beaucoup d'argent frais pour le secteur de la santé. Pas moins de 619 milliards de dinars seront mobilisés dans le cadre du quinquennat pour construire des centaines de nouvelles structures sanitaires. Entre complexes spécialisés, hôpitaux, polycliniques, salles de soins et écoles de formation paramédicale, la santé se verra enfin dotée d'un surplus d'édifices de santé, à même de combler un déficit criant. Quantitativement, l'on pourra dire que la santé se portera bien ! Mais, un hôpital, c'est loin d'être le fait d'une simple vaste bâtisse, aussi moderne soit-elle. Il existe bien des hôpitaux de campagne, dotés d'une simple tente et d'un matériel rudimentaire, dont les soins apportés n'ont rien à envier à n'importe quel autre super centre hospitalier. Aucune structure, ni équipement ou matériel ultra sophistiqué ne remplacera l'élément humain et les compétences humaines indispensables à l'humanisation dont a tant besoin tout hôpital digne de ce nom ! de patients à impatients… Les 619 milliards de dinars à eux seuls ne suffiront jamais à guérir le système de santé algérien du profond mal qui le ronge ! Un hôpital n'a de vertu que par la qualité de ses soins. De ses effectifs. Du préposé à l'accueil jusqu'au professeur en médecine, en passant par les nombreux professionnels médicaux et paramédicaux. Un hôpital, c'est comme une ville dans la ville, avec de surcroît, une population interne aux obligations multiples et une population externe vulnérable. Un capharnaüm, où compétences, humanisation et motivation doivent se conjuguer à tous les temps pour venir à bout de patients… pouvant vite devenir impatients ! Compétence, humanisation et motivation, avions-nous dit ? Oui, mais comment acquérir des compétences quand la formation des médecins n'est plus ce qu'elle fut… et que la médecine soit devenue une fonction comme une autre, sans authentique vocation, préalable avéré au sens de l'humanisation, un autre sentiment fondamental à l'exercice de cette noble activité. Quant à la motivation, il faut reconnaître qu'il est plutôt difficile de nos jours, de motiver un professionnel du secteur de la santé. Et les raisons sont multiples. Situation socioprofessionnelle des plus précaires, salaires indécents, conditions de travail copiées des séries télévisées de “Kholanta” et quand ils crient leur colère, ils ont droit, en guise de réponse, à la matraque brandie par des services de police. Procédé adopté comme unique moyen de communication. C'est d'ailleurs le même langage que le gouvernement s'évertue à utiliser dans tous les cas de débrayage, tous secteurs confondus. Pourtant les grèves sont supposées être légales dans la législation algérienne. Visa pour un petit bobo ! À deux Algérie, deux lois ! Les Algériens ne sont pas tous égaux devant la loi ! Tout comme, ils ne le sont pas devant le droit à la santé. Pour le moindre petit bobo, des responsables et leurs proches partent se faire soigner à l'étranger sur le compte du contribuable. Pourtant, la Commission nationale des transferts de malades à l'étranger (CNT) a décidé de n'accorder son visa qu'aux seuls cas “exceptionnels” conformément au calendrier proposé par Amar Tou et Tayeb Louh, les deux ministres à l'origine de cette réforme. Les transferts pour des soins à l'étranger ont été réduits en 2007 et en 2008, pour être définitivement arrêtés en 2009. Si notre médecine est si performante, pourquoi s'obstine-t-on à se faire traiter en Occident ? Et si au contraire, notre santé est si malade, pourquoi alors garder les portes de nos hôpitaux grandes ouvertes ! Nous ne sommes quand même pas des cobayes ! Qu'on ait le courage et l'honnêteté de l'admettre et qu'on arrête de former des universitaires, de construire des structures, d'importer des équipements et matériels coûteux en devises sonnantes et trébuchantes… ainsi, les 619 milliards de dinars serviront juste à envoyer les “malades'” se faire soigner ailleurs, le temps d'un quinquennat, après, comme pour toute politique de l'éphémère, on avisera ! Mais, comme il n'y aura certainement pas assez de sous pour envoyer tout le monde à l'étranger pour des soins, on définira des critères d'éligibilité. Vous allez voir que même parmi les nombreux pontes du pays, ça va se crêper le chignon ! Y a du pain sur la planche ! Pour être un tantinet plus sérieux, il va peut-être falloir compter sur soi, rétrécir ses manches et se mettre sérieusement au travail. Il y a du pain sur la planche ! Mais, l'exemple doit être donné d'en haut ! Que nos dirigeants daignent faire confiance au médecin algérien en le dotant, et de l'outil de travail, et des conditions dignes de son rang. Un rang dévolu à un Algérien universitaire, formé, cadre de la nation, qui a choisi de rester chez lui, au service des siens, jaloux du devenir de son pays ! Une fois seulement cette notion rétablie, le secteur de la santé saura faire bon usage de cette nouvelle manne financière. Un hôpital, ce n'est pas que des blouses blanches. En termes de gestion, c'est une méga-industrie ! La notion de gestion y revêt tout son sens. À la tête d'un centre hospitalier, notamment, le directeur général, premier administrateur de l'établissement, se doit de maîtriser toutes les techniques managériales, les moyens et les ressources humaines, à la fois. Pour se faire, il est secondé par tout un staff de gestionnaires, dont la qualité première est d'anticiper sur les potentiels besoins de fonctionnement. Or, à se rendre compte sur place, la réalité est tout autre. Il manque de tout ! À l'exemple des systèmes d'exploration radiologique, presque tous, sont constamment en panne. Et bizarrement, les patients sont invités à se présenter à des cliniques privées, qui se frottent les mains à chaque fois que le scanner, l'échographe ou l'IRM de l'hôpital sont à l'arrêt. Le drame, c'est que souvent, le malade retrouve dans la clinique privée les mêmes agents ou spécialistes qu'il n'a pu voir à l'hôpital. Finalement, qu'est-ce qui est réellement en panne, le système ou le matériel ? Faut faire le bon diagnostic ! Sinon, c'est l'hôpital qui se moque de la charité ! [email protected] R. L.