Le football n'est pas une science exacte et la JSK aura confirmé de fort belle manière ce constat déjà bien établi par les spécialistes de la balle ronde. Face au prestigieux club égyptien constellé de vedettes et de joueurs internationaux qui constituent l'ossature presque complète des Pharaons d'Egypte, champions d'Afrique des nations pour la énième fois, les Canaris ont joué pratiquement sans complexe et ont imposé magistralement leur loi et, surtout, leur “insolence” juvénile. Comme aux plus belles heures de la JSK africaine, les camarades d'Aoudia ont réussi à se transcender le temps d'une belle soirée estivale et ramadhanesque pour faire plier l'ogre égyptien. En fait, le public kabyle, lui, avait déjà bien senti le coup et prédit le vent de la révolte puisqu'il s'est déplacé en masse au stade du 1er-Novembre pour porter aux nues son équipe fétiche et vivre une soirée tout simplement mémorable. Pour juguler cette foule des grands jours, les responsables de l'Opow de Tizi Ouzou ont ouvert les portes du stade dès 16 heures et, foot-passion oblige, ils étaient des milliers d'inconditionnels kabyles à envahir littéralement les tribunes du stade plusieurs heures avant le Maghreb et toute une éternité avant le coup d'envoi de la rencontre pour déployer des sandwichs de fortune et rompre le jeûne à même les gradins. Tout cela pour ne pas rater un show mémorable qui fera certainement date dans les annales déjà glorieuses du club kabyle. Et lorsque l'arbitre togolais, Djaope Kokou, siffla le coup d'envoi tant attendu, le stade du 1er-Novembre était plein à craquer, alors que des milliers de supporters acharnés étaient encore agglutinés aux abords du stade et ont dû se résigner à se rabattre sur les cafés du coin et les quelques écrans géants déployés aux quatre coins de la ville des Genêts pour vivre frénétiquement une soirée folle et vibrer aux prouesses techniques des vaillants Canaris. Sur papier, Al Ahly était super favori de la rencontre avec ses vedettes bien connues, telles que Gomaâ, Abou Trika, Barakat, Gedo, Ahmed Hassan et le capitaine des Pharaons, Ahmed Sayed. En face, la JSK respirait la force juvénile mais on craignait pour elle le manque d'expérience internationale, surtout qu'elle était handicapée par l'absence de trois joueurs titulaires. On savait que le nouveau libéro Rial était suspendu pour cumul de cartons alors que l'avant-centre nominal, Hamiti, était encore choqué par son terrible accident de la circulation de la semaine dernière. Et comme un malheur ne vient jamais seul, voilà qu'à la toute dernière minute, le gardien titulaire Asselah devait déclarer forfait en raison d'une angine carabinée. Du coup, on prépara à la hâte le jeune keeper Berrefane, alors que l'excellent libéro malien, Idrissa Coulibaly, retrouvait sa place dans l'axe et que l'ex-Oranais, Nessakh, avait été incorporé comme joker de l'équipe pour brouiller les cartes égyptiennes. Pratiquement dans un 4-4-2 classique avec un quatuor médian très entreprenant et complémentaire, l'incorporation de l'ex-Harrachi, Naïli, la confirmation de Tedjar, qui tape de plus en plus aux portes de l'équipe nationale, et l'expérience du capitaine Douicher, la JSK avait flanqué aux avant-postes deux fers de lance, Aoudia et Yahia-Chérif, qui ont énormément pesé sur la défense égyptienne et ont désarticulé à maintes reprises la citadelle cairote avec leurs raids dévastateurs et leur technique en mouvement. Du coup, le fameux Ahly s'est vu terriblement contrarié dans sa stratégie habituelle et sa maîtrise collective. Il est vrai que dans leur préparation d'avant-match, le coach suisse Alain Geiger et son précieux complice Kamel Bouhlel avaient réussi à décomplexer leurs poulains en leur rappelant que les vedettes d'Al-Ahly étaient quelque peu vieillissantes, car la plupart d'entre elles dépassaient aisément la trentaine, à l'image de Mohamed Barakat (34 ans), Mohamed Abou Trika (32 ans), Wael Gomaâ (35 ans) et autres Ahmed Hassan (35 ans). Du coup, les Canaris ont aussitôt mordu à pleines dents dans le match pour prendre carrément à la gorge l'épouvantail égyptien. “Nous avions convenu de marquer au plus vite pour faire douter l'adversaire et nous mettre, par là même, en confiance. Nous avions réussi à scorer au moment opportun et la suite des évènements a fini par nous donner raison”, dira après coup Geiger. “Personnellement, je savais que nous étions capables de réussir la passe de trois face à Al-Ahly. J'étais persuadé aussi qu'après l'ouverture du score, nous étions capables de préserver notre acquis et d'offrir une belle victoire à tout le football algérien car il ne faut pas oublier qu'il y avait là une grande bataille de prestige engagée comme d'habitude entre le football algérien et son homologue égyptien”, rétorquera de son côté l'autre technicien de la JSK, Bouhlel. En fait, tout était bien ficelé et cousu de fil blanc, sauf qu'au bout de l'exploit, le héros de la soirée n'était guère prévu au cocktail. On attendait à la finition, le baroudeur Tedjar, l'opportuniste Aoudia ou encore le fin technicien Yahia-Chérif, mais ce fut bien celui que l'on attendait le moins qui réussit à transpercer la muraille égyptienne et inscrire le précieux but de la victoire. En ballotage avec le nouveau défenseur Remache, le jeune défenseur Ziti avait été titularisé en dernière minute et il fit preuve d'un culot extraordinaire en jaillissant comme un diable au cœur de la défense cairote pour réceptionner un centre de Tedjar et fusiller sans aucune rémission le gardien Ikrami Sharif (26'). Dès lors, la victoire de la JSK ne faisait plus l'ombre d'un doute même si les Egyptiens jetèrent toutes leurs forces dans la bataille et faillirent même pourrir la fin de match après un but d'égalisation justement refusé pour hors-jeu par l'excellent arbitre togolais Djaopé, bien secondé par ses deux assistants Djoukouré et Ayena.