Comment Zyriab a-t-il vécu ? Quel a été son apport à la musique universelle ? Comment réhabiliter notre patrimoine andalou et le rendre accessible ? Ce sont là quelques questions auxquelles Abdelkrim Sekkar tente de répondre dans son docu. Sur les pas de Zyriab, une série documentaire produite par l'EPTV et Organic Music London (producteur exécutif), sera diffusée sur la terrestre et sur Canal Algérie, durant le mois du Ramadhan. Avant-hier, une projection des meilleurs moments de ce nouveau programme a été organisée. Un best-off Zyriabiyate, qui donne l'eau à la bouche ! Articulé autour de treize épisodes d'une durée de trente minutes chacun, Sur les pas de Zyriab, conçu et réalisé par Abdelkrim Sekkar, s'intéresse à la figure de proue de la musique andalouse, Abu Al-Hassan Ali Ben Nafi alias Zyriab. Il est un des principaux fondateurs de cette musique. D'ailleurs, il y a introduit l'oud, en le modifiant car il a rajouté une cinquième corde, tout en développant le jeu au plectre. C'est grâce à Zyriab, qui a débarqué de Bagdad vers l'Occident musulman (Maghreb, Andalousie), que la musique andalouse a connu son millésime. Marchant sur les pas de Zyriab, recherchant sa trace et dialoguant tantôt avec lui à travers des lettres et des cartes postales qu'il lui adresse tout au long du voyage, Abdelkrim Sekkar revendique notre patrimoine arabo-andalous, sinon négligé, en tout cas à l'abandon. Le réalisateur, qui a sillonné plusieurs villes notamment Tarifa, Jerez, Valladolid, Madrid, Cordoue, Séville, Postdam, Amsterdam, Grenade, Tanger, Londres, Paris et Alger, nous propose de méditer le patrimoine andalou au présent, en montrant grand nombre d'artistes maghrébins et arabes de la diaspora, dont la musique, que certains classent dans le registre musiques du monde, a été largement influencée par l'Andalou. Dans son docu, Sekkar donne la parole à des artistes originaux et “qui ont la capacité de s'illustrer”, à l'exemple de Titi Robin, Mehdi Heddab, la grande diva irakienne, Farida Mohamed Ali, la star Cristina Hoyos, le directeur de la chorale Zyriab à Cordoue, la diva algérienne Beihdja Rahal, la sublime voix Akim El-Sikameya ou encore Mohamed El-Arbi El-Serghini. Pour donner plus de force à son documentaire, Abdelkrim Sekkar a fait intervenir des universitaires et chercheurs, notamment Saâdane Ben Babaâli (coauteur avec Beihdja Rahal de l'ouvrage “la Plume, la voix et le plectre”), Farouk Mardam Bey, directeur de la collection Sindbad chez Actes-Sud, ou encore Manuel Cortés, chercheuse. Outre les images inédites notamment celles filmées à l'intérieur du palais de l'Alhambra, Sur les pas de Zyriab nous montre surtout que Zyriab a fait des petits, des émules. La musique est partout si on veut bien tendre l'oreille, et Zyriab est dans chaque pierre que ce soit en Algérie, au Maghreb, en Espagne… Et dans le monde entier ! Avec passion et grande motivation, Abdelkrim Sekkar propose un voyage imaginaire en compagnie de Zyriab. Il a axé son travail sur l'image. À l'issue de la projection, Abdelkrim Sekkar a expliqué ses motivations quant à l'entreprise d'un tel projet. “L'idée me trottait dans la tête depuis six années parce que Zyriab est mon idole. C'est un personnage bon et qui avait en lui un brin de tristesse. J'ai commencé à tourner en 2008”, a-t-il confié. Le résultat est époustouflant !