L'Afrique a, pour la première fois de son histoire, passé le cap des huitièmes de finale. Un bien maigre lot de satisfaction, cependant. Sur les 6 équipes qui ont fait le déplacement dans le pays de Mandela, seul le Ghana a franchi ce premier tour. Afrique du Sud, Algérie, Cameroun, Côte d'Ivoire et Nigeria, à la trappe. Les 5 n'ont pas été en mesure de réaliser le rêve de millions d'amoureux africains du ballon. Et, beaucoup avaient pensé, cru même, que le rendez-vous sud-africain sera le bon. Le fait que le méga-spectacle du foot se tient en Afrique, devait, aux yeux des Africains, consacrer l'intégration du continent dans le football mondial, reconnaître l'apport de ses nombreux joueurs évoluant dans les championnats internationaux les plus réputés, et, cerise sur le gâteau, permettre à un de ses six représentants d'aller jusqu'au bout. Pourquoi ne pas arracher le trophée ! Nelson Mandela a pesé de tout son poids moral pour que le Mondial se déroule en terre africaine et le rêve aura été complet si un des six représentants du continent remportait le trophée au soir du 11 juillet. Ce serait assurément un formidable cadeau d'anniversaire à “Madiba” nom tribal et affectueux de Nelson Rolihlahla Mandela, qui fêtera ses 92 ans une semaine plus tard. Certes, la participation africaine à cette grande fête du football n'a pas été folklorique comme dans le passé, quand des équipes se faisaient étriller sur le terrain. Mais en dépit des talentueux joueurs dont regorge le continent, ses représentants n'ont pas été à la hauteur des espoirs de dizaines de millions de leurs fans. Que d'occasions manquées. Les Lions indomptables (Cameroun), les Super Eagles (Nigeria), les Bafanas-Bafanas (Afrique du Sud), les Fennecs (Algérie) et les Eléphants d'Afrique (Côte d'Ivoire), n'ont pas convaincu, même s'ils ont offert des moments de partie d'assez bonne facture, à l'image des saillies des sélectionnés de Saâdane contre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Ce n'était pas rien mais insuffisant. Seuls les Black Stars du Ghana auront donc réussi le tour de force d'empocher un gain au premier tour de la compétition. Avec la victoire de ce petit pays, pas du tout riche mais exemplaire pour la stabilité de ses institutions, face à la Serbie : deux nuls, trois défaites, le moins que l'on puisse dire est que le bilan est négatif pour les formations africaines. Pris individuellement, les représentants de l'Afrique n'ont pas montré un beau visage. Passe encore que le Nigeria se soit incliné devant l'Argentine qui fait partie des supers favoris de ce Mondial, mais les Africains n'ont pas joué au même rythme durant les 90 mn et c'est l'absence de pression sur leurs adversaires qui leur a fait défaut et qui a donné à voir des parties sans sel, pas du tout enthousiasmantes pour un Mondial. On peut même dire que les Africains ont joué avec nonchalance. Ils ont joué tous la prudence et, visiblement, c'était le mauvais choix. Des jeux timorés dans un monde d'offensives dans tous les domaines. C'est déplorable et il y a franchement de quoi s'inquiéter. Les jeunes pousses des Lions indomptables, des Super Eagles, des Bafanas-Bafanas, des Fennecs et des Eléphants d'Afrique, ne se sont pas montrées mordantes. En réalité, dès leur premier pas, on a eu la sensation que les équipes africaines ne sont pas encore solidement préparées pour les joutes de niveau international. Il y a encore trop de confusions, un manque de confiance et pas suffisamment de rigueur avec, en sus, des passes imprécises, des relances sans buts. Bref, un jeu défensif avec des poussées offensives qui n'ont conduit nulle part. Pas de stratégie ? Bien que ces joueurs soient pétris de talent, il leur manque ce que les Anglais appellent le “fighting spirit”, qui signifie faire preuve de combativité ou encore lutter contre l'adversité quoiqu'il arrive, et surtout ne pas baisser les bras. Et ce manque de rigueur chez les footballeurs africains ne serait-il pas le reflet de la politique en Afrique ? Le football africain est à l'image des Etats africains, des joueurs de classe mondiale noyés dans des collectifs mous et des schémas tactiques importés. Là où il fallait sortir le foot africain, le beau foot de quartier, qui allie le spectaculaire génie individuel à l'harmonie des offensives collectives et savoureuses, les sélectionneurs ont préféré faire confiance à l'alchimie du football scientifique, aux combinaisons mathématiques. Même le seul coach national des représentants de l'Afrique, Rabah Saâdane, a succombé à ce type de foot. Ses cinq collègues sont tous étrangers. Oui, on a tendance à l'oublier, la spécificité du football africain a été une réalité. Avec son aspect individuel, total et offensif, le foot du continent a été un régal pour les yeux lorsqu'il a été découvert dans les années 1980 par le monde entier. Mais la loi du plus fort… La Fifa a tout fait pour le dompter et le rendre aseptique, sous couvert de mondialisation. Au final, l'Afrique a payé un lourd tribut dans ce Mondial, avec la seule victoire du Ghana contre la Serbie, en douze matches, et seulement 4 buts marqués. Aux erreurs footballistiques, des gestes d'emportements ont fait légion, à l'image du milieu nigérian Kaïta, qui aura eu l'exploit d'attaquer un joueur grec en dehors du terrain alors que le match était arrêté. Autre incident en Afrique du Sud : Rafik Saïfi, 35 ans, sélectionné des Verts, ancien joueur du MCA d'Alger et du club français Lorient, a giflé Asma Halimi, une journaliste algérienne. Au prétexte que cette rédactrice en chef de Compétition a dévoilé la nationalité française du joueur ! Celle-ci, pourtant, n'a fait que reproduire ses propos tels qu'il les avait tenus dans un journal qatari. Saïfi a nié les faits.