Il n'y a pas plus frustrant pour un travailleur qui se lève aux aurores tous les matins que Dieu fait, sans pouvoir pour autant subvenir aux besoins les plus élémentaires de sa famille. Aujourd'hui, avoir un travail ne met pas nécessairement à l'abri. Impossible de se permettre le moindre petit extra. Comment espérer le Ramadhan en toute sérénité et relative aisance alimentaire. Le temps de toutes les frustrations Cette situation est rendue d'autant plus pénible en raison de l'incapacité, voire manque de volonté, des différentes structures de l'Etat dans leurs rôles de régulateur d'un marché des biens à la consommation, complètement déstructuré. L'on est passé d'une longue période de pénuries en tout genre à une situation d'abondance. Mais, quand il n'y avait rien, quasiment tout le monde était logé à la même enseigne. Aujourd'hui, alors que tout est disponible, le travailleur est frustré de ne rien pouvoir s'offrir. Il est mis à rude épreuve par le pouvoir d'achat. Ce n'est pas avec sa maigre solde, fusse-t-il cadre salarié, qu'il arrivera à boucler ses fins de mois. Et que dire d'un smicard ou d'un sans-emploi ? Dindon farci Pendant ce temps, l'Etat, déficient, en situation de non-assistance à population en danger, observe, contemple, mais n'arrive toujours pas à trouver la riposte. En même temps, de pseudos commerçants insatiables amassent des fortunes mal acquises sur le dos des citoyens. Et en attendant, le dindon de la farce que nous sommes espère… mais le miracle tarde à se réaliser. Le miracle, l'Etat tente de le réaliser à l'approche de chaque période de Ramadhan. La politique de l'éphémère pour un Etat éphémère… qui dure. En effet, comme chaque année, des décisions, des mesures, de grandes sentences sont dites pour permettre à l'Algérien de remplir son ventre sans se faire trop déplumer ! La force de l'Etat sera là pour veiller au grain ! Mais, en général, ça ne dure pas plus qu'une semaine et ça ne se passe que là où peut voir “Ahmed” comme le veut le populaire adage ! Dans les grandes artères, notamment de la capitale, comme si Alger était l'Algérie ! En un mot, l'Etat va encore cette année bricoler. C'est le Ramadhan… faut bien s'occuper un peu ! À croire que l'année en Algérie ne compte qu'un seul mois, pour décider de nouvelles mesures de régulation du marché. À croire également que l'année ne se résume qu'à onze mois, tellement les jeûneurs sont frappés par une profonde léthargie qui veut que tout ce qui pourrait être fait aujourd'hui soit reporté à demain. Mais pour le Ramadhan, demain, c'est pour après l'Aïd ! Tout un mois de non-activité ! Pour le Ramadhan, cuvée 2010, l'Etat a promis d'inonder le marché de viandes d'importation. Pas moins de 10 000 tonnes en chair et en os viendront se déferler sur nos assiettes ! Ça était annoncé tambour battant. La communication a bien marché donc ! Mais, est-ce que tout le reste de l'année, rien n'est entrepris, ou est-ce qu'en dehors des opérations “spécial Ramadhan”, l'on ne juge pas opportun de communiquer ? That is the question ! L'agriculture a la patate ! Par contre, honnêteté intellectuelle oblige, le secteur de l'agriculture, quant à lui, occupe aussi bien le terrain, dans le sens réel, c'est-à-dire les terres agricoles, et celui de la communication en distillant régulièrement des notions de vulgarisation à l'adresse des professionnels et des médias. Mais, son rôle consiste seulement à mettre sur le marché tous les produits agricoles frais, avant de passer le témoin à un autre secteur... celui chargé de leur commercialisation. Et c'est à ce niveau précis que tout se dérègle. Gageons que les quelques milliers de contrôleurs supplémentaires vont trouver la faille sur le terrain escarpé du marché algérien, ou alors que le tout nouveau locataire du secteur trouve la clé du miracle. À défaut d'une bonne chorba “fric”. L'espoir, lui… fait vivre ! R. L. [email protected]