L'ex-ministre, qui ne boude pas son plaisir dans son nouveau rôle, dit ne pas connaître les raisons de son départ du département de l'intérieur. Le dernier remaniement du gouvernement, opéré le 28 mai dernier par le président Bouteflika, après avoir longtemps temporisé, commence à livrer une partie de ses secrets. Le départ de Chakib Khelil du ministère de l'énergie était dans l'ordre naturel des choses. Les scandales en cascade qui ont secoué Sonatrach ayant fini par l'emporter et l'emporter aussi sur son amitié avec le président de la république. Le fait que Abdelhamid Temmar soit également débarqué du puissant ministère de l'industrie et de la promotion de l'investissement n'avait étonné personne tant sa “stratégie industrielle” avait manqué de visibilité et surtout de consistance. Aujourd'hui, il se retrouve à la tête du ministère de la “prospection” où il aura tout le loisir de scruter l'horizon industriel de l'Algérie, en prévision de l'après-pétrole. Mais le changement qui avait le plus dérouté les observateurs était celui du tout-puissant Noureddine Yazid Zerhouni en quittant le ministère de l'intérieur pour devenir vice-premier ministre, un poste créé à la faveur de la révision constitutionnelle de 2008. Chacun y est allé de son décryptage. Pour certains, il s'agit d'une promotion. En se voyant promu vice-premier ministre, il s'occupera des dossiers politiques et sécuritaires pour permettre au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de mettre de l'ordre dans la gouvernance des affaires économiques, explique-t-on. Une lecture qui tient a priori la route compte tenu du gabarit politique de “Si Yazid” comme on l'appelle en signe de respect. Mais d'autres, comme le politologue Rachid Tlemçani, dans un entretien au quotidien El Watan : “c'est une voie de garage.” Alors promotion ou voie de garage ? Qui a vu juste ? C'est le concerné lui-même qui vient d'apporter la réponse. Une chose est sûre : il n'a pas l'air d'avoir accepté de gaieté de cœur son départ du ministère de l'intérieur. Pire : il n'a même pas été consulté. “J'ai cherché à connaître les raisons de mon départ du ministère de l'intérieur, je n'ai pas eu encore de réponse”, avait-il révélé jeudi en marge de l'ouverture de la session parlementaire d'automne. N'ayant pas compris le pourquoi du comment de son départ du ministère de l'intérieur “Pour cela, a-t-il expliqué encore aux journalistes qui l'interrogeaient jeudi, j'ai demandé des explications.” À qui ? Il n'en dit rien, en bon ministre de la République qui a la religion du secret. Cependant et on ne peut plus affirmatif, il précisera que “je n'ai pas encore reçu de réponse”. Mais en attendant cette réponse, Noureddine Yazid Zerhouni ne donne pas l'impression de ronger son frein dans son nouveau rôle de vice-premier ministre. Il est “satisfait” de son poste actuel, mais attend toujours pour en connaître les prérogatives. Il est vrai que le décret présidentiel portant création de cette nouvelle charge dans l'organigramme de l'Exécutif n'est toujours pas publié dans le journal officiel. Si l'interrogation restera toujours de mise par rapport aux causes du départ de Noureddine Yazid du ministère de l'intérieur, alors qu'il a dirigé ce département pendant plus de dix ans dans des conditions politico-sécuritaires difficiles et organisé deux élections présidentielles, son successeur, jusque-là mis dans l'ombre, n'a pas tardé à imprimer son propre style à la gestion du ministère de l'intérieur. Daho Ould Kablia a considérablement allégé la procédure de délivrance du passeport biométrique, comparé aux exigences papivores de Zerhouni. il vient enfin de lever l'embargo sur les fameux codes communal et de wilaya. Ce qui s'apparente à une entreprise de “dézerhounisation” qui ne dit pas son nom.