Les étudiants de l'Ecole nationale supérieure vétérinaire (ENSV) ne décolèrent toujours pas. La grève illimitée qu'ils ont lancée depuis le 22 mai 2010 continue à paralyser les activités de l'école à El Harrach et dans son annexe. Sur les lieux, plus de 700 étudiants font un piquet de grève à l'intérieur de l'école en entamant la troisième semaine de la protestation. En colère contre le directeur de leur établissement, les étudiants de l'ENSV ont décidé de ne plus regagner leurs cours tant que ce dernier est maintenu à son poste. Plusieurs affiches placardées sur les murs de l'école et ses portes témoignent d'ailleurs de cette exaspération qui s'est emparée des étudiants de l'ENSV. Ces derniers qui réclament depuis plus de deux semaines le départ du directeur de l'établissement en interpellent fortement la tutelle ministérielle pour l'envoi immédiat d'une commission d'enquête, commencent visiblement à recueillir les fruits de leur lutte. Et pour cause, ladite commission a déclenché à partir de jeudi dernier une enquête pour tirer au clair la gestion catastrophique de l'école décrite et dénoncée à maintes reprises par l'ensemble des étudiants grévistes. Pour ce faire, la commission ministérielle a commencé par convoquer samedi dernier 7 enseignants de l'ENSV pour les interroger sur les problèmes qui minent le fonctionnement de ce fleuron de l'université algérienne. Mais cela ne rassure pas pour autant les étudiants protestataires qui estiment que le département de Harraoubia ne peut plus passer sous silence les pratiques scandaleuses de la direction de leur école. En effet, de l'exclusion des triplants qui devaient être réorientés vers l'université à l'absence de séances de consultation des copies en passant par l'inexistence de corrigés types, l'absence d'objectivité dans certains examens, l'absence de rachat, même avec des notes de 9,6/20, sans oublier la surcharge des programmes et l'insuffisance de travaux pratiques, les étudiants de l'ENSV subissent, ces dernières années, un environnement pédagogique des plus défavorables. Enseignants et étudiants constatent aussi que le niveau d'enseignement ne cesse de se dégrader par rapport aux instituts voisins, du fait que les cours sont prodigués par des enseignants très peu qualifiés, martèlent-ils en chœur. Ils en veulent pour preuve le taux d'échec impressionnant qui frôle dans certaines spécialités les 50% ! A titre d'exemple, dans une promotion de cinquième année de 350 étudiants, seulement 160 ont pu soutenir. Les notes éliminatoires délivrées «généreusement» par certains enseignants ont fini par porter préjudice à beaucoup d'étudiants en fin d'études. «Plus rien ne va dans notre école. C'est pour cela que nous sommes en grève. Notre directeur préfère toujours faire recours à l'usage de la menace et de la peur au lieu de s'occuper des problèmes sérieux tels que l'inexistence d'espaces de regroupements scientifiques et l'absence de sanitaires et de douches. Notre direction n'excelle que dans l'exclusion systématique de plusieurs étudiants. Poursuite en justice d'autres qui défendent leurs droits et réclament du changement», confient de nombreux étudiants de l'ENSV que nous avons rencontrés hier. Animés par une colère inextinguible, ces derniers semblent déterminés à mener leur combat jusqu'au bout. Sans le départ du directeur actuel de l'école, les cours ne reprendront pas. L'avertissement est sérieux et la situation risque de pourrir davantage dans les jours à venir. A. S.