C'est ce qu'affirme le président du Parlement iranien dans une déclaration au lendemain de l'annonce de la construction de dix nouvelles usines d'enrichissement d'uranium. La question nucléaire peut encore être réglée par la voie diplomatique, a déclaré hier le président du Parlement iranien, Ali Larijani, en tentant de calmer le jeu au lendemain de l'annonce par l'Iran d'un projet de construction de dix nouveaux centres d'enrichissement d'uranium. «Je pense qu'il existe encore une opportunité diplomatique et il est dans leur intérêt (les Occidentaux) de l'utiliser», a déclaré M.Larijani en exhortant les Occidentaux à accepter le programme nucléaire iranien. «Une des options serait qu'ils acceptent que l'Iran développe sa technologie nucléaire sous la supervision de l'Aiea (Agence internationale de l'énergie atomique). S'ils ne l'acceptent pas, l'Iran devrait alors protéger ses capacités nucléaires», a indiqué M.Larijani estimant que l'Occident devait répondre à cette question. «Le Parlement iranien s'attend à ce que la voie diplomatique soit empruntée. Nous pensons que la voie diplomatique au niveau international n'est pas définitivement épuisée», a-t-il dit. «Ils peuvent l'utiliser et trouver une solution diplomatique. Mais ils (les Occidentaux) ne doivent pas chercher à tricher. Il n'est pas possible qu'ils disent parfois qu'ils veulent s'entendre avec l'Iran et qu'ensuite ils votent une résolution contre nous», a-t-il ajouté. La déclaration apaisante de M.Larijani intervient au lendemain de l'annonce du gouvernement iranien de la construction de dix nouvelles usines d'enrichissement d'uranium pour produire de l'uranium enrichi à 20%. Vendredi le Conseil des gouverneurs de l'Aiea avait adopté une résolution condamnant Téhéran pour son programme nucléaire controversé et demandant à l'Iran de fermer son nouveau centre d'enrichissement d'uranium de Fordo, près de Qom (centre) dont l'existence a été révélée en septembre. L'annonce iranienne de la construction de dix sites a suscité de nouvelles inquiétudes dans la communauté internationale. Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (Oiea), Ali Akbar Salehi, a indiqué que cette décision était «une réponse ferme à la mesure scandaleuse du 5+1 (six grandes puissances) lors de la dernière réunion de l'Aiea». Depuis le début de la crise, les Etats-Unis et Israël n'ont pas écarté la possibilité d'une action militaire contre Téhéran. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a jugé «très dangereux» que l'Iran «s'entête à ignorer les demandes» de l'Aiea en décidant de construire de nouvelles usines d'enrichissement d'uranium, dans un entretien au Figaro d'hier. «Pourquoi aujourd'hui cette annonce d'un programme de dix nouveaux sites d'enrichissement de l'uranium, alors que l'Iran n'a pas une seule centrale nucléaire pour brûler ce combustible?», s'est-il interrogé. «Les facteurs de déstabilisation pour la région sont immenses» avec «un risque majeur de course à l'arme de nucléaire et à la prolifération», a insisté de son côté le ministre de la Défense Hervé Morin. Selon lui, il faudra «probablement s'engager vers de nouvelles sanctions économiques si l'Iran refuse de rentrer» dans de nouvelles «discussions». Il a jugé «évident» qu'aussi bien «les programmes balistiques sur les missiles» iraniens que «les programmes d'enrichissement d'uranium, sont des programmes qui n'ont pas d'autres finalités que des finalités militaires». Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir développer un programme nucléaire militaire, contrairement à ses obligations internationales, alors que Téhéran assure que ses activités n'ont qu'un objectif civil.