Les étudiants ne décolèrent point et “sont décidés plus que jamais à avoir gain de cause”. Le directeur de l'école s'est tourné, de son côté, vers les parents des grévistes et les enseignants ont lancé une pétition en vue de soutenir leur premier responsable. La grève des étudiants de l'Ecole nationale supérieure vétérinaire se poursuit. Le mouvement entame depuis quelques jours son deuxième mois et aucun compromis ne laisse entrevoir un quelconque dégel. C'est le pourrissement. Les deux parties campent sur leurs positions et l'intervention du ministère de l'Enseignement supérieur n'a pu faire revenir les étudiants à de meilleurs sentiments envers le premier responsable de l'école. Les étudiants, en grève depuis le 23 mai dernier, posent le départ du directeur comme un préalable à la reprise des cours. “Les étudiants sont plus que jamais déterminés à avoir gain de cause”, est la réplique des grévistes à leur administration qui, ne sachant plus quoi faire pour les inciter à mettre fin au débrayage, s'est tournée vers les parents des étudiants. Des télégrammes leur ont été envoyés le 22 juin dernier pour se présenter “en toute urgence à l'école le 24 juin au sujet de votre enfant gréviste. Risques : conseil de discipline, exclusion et poursuites pénales”. Le fait de s'en remettre aux parents a finalement mis le feu aux poudres, d'autant plus que les rares parents ayant répondu à la convocation étaient étonnés d'être interpellés pour un enfant majeur. Toujours est-il que les parents n'ont finalement pas pris “leurs gosses” par la main en vue de les contraindre à reprendre leurs études. Le directeur de l'ENSV est aux abonnés absents et les enseignants qui ne peuvent rien faire pour convaincre leurs étudiants à finir l'année universitaire, ont lancé une pétition en vue de soutenir le premier responsable de l'école. “Nous, enseignants et travailleurs (119 signataires sur 175, pétition signée le 3 juin 2010), avons assuré notre directeur de notre soutien total, et nous le lui réitérons ici avec notre refus énergique de l'éventualité de son départ”. Les signataires expliquent cette prise de position en faveur du premier responsable par diverses raisons. Ils citent principalement “l'opiniâtreté et l'abnégation dont a fait preuve notre directeur depuis sa nomination à la tête de l'école, pour la relever, la stabiliser et en conforter l'encadrement pédagogique et administratif”. Aux dires des partisans du directeur, ce dernier a pu introduire plusieurs nouveautés qui ont permis d'élever l'établissement à un rang que beaucoup d'autres écoles lui envient. Ils citent, notamment, la bonne organisation de l'enseignement gradué, la création et le développement des laboratoires de recherche, l'ouverture d'une bibliothèque et l'organisation de manifestations scientifiques internationales. Entre des étudiants jusqu'au-boutistes et un directeur effacé mais largement défendu par les enseignants et les travailleurs, on se demande où va cette grève qui n'a que trop duré, d'autant que quelques semaines seulement nous séparent de la clôture de l'année universitaire.