La compagnie nationale Air Algérie s'est particulièrement distinguée cet été en battant tous les records de retards dans ses vols. Après les retards quotidiens, constatés durant les premiers jours de la vague d'arrivée des émigrés, on pensait que la compagnie allait rectifier le tir. Finalement, on a eu droit à une débandade qui n'honore ni Air Algérie ni encore moins l'image du pays. Il y a trois jours, le vol Moscou-Alger a connu un retard de 26 heures, sans que les responsables de la compagnie se sentent tenus de s'en expliquer ou de demander des excuses à leurs victimes. Ce dimanche, les voyageurs revenant de Tunis ont vécu un véritable calvaire. Deux vols, et pas seulement un, ont été reportés à 23h30. Le premier devait partir à 14h20, alors que le second était prévu à 18h20. Les gestionnaires de la compagnie nationale ont décidé de regrouper tout ce beau monde dans un seul avion qui n'a décollé finalement que vers minuit de l'aéroport de Carthage. Parmi ces passagers, beaucoup habitent en dehors d'Alger, certains étaient tenus par des rendez-vous professionnels, alors que d'autres avaient des vols de correspondance à prendre. La question qui revenait sur chaque langue : “Comment allons-nous faire pour rentrer chez nous, à une heure si tardive ?” Il aura fallu des heures de protestations des voyageurs devant le bureau de la compagnie pour que ses responsables daignent les faire rentrer vers 19h dans la salle d'embarquement et leur offrir quelque chose à manger, histoire de reprendre leurs esprits après une si longue journée d'attente. Mais là aussi, les choses se sont très mal passées. Les voyageurs ont dû attendre plus d'une heure pour être servis. Et, à ce moment-là, ce fut la ruée vers les chariots transportant la nourriture. Un spectacle affligeant et déshonorant, sous l'œil amusé des employés tunisiens. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les voyageurs ont du subir un véritable supplice en atterrissant à Alger. Les agents de la PAF travaillaient au ralenti, presque à l'arrêt. Plus d'une heure de file d'attente pour des voyageurs, dont beaucoup de femmes avec enfants qui pleuraient et criaient à tue-tête, sans que les officiers en civil, qui observaient le spectacle ne daignent renforcer les rares guichets ouverts. Après une heure d'attente devant les guichets, la tension est montée d'un cran et la situation a dégénéré. Le pire a été évité de justesse. Un jeune, excédé d'attendre l'agent de la PAF qui avait abandonné son guichet depuis un bon bout de temps, s'est mis à réclamer. Un officier en civil lui rétorque : “Vous n'avez qu'à passer sans le cachet du pafiste”, ce que fera le jeune, suivi d'une vingtaine de voyageurs dont beaucoup de femmes. La situation a vite dégénéré, et un douanier en civil s'est rué vers l'agent, le violentant devant tout le monde, provoquant un tollé général. Bizarrement, et au milieu de cette tension, le vol de Damas venait d'atterrir et là, comme par magie, des officiers en civil ont surgi d'on ne sait où pour récupérer, par dizaines, les passeports des “proches”, des trabendistes, et les faire passer, sans attendre, au vu et au su de tout le monde. Le supplice des voyageurs en provenance de Tunis prendra fin à 3h du matin, mais celui qu'Air Algérie promet comme programme estival pour ses clients ne fait que continuer.