Résumé : Kahina présente l'homme comme étant son fils aîné. La police leur recommande d'être prudents, car le rôdeur est un dangereux individu. Il est armé. Mais une fois seuls, Maâmar la rassure. Il lui raconte sa vie et pourquoi il est recherché par la police. Kahina est bouleversée… 25eme partie Kahina l'écoutait attentivement. Elle l'imaginait sans peine sortir en pleine nuit pour retrouver ses copains. Il avait pris l'habitude d'inscrire des graffitis sur les murs. Le matin, il poussait les lycéens à abandonner les bancs du lycée pour sortir dans la rue crier leur ras-le-bol. Parfois, la marche se terminait en affrontement mais il était contre la provocation. Même s'il ne portait pas les gendarmes dans son cœur, il leur avait toujours interdit de leur lancer des pierres s'ils les croisaient. Heureusement, ce n'était pas toujours ainsi que les marches se terminaient. - Puisque tu es un pacifique, pourquoi disent-ils que tu es dangereux ? - Parce que je sais convaincre, répond Maâmar. Les choses ont commencé à se compliquer pour moi, le jour où je coordonnais des marches de protestation dans la région. J'allais d'un village à un autre, d'une ville à une autre. J'ignore qui a vendu la mèche mais très vite, à cinquante kilomètres à la ronde, tous ont su que j'étais derrière tout ça. Ils étaient un petit groupe à être contre moi. Ils ne comprennent pas pourquoi, moi, Maâmar, je demande plus à l'Etat. Pour eux, parce que je vis à l'aise, je ne dois pas me plaindre et vouloir mieux. Ils ne peuvent pas comprendre que ce n'est pas pour moi mais pour les autres. Ce n'est pas une vie. Des jeunes condamnés à ne rien faire ! Il n'y a même pas un espoir de les voir travailler. Ils n'ont pas de vie. Ils n'existent pas. - Mais toi, l'interroge Kahina, qu'est-ce que tu fais dans la vie ? - Je suis médecin, j'ai mon cabinet et ça marche très bien. Enfin, ça marchait bien, rectifie-t-il. Depuis le début des émeutes, je n'ai pas beaucoup travaillé au cabinet. - Tu es marié ? - Fiancé seulement. Le mariage était prévu pour cet été mais vu la situation, je vais le reporter, lui confie-t-il. Ma fiancée et mes parents ne me comprennent pas. Ils croient que je suis devenu fou. Est-ce que je vous parais fou ? - C'est peut-être de la folie que de vouloir s'en prendre à plus fort que soi, répond-elle. Vois où les choses en sont maintenant ? Tu ne rentres plus chez toi et tout ce que tu as fais ne sert pas à grand-chose, ajoute-t-elle. Tout ce que vous faites ne changera rien. - Si ! Cela prendra le temps qu'il faut mais on aura ce qu'on voudra ! Ce jeudi, on ira tous à Alger. Toute la Kabylie va se rendre à la capitale.Maâmar se tait en remarquant qu'elle pleurait, qu'elle était profondément bouleversée. Il s'en veut de ne pas avoir prêté attention à elle plus tôt. Depuis près d'une heure, il n'avait pas cessé de parler de lui, de sa vie, des émeutes qui blessent chaque jour des dizaines de révoltés. Maâmar devine sans peine qu'un membre de sa famille doit être dans la rue. Il n'aura pas à la questionner. La main réconfortante qu'il pose sur son bras semble la libérer. C'est un flot de paroles qui s'échappe d'elle. Elle en a tellement sur le cœur. À suivre A. K.