Les Montagnes pleurent aussi est un nouveau roman algérien qui traite de la décennie noire, du terrorisme et de l'amour. L'histoire tourne autour d'un couple qui s'aime, désespéré, dans une Algérie massacrée par les groupuscules islamistes : Kahina, fille d'un terroriste, et Idir, un policier, y sont les deux personnages principaux. L'auteur, Aomar Mohellebi, tente, par sa jeune plume, de décortiquer une réalité sociale algérienne, complexe et sensible : y a-t-il une place pour la réconciliation dans le cœur des enfants et des victimes du terrorisme ? Peut-il y avoir une vie commune entre la descendance des terroristes et celle de leurs victimes ? L'auteur a soulevé, dans ce roman, plusieurs questions ayant trait non pas aux dégâts matériels, mais plutôt aux préjudices et aux stigmates incommensurables occasionnés à la société elle-même. Journaliste durant la décennie noire, Aomar Mohellebi a mis à l'épreuve son expérience sur le terrain et jette un regard plutôt humanitaire sur les conséquences de ce phénomène sur le tissu social. L'auteur se pose une question : que ressent la fille d'un terroriste si elle succombe au charme d'un policier intègre ? Pour y répondre, il se lance dans un patchwork de douleur et de bonheur, de tolérance et d'extrémisme, d'amour et de haine. Entre Idir et Kahina, il y a une histoire d'amour qui tourne mal. Policier blessé dans une embuscade, Idir s'est réveillé sur un lit d'hôpital et comme consolation Kahina, une infirmière, à son chevet. Au fil des jours, un coup de foudre. A sa sortie de l'hôpital, Idir décide de se marier avec Kahina. Idir ignore que son épouse est la fille d'un terroriste qu'il a dû, lui-même, abattre dans un accrochage. Avec le temps, il a fini par le découvrir. Mais ayant peur de perdre sa bien-aimée, il s'est tu et n'a rien dit à Kahina. Mais le temps a eu raison de ce jeune couple. Le bonheur qui les a unis s'est volatilisé le jour où Idir dit la vérité à sa femme. A partir de là, l'auteur sort de l'ordinaire et fait appel beaucoup plus à son imagination. En mettant Kahina en position de force et non pas Idir, qui ne faisait pourtant que son devoir, l'auteur a fait de son histoire une idée extraordinaire. Au lieu que Kahina s'explique devant Idir, c'est ce dernier qui se plia devant sa femme. « Pourquoi étais-tu en colère à ton arrivée ? Parce que je t'ai caché la vérité. Pouvais-je faire autrement ? », demande-t-il à Kahina. Le seul souci d'Idir était de garder sa femme à ses côtés. Il s'incline ainsi devant elle et la supplie de rester avec lui. « Tu ne dis rien ? Que veux tu que je dise ? Quelque chose. Quoi, par exemple ? Je suis contente qu'on m'annonce la mort de mon père ! C'est ce que tu attendais, que je fasse la fête, qu'un dangereux terroriste soit éliminé, même s'il s'agit de mon père, mon propre ascendant... » Par cette discussion entre les deux principaux personnages du roman, l'auteur met le doigt là où ça fait mal. Dans cette histoire, M. Mohellebi a essayé de démontrer à la fois que l'amour est la source de la vie et que l'amour filial est encore plus profond. « Peut-on haïr réellement son père jusqu'à lui souhaiter le trépas ? » Suivant sa logique de développement, Idir se remettra, plus tard, en question et essayera de comprendre l'état d'âme de sa femme. Mais Kahina finira par le quitter un peu plus tard. N'ayant pas pu supporter son absence, il vola à sa recherche, en vain. Elle ne pouvait plus vivre avec l'homme qui a tué son père. La succession des événements dans cette histoire représente une partie d'une réalité très étendue. La décennie noire s'est soldée par une fracture sociale difficile à « accoler » : entre les enfants des terroristes et les familles des victimes de ces derniers. Le jeune écrivain semble omettre dans son roman le second cas qui est encore plus grave. Le roman est chez les libraires depuis le 20 septembre.