L'Iran va entamer la construction d'un troisième site d'enrichissement d'uranium au premier semestre 2011, a annoncé hier un haut responsable, en dépit d'une résolution de l'ONU sanctionnant cette activité. “Nous avons terminé la localisation des dix futurs sites d'enrichissement, et la construction d'un de ces sites commencera avant la fin de l'année (iranienne, le 20 mars 2011) ou au début de la prochaine année”, a dit le chef du programme nucléaire iranien, Ali Akbar Salehi, cité par la télévision d'Etat. Ce sera le troisième site d'enrichissement iranien après celui de Natanz (Centre), et celui de Fordoo, au sud de Téhéran, actuellement en construction. L'enrichissement d'uranium est l'aspect le plus controversé du programme nucléaire iranien controversé et le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 9 juin une nouvelle résolution assortie de sanctions économiques demandant spécifiquement à Téhéran de suspendre cette activité. Une partie de la communauté internationale redoute que l'Iran, en dépit de ses dénégations répétées, ne cherche à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil. L'Iran a rejeté cette résolution comme les précédentes et affirmé que les sanctions, renforcées ensuite par les Etats-Unis et l'Union européenne, ne l'empêcheraient pas de poursuivre son programme nucléaire. En mai, M. Salehi, chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), avait indiqué que son pays “étudiait différents endroits” pour un nouveau site. Selon les autorités, le nouveau site devrait avoir la même capacité que celui de Natanz. La seule usine d'enrichissement d'uranium actuellement en activité peut accueillir jusqu'à 50 000 centrifugeuses, mais n'en abrite pour l'instant que 8 582, selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), en mai. Natanz a déjà produit près de 2 500 kilos d'uranium enrichi à 3,5%, à raison d'une centaine de kilos par mois, selon ce rapport. Téhéran a également commencé, toujours à Natanz, d'enrichir de l'uranium à 20% en février, officiellement pour fabriquer du combustible nécessaire pour son réacteur de recherche médicale à Téhéran. Début juillet, l'Iran avait annoncé avoir déjà produit quelque 20 kilos de cet uranium hautement enrichi qui inquiète particulièrement les Occidentaux. Cette décision a été prise après l'échec, en 2009, des négociations entre l'Iran et les pays du groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) pour la fourniture par les grandes puissances de combustible enrichi à 20% en échange de 70% du stock d'uranium iranien faiblement enrichi. L'Iran et les pays du groupe de Vienne se sont déclarés prêts à reprendre les négociations sur un éventuel échange du combustible sous l'égide de l'AIEA. “Nous attendons toujours une réponse écrite et officielle” des grandes puissances, a précisé lundi M. Salehi. M. Salehi et d'autres dirigeants iraniens ont affirmé que Téhéran pourrait suspendre sa production d'uranium enrichi à 20% s'il obtenait le combustible qu'il réclame.