policiers de revenir à la charge à plusieurs reprises. Mais, la réponse du journaliste a été constante : “Je garde mes déclarations pour le magistrat.” À 18h30, à leur sortie du commissariat central, les deux journalistes de Liberté ont déclaré à la presse qu'ils “ne sont pas des criminels, mais des journalistes exerçant leurs fonction set que le juge d'instruction est la seule autorité habilitée à apprécier le caractère diffamatoire de leurs articles”. N. M.