L'industrie pharmaceutique : produire algérien est-il possible ? C'était le thème, hier, d'une conférence de presse animée par le président du Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP). Globalement, soutient M. Abdelkrim Djabbar, la situation est favorable au développement de ce segment de l'industrie nationale, surtout après la décision prise par le Chef du gouvernement d'interdire l'importation de médicaments fabriqués localement. L'impact de cette mesure a permis de faire passer la production locale de 28% à 38% en 2009 et il est attendu que cette hausse atteigne les 50% durant l'année en cours, selon le ministère de la Santé. Seulement, de nombreux obstacles freinent considérablement cet élan. À commencer par le non-remboursement des médicaments locaux par la Sécurité sociale, contrairement à ceux importés. “Le déremboursement de la production locale, dans sa phase de balbutiement, a été ressenti, que ce soit par Saidal ou par les autres laboratoires de la production locale, comme des coups fatals qui ont constitué un frein à l'évolution de la production locale tout en donnant l'occasion à l'importation des produits finis de s'épanouir totalement dans notre pays”, peut-on lire dans le texte préliminaire du syndicat. Les laboratoires locaux revendiquent le droit de débattre de la question avec les experts qui ont décidé de désembourber leur produit. S'agissant du tarif de référence, le Saip pense que c'est un mécanisme qui peut avantager la production nationale sur l'importation, si ce système n'est appliqué que pour les importateurs. À défaut, ce syndicat réclame l'actualisation des tarifs de référence en fonction des augmentations des matières premières et articles de conditionnement. L'autre contrainte relevée est matérialisée par la lettre de crédit. “Nous payons actuellement la marchandise à 110%, car la banque prend une marge de garantie en fonction de la fluctuation du marché des devises et nous attendons entre 3 et 4 mois et demi pour avoir la marchandise. Par le passé, le fabricant travaillait avec l'argent du fournisseur. Aujourd'hui, c'est le fournisseur qui travaille avec l'argent du fabriquant du médicament”, explique le président du Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique, qui pense que l'instruction de M. Ouyahia portant interdiction d'importation de médicaments produits localement est “salutaire, mais doit être adaptée”. Dans ce sens, il indique que le système de régulation mis en place “n'est pas filtré à 100%” puisque des importateurs continuent de bénéficier de dérogations pour ramener des médicaments fabriqués pourtant dans le pays. Le Saip compte remettre une sorte de charte du fabricant local aux pouvoirs publics dans laquelle il recommande la réactivation de la réunion du comité ad hoc, une fois par trimestre, consacrée exclusivement à l'étude de la liste complémentaire des médicaments fabriqués localement, et la mise en place d'un couloir vert, de façon à donner aux fabricants locaux la priorité dans l'enregistrement des médicaments, mesure devant être accompagnée d'une procédure facilitant la substitution d'un produit importé par le médicament local. Le SAIP demande aussi à ce que les délais d'enregistrement baissent de 4 à 1 mois. Ce syndicat regrette, en outre, de ne pas être associé au débat sur le statut de producteur national et au travail effectué autour de la révision de la nomenclature du médicament. “Notre absence de ces discussions peut créer des différends et des conflits de compréhension et de gestion”, considère M. Djabbar.