Trois principes consignés dans le Coran caractérisent l'approche économique en islam : la propriété et la richesse, comme le pouvoir, appartiennent à Dieu qui les a confiés en héritage (istikhlaf) aux gens sur terre. Ils sont donc par essence éphémères (amana). Le développement économique, comme le travail ne peuvent être utiles que s'ils sont précédés de bonnes intentions. Le développement économique est donc au service du développement social. La place privilégiée accordée à la science et aux gens de sciences ll En ce qui concerne la propriété et la richesse, le Coran nous enseigne : “À Dieu appartient tout ce qui est dans les cieux et sur terre.” 284-2. Cette richesse et cette propriété qui appartiennent à Dieu sont confiées aux gens sur terre sous formes de bienfaits et de gratifications. Mais les gens ne doivent pas s'en approprier pour accumuler des richesses. Dieu interdit ces pratiques de façon insistante et répétée pour lever toute équivoque. Voici quelques versets sur le sujet : “Croyez en Dieu et son Envoyé et dépensez, en œuvres charitables, des biens dont il a fait de vous les bénéficiaires.” 7-42. “Donnez-leur des biens dont Dieu vous a gratifiés.” 33-24. “Malheur à tout diffamateur calomniateur, qui amasse les richesses et se complaît à les compter.” 1/2-104. “Le désir d'augmenter vos richesses vous préoccupe, jusqu'au moment où vous descendez dans la tombe.” 1/2-102. “Annonce à ceux qui thésaurisent or et argent sans dépenser dans la cause de Dieu un châtiment douloureux.” 34-9. Le Coran incite au développement économique tout en le mettant au service du développement social comme le confirme plus d'un verset : “C'est Dieu qui a créé les cieux et la terre, fait descendre de l'eau du ciel grâce à laquelle il fait pousser des fruits pour votre nourriture. Il vous a soumis des vaisseaux qui par sa permission voguent sur les mers. Il vous a soumis les cours d'eau.” 32/34-14. Dieu insiste sur la satisfaction des besoins essentiels des populations : “Dieu a fait de vos demeures un habitat pour vous...” 80-16. Dieu encourage le développement de l'agriculture et de l'industrie : “C'est lui qui, du ciel, pour vous a fait descendre l'eau. D'où boisson et plantes où faire paître...” 10/11-16. Mais aussi : “Et pour lui nous avons fait couler la source de cuivre.” 12-34. Dans la qualité de fabrication et l'industrialisation, le Coran nous commande : “Fabrique des cottes de mailles complètes et mesure bien les mailles. Et faites œuvre bonne. Oui, j'observe ce que vous faites.” 11- 34. Par ailleurs, le travail est anobli en Islam. Le Prophète dit : “Une main qui agit vaut mieux qu'une main qui se tend.” Le Coran nous enseigne : “… qui a créé la mort et la vie pour vous mettre à l'épreuve et (connaître) parmi vous le meilleur en œuvre.” 32-62. Ce n'est pas le meilleur en richesse, ni le meilleur en statut mais le meilleur en œuvre que Dieu cherche à connaître. L'Islam prohibe la corruption et les pots de vin : “Que les uns ne s'emparent pas illicitement des biens des autres ; ne vous en servez pas pour corrompre les juges dans le dessein d'accaparer une fraction des biens d'autrui, injustement et en toute connaissance de cause.” 188-2. Ou : “Ne remettez point aux soins des hommes ineptes les biens dont Dieu vous a confié la garde.” 5-4. L'Islam garantit le revenu minimum, appelle à la redistribution et combat le gaspillage et l'excès. Voici quelques versets : “Et donne son droit au détenteur de parenté et au pauvre et à l'enfant de la route. Mais ne gaspille pas en gaspillage.” 26-17. “Et c'est dans leurs biens, le mendiant et le déshérité avaient un droit.” 19-51. “Et mangez et buvez, mais point d'excès ! Il n'aime pas les excessifs.” 31-7. “Et quand Nous voulons détruire une cité, Nous commandons à ses gens aisés, et ils pratiquent la perversité. Alors la Parole s'avère contre elle et Nous la détruisons de destruction.” 16-17. Concernant les règles de gestion budgétaire, il est dit : “Rien d'autre, en vérité : les recettes de l'Etat sont pour les besogneux, et pour les pauvres, et pour ceux qui sont lourdement endettés, et dans le sentier de Dieu, et pour l'enfant de la route. Arrêté de Dieu ! Et Dieu est savant et sage.” 60-9. L'Islam se caractérise par une forte incitation au savoir et une grande considération pour les hommes de sciences. Le premier verset du Coran commence par : “Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé.” 1-96 Dieu va jusqu'à placer les gens de sciences au niveau des Prophètes et des califes dans la proposition de solutions aux problèmes des musulmans. Jaouhari Tantaoui a noté qu'il y a dans le Coran 750 versets qui appellent à la réflexion et à la recherche scientifique ; alors qu'il n'y a que 150 qui appellent à la science de la religion (fiqh). J'aimerais terminer cet exposé sur l'organisation de l'économie en Islam par cette parole du calife Omar s'adressant à son fils : “Tout homme, investi d'une autorité sur les musulmans, qui nomme un fonctionnaire par amitié ou parenté trompe Dieu, son Prophète et les musulmans.” À comparer avec ce que nous vivons aujourd'hui ! Voilà donc pour l'approche du développement économique en Islam, elle : - favorise le développement économique tout en le mettant au service du développement social, - accorde une place de choix au travail et à la qualité, - prohibe la corruption et les pots de vin, - accorde une place primordiale à la science et à la considération des gens de sciences. Nous aborderons la question de la méthodologie du Coran dans la résolution des problèmes complexes, jeudi prochain.