Huit jours. Huit troupes. Huit représentations. Le public d'Alger a ouvert ses bras au théâtre du Sud, découvrant un talent, une approche, une passion. Le rideau est tombé lundi passé sur la troisième édition des Journées théâtrales du Sud — du 16 au 23 août 2010 — où pas moins de huit wilayas y ont pris part (Tamanrasset, Béchar, Adrar, Ouargla, Naâma, El-Bayadh, Laghouat et Biskra) au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Durant ces huit jours, les associations culturelles de ces wilayas ont rivalisé pour qui présentera la meilleure pièce de théâtre. Si le coup d'envoi de ces 3es Journées théâtrales du Sud a été donné par l'Association culturelle des arts dramatiques Sarkhatou El Rokh, de la wilaya de Tamanrasset, avec la pièce Zawabaât essarab (Tempête de mirage), le tomber du rideau, lui, a été l'œuvre de l'association Ichrak pour les arts dramatiques de Biskra, avec l'adaptation du Chant du cygne, d'Anton Tchekhov. Mise en scène et adaptée (d'après le texte traduit vers l'arabe) par Wahid Gasmi, la pièce relate l'histoire de Svetlovidov, interprété par El-Atfi Hichem, un vieil acteur, qui se retrouve seul dans un théâtre vide, après la représentation, mais surtout parce qu'il s'était assoupi dans la loge après avoir trop bu. Se rendant compte de la vacuité du lieu, cet acteur rembobine le film de sa vie, de sa carrière. Un vent froid souffle. Il est pris de frissons. De question en question, il arrive à la conclusion suivante : il a toujours cherché à plaire au public qui ne l'a jamais aimé pour ce qu'il était, à savoir un comédien. Pris dans son monologue, il est surpris par une présence, celle du souffleur Nikita Vanitch (Rezzeg Tahar) qu'il ne reconnaît pas. Remis de sa frayeur, cet acteur “déchu” profite de la présence du souffleur, qu'il considère comme un potentiel spectateur, pour “se donner” encore une fois en spectacle, interprétant quelques extraits, à deux, et dans une langue arabe accessible et simplifiée, sans calambours ni tournures complexes, de Pouchkine ou Shakespeare. Ce n'est qu'à partir de ces tirades que toute la lumière est faite sur sa vie : une succession de bouffonneries pour plaire aux autres (le public). Avec un décor très sobre : une chaise, des cadres suspendus et un projecteur éteint, les deux comédiens, durant presque une heure, mirent à nu un côté qu'on connaît mais qu'on occulte souvent, la fragilité des hommes de théâtre. Un jour on existe, un autre non. Du sommet de la gloire, on peut dégringoler la pente en y laissant des plumes. Mais au-delà de cette vision, c'est aussi un regard sur la société, attiré par l'éphémère comme la libellule par la lumière. Ce condensé de drame a été le cheval de Troie des ces 3es Journées théâtrales du Sud. Toutes les troupes participantes avaient présenté des pièces de théâtre dans le registre dramatique. Une fenêtre ouverte sur la société. Chacune des troupes l'abordait avec une vision, une approche. Par ailleurs, au terme de ces journées, une cérémonie a été organisée en l'honneur des participants. Les organisateurs voulaient mettre l'accent sur l'engouement que connaît le 4e art dans cette région de l'Algérie. Un engouement qui portera, dans le futur, comme l'a souligné le chargé de la communication Fethenour Benbraham, avec la création de théâtres régionaux par le ministère de la Culture. Des attestations ont été distribuées aux participants à l'atelier théâtre qui s'était déroulé durant ces journées à Zéralda.