La légende du football japonais Hidetoshi Nakata a trouvé son successeur : l'attaquant des Samouraïs bleus, Keisuke Honda, a déjà fait aussi bien que son devancier, en les menant en 8e de finale du Mondial-2010, où ils affronteront le Paraguay demain. Àgé de 33 ans et reconverti dans les affaires, Nakata a conduit le Japon à ses trois premières phases finales (1998, 2002 et 2006), y disputant les dix matches des Samouraïs bleus, pour atteindre les 8e lors du tournoi disputé à domicile. Il n'aura fallu que trois matches au joueur du CSKA Moscou pour présenter le même bilan. Voire mieux. Nakata, qui a grandement contribué au respect gagné par le Japon sur la scène internationale, n'avait jamais remporté le moindre match de Mondial en terre étrangère. Alors qu'il compte vingt sélections, Honda en est à deux. Dans un groupe réputé difficile, il a marqué le but de la victoire contre le Cameroun (1-0) puis livré une performance de très haut niveau ponctuée d'un coup franc splendide contre le Danemark (3-1). Milieu axial ou ailier gauche en club mais aligné en pointe par son sélectionneur Takeshi Okada, le joueur en veut plus: “Je suis heureux. Mais pas autant que ce que j'imaginais. Nous voulons aller plus loin et disputer le premier quart de l'histoire du Japon”. Pourtant, les fées s'étaient penchées avec moins d'attention sur son berceau que sur celui de Nakata, très tôt considéré comme un prodige. Honda qui a fêté ses 24 ans la veille de ses débuts dans le Mondial, a dû lutter. Ecarté du centre de formation du Gamba Osaka, son passage au Nagoya Grampus Eight ne lui offre pas mieux qu'un transfert en 2008 au VVV-Venlo, où il va se faire un nom dans la grisaille de la 2e division néerlandaise, gagnant enfin sa première sélection à 22 ans. Les clubs français et allemands qui refusent sa candidature à l'été 2009 en seront pour leurs frais. Le CSKA Moscou ne s'en plaindra pas. Le 16 mars, sur le terrain du FC Séville, il marque (déjà sur coup franc) le but de la victoire (2-1) qui envoie les Russes en quarts de finale de Ligue des champions, un niveau où aucun Japonais n'est jamais apparu. Dans sa carrière, Nakata a dû se contenter de deux apparitions (sans but) avec Parme dans la plus prestigieuse des compétitions de club. Si Honda devait mener le Japon au premier quart de son histoire, les maillots bleus frappés du nom de Nakata, en net déclin parmi les supporteurs, seront définitivement bons pour le musée du football du quartier tokyoïte de Ueno.