Ouvert dimanche après-midi, le procès en appel des 18 émeutiers de Sidi Salem a été reporté à une “date ultérieure” par la cour de justice de Annaba. La décision du report a été prise par l'instance judiciaire à la demande du président du tribunal qui a exigé une instruction complémentaire du dossier portant sur l'atteinte à l'emblème national et la dégradation de biens publics et privés ainsi que l'outrage à corps constitué et troubles à l'ordre public. L'affaire implique plus d'une quarantaine de personnes, dont les 18 accusés, qui ont été toutes appréhendées au lendemain des violentes émeutes qui ont ébranlé la cité côtière de Sidi Salem en banlieue de Annaba, en juin dernier. Les émeutiers, condamnés en première instance, sont détenus actuellement à la maison d'arrêt de Bouzaâroura et continuent de clamer leur innocence, notamment en ce qui concerne l'atteinte à l'emblème national dont ils sont accusés suite à l'enquête des services de sécurité, lesquels auraient présenté au parquet d'El-Hadjar des documents vidéo les accablant. Les mis en cause ont également réfuté l'accusation selon laquelle ils auraient hissé le drapeau français au cours des manifestations en signe de défi envers les autorités locales. Estimant avoir été trop sévèrement sanctionnés pour des faits fictifs, certains d'entre eux ont déclaré, lors de leur présentation à l'audience du procès d'El-Hadjar, qu'ils n'ont même pas participé aux émeutes. Criant à la bavure policière, ils ont, rappelons-le, observé une grève de la faim de trois jours qu'ils n'ont suspendue qu'après avoir eu des assurances de la part des représentants du ministère de la Justice, qui leur avaient rendu visite en prison, que leur cas sera réétudié individuellement et dans le détail. Selon les déclarations de ceux-ci, des présumés émeutiers ont pu prouver qu'ils ne résident pas au sein de cette cité et qu'ils se trouvaient sur les lieux dans le cadre de leurs activités respectives uniquement. Malgré cela, le tribunal d'El- Hadjar, actionné en première instance dans l'affaire, le 7 juillet dernier, a condamné les accusés à des peines allant de 2 à 8 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million de DA chacun. Nous rapportions dans ces mêmes colonnes que les membres d'une commission interministérielle, qui avait été dépêchée à Annaba suite aux réclamations des familles des accusés, avaient assuré les émeutiers condamnés de l'ouverture prochaine d'une enquête approfondie sur les circonstances de ces manifestations et notamment sur les atteintes à l'ordre public et aux symboles de l'Etat, dont l'emblème national, qui aurait été piétiné par certains des émeutiers. Les négociateurs auraient également promis de faire toute la lumière sur les accusations dirigées à l'encontre de ceux d'entre les manifestants qui auraient brandi le drapeau français pendant les manifestations non-stop du 19 au 21 juin dernier. Promesse qui a apparemment été suivie d'effet, puisque la cour intervenant en appel a, elle aussi, demandé un complément d'instruction, dimanche soir, après une audition qui s'est prolongée jusqu'à minuit trente. Le procureur avait requis des peines allant de 5 à 10 ans de prison ferme contre les manifestants arrêtés. Ces émeutiers ont suivi une manifestation de revendication de logements sociaux provoquée au début par les habitants du bidonville “la SAS” implanté en périphérie de Sidi Salem pour se propager à tout le site avec les conséquences dramatiques que l'on sait.