Pas moins de 30 avocats ont été appelés à défendre les accusés, dont certains ont nié toute implication dans les manifestations. Le procès en appel des 18 jeunes émeutiers, condamnés à des peines de deux à huit ans de prison ferme pour avoir porté atteinte à l'emblème national et pour avoir brandi le drapeau français ainsi que pour attroupement illicite et destruction des biens publics dans le quartier populaire de Sidi Salem (Annaba), s'est ouvert, hier en début d'après-midi, devant la cour de justice de Annaba. Une foule nombreuse, constituée essentiellement des familles des personnes accusées, était présente à l'audience, dès l'ouverture du palais de justice, alors qu'un imposant dispositif de sécurité était mis en place à l'intérieur et autour de l'édifice, en raison de la tension palpable qui caractérise ce procès. À noter que cette fois, pas moins de 30 avocats ont été appelés à défendre les accusés, dont certains ont nié toute implication dans les manifestations et accusent les services de sécurité de les avoir appréhendés alors qu'ils étaient loin des lieux où les violences ont eu lieu. Il en est même qui affirment que le drapeau algérien a été effectivement brandi mais qu'il n'a jamais été souillé et encore moins brûlé par les manifestants, bien que des documents vidéo aient été remis au ministère public par les enquêteurs. Les versions diffèrent aussi sur la culpabilité des jeunes excités qui auraient fait flotter le drapeau français à travers les rues de Sidi Salem. C'est d'ailleurs à ce propos que les familles de moudjahidine et les enfants de chouhada de la localité ont tenu à défendre l'honorabilité de leurs concitoyens en affirmant à leur tour que les symboles de la nation ne seront jamais touchés par qui que ce soit, à Sidi Salem ou ailleurs. On signale que les commerçants du quartier ont baissé rideau pendant deux heures, hier, en signe de solidarité avec les émeutiers condamnés et pour demander la clémence du tribunal à leur encontre. Il y a lieu de rappeler que les 18 émeutiers présentés devant la cour d'appel, hier, avaient été condamnés le 7 juillet dernier à des peines allant de 2 à 8 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million de DA pour chacun d'entre eux. Considérés comme ayant été les principaux meneurs du mouvement qui a embrasé la cité côtière de Sidi Salem (daïra d'El-Bouni), 6 d'entre les émeutiers ont ainsi écopé d'une peine de 8 ans de prison ferme, alors que 5 autres ont été condamnés à 6 ans de prison ferme. Le reste des jeunes arrêtés au lendemain des manifestations avait bénéficié, semble-t-il, de circonstances atténuantes et il a été finalement retenu 5 années de prison ferme à l'encontre de 4 d'entre eux, et 2 ans de prison ferme à l'encontre des trois autres. Le procureur avait requis, indiquons-le, des peines allant de 5 à 10 ans de prison ferme contre les manifestants arrêtés lors des émeutes qui ont paralysé, trois jours durant, la localité de Sidi Salem, l'isolant malgré le grand renfort de forces de sécurité. Ceux d'entre eux qui avaient écopé des peines les plus sévères, au nombre de 8, ont même observé une grève de la faim juste après leur incarcération au centre pénitentiaire d'El-Allelick en signe de protestation. Un mouvement de grève qui a duré 3 jours et qui a amené les autorités judiciaires à réagir en désignant une commission composée de représentants de la cour de justice de Annaba et de la direction dudit centre pénitentiaire pour prendre en charge les doléances des condamnés et amener ces derniers à interrompre leur grève de la faim. Ces événements remontent au 19 juin dernier, lors d'une manifestation de revendication de logements sociaux provoquée par les habitants du bidonville “La SAS” implanté en périphérie de Sidi Salem. Les jeunes, qui avaient pris part au mouvement, s'étaient alors transformés en émeutiers et avaient détruit totalement l'antenne de l'APC et certains édifices publics. Ils avaient tenté également de s'attaquer au siège de la Sûreté urbaine allant jusqu'à affronter au corps à corps avec les policiers. Devant l'aggravation de la situation et après que les émeutiers eurent entrepris de faire usage d'armes blanches et de cocktails Molotov contre les policiers qui étaient intervenus pour ramener l'ordre, le wali de Annaba avait alors décidé de réunir les délégués des habitants et certains notables de la cité pour leur demander d'appeler au calme les plus intraitables et faire le point avec eux.