Photo : S. Zoheir Par Wafia Sifouane Un an après la tenue de la seconde édition du Festival culturel panafricain, les deux réalisateurs algériens Chergui Kherroubi et Salem Brahimi ont dévoilé leur œuvre cinématographique, un documentaire consacré au Panaf 2009 tout comme l'avait fait avant eux le réalisateur William Klein en 1969. C'est à la salle Ibn Zeidoun et en présence de la ministre de la Culture et de la star d'Hollywood l'acteur Danny Glover que le documentaire a été projeté dans une ambiance très intime. Le documentaire s'amorce avec des images du retour de William Klein à Alger pour assister à la projection de son film qui date de quarante ans. Des images retracent l'ouverture du festival, le défilé de la parade à Alger et le grand feu d'artifice ayant illuminé le ciel algérien un certain 4 juillet 2009… Que d'émotion ! Les images se succèdent sur grand écran, titillant la mémoire du public, certains se reconnaissent même ! Les Algériens sortis en masse ce jour-là prouvent qu'ils étaient bien de la partie, prêts à accueillir un événement d'une telle envergure et à renouer avec son africanité souvent oubliée. Les réalisateurs feront également le parallèle entre les deux éditions du Panaf et cela en glissant des images d'archives du 1er Festival panafricain, les nostalgiques se sont réjouis. Le documentaire se poursuit avec des déclarations de plusieurs invités du festival qui se sont exprimés autour de trois thèmes importants. L'Afrique et le monde, l'Afrique vue par elle-même et l'Algérie qui accueille le Festival panafricain 40 ans après. Parmi les intervenants, l'ex-ministre de la Culture du Mali, Mme Aminata Traoré, qui a souligné encore une fois l'échec des indépendances africaines et l'omniprésence du colonisateur qui revient avec un nouveau genre d'armes… plus redoutables. Elle déclarera également que la solution est entre les mains des Africains et que c'est à eux de se prendre en main pour une nouvelle révolution. L'acteur Danny Glover greffera son opinion sur celle d'Aminata tout en soulignant que la révolution doit se faire culturellement avant tout. La réalisatrice Jihan El Tahri se penchera sur le problème de l'identité africaine tout en refusant l'idée des conflits linguistiques. Pour sa part, le cinéaste Abderrahmane Sissoko déclarera que les indépendances de l'Afrique ont été subies, tout en soulignant la difficulté de se reconstruire, dont souffre l'Afrique. Le côté sombre et inavoué de l'Afrique «humiliée» a été clairement dit par les intervenants qui croient que la force réside dans l'union. Le documentaire se poursuivra avec des images des troupes invitées du Panaf 2009 à la résidence d'artistes, une résidence qui, le temps d'un festival, a montré de quoi l'Afrique est capable par ses richesses culturelles. Des ruelles d'Alger et de ses monuments en passant par la Casbah et les quartiers populaires, le documentaire montre au public la vie quotidienne des Algérois… une vie qu'on a volée à la population durant dix ans à cause d'un fléau nommé terrorisme. Mais cette période là semble bien résolue, surtout aux yeux de la ministre de la Culture qui déclare que «le Festival panafricain est venu pour parachever la lutte antiterroriste. La nuit a été volée aux Algériens et le Panaf leur a rendu leurs soirées». Le documentaire prend fin avec une belle image de partage, celle du guitariste Lotfi Attar en jam session privée avec une troupe africaine.