Le FLN, dépossédé de cinq portefeuilles, perd le contrôle de certains dossiers stratégiques. Le remaniement opéré dimanche dernier par le président de la République n'a pas encore livré tous ses secrets, il reste que ce réaménagement continue à alimenter des discussions. Si certains qualifient ces changements de “montagne qui accouche d'une souris”, d'autres considèrent, en revanche, qu'il ne s'agit pas d'une simple opération de lifting. Bien plus. Bouteflika a procédé à un rééquilibrage politique au sein de l'alliance présidentielle à travers la redistribution des rôles et des postes. Même s'il demeure le parti dominant numériquement dans l'équipe remaniée de Ahmed Ouyahia, le FLN a laissé des plumes suite à cette opération en perdant quatre portefeuilles et non des moindres. Le parti de Belkhadem se voit ainsi dessaisi des postes prestigieux à l'image des Affaires étrangères, de la Jeunesse et des Sports, de la représentation de la Communauté établie à l'étranger et de la Communication jusqu'à nouvel ordre. Amoindri des ministères politiques et ceux de proximité aux dividendes électoraux certains, l'ancien parti unique, dont les responsables se targuent d'avoir Bouteflika comme président d'honneur et organique, ont en eu pour leur grade à la faveur de ce remaniement qui a, par ailleurs, permis au chef de l'Etat de se départir de cette étiquette de partialité partisane. En taillant des croupières au FLN, Bouteflika vise surtout à rassurer le RND et le MSP, deux partenaires du FLN au sein de l'alliance présidentielle. Ces deux formations ont gagné de nouvelles positions suite à ce changement. Le parti islamiste reste le plus grand bénéficiaire de l'opération à travers deux promotions, d'abord celle de son chef, Bouguerra Soltani comme ministre d'Etat et ensuite celle de Djâaboub qui arrive à la tête d'un département-clé à savoir le Commerce. La formation du Chef du gouvernement hérite d'un portefeuille sensible et très convoité par tous, la Jeunesse et les Sports en l'occurrence. Il s'agit pour le RND d'un investissement politique dont les fruits seront cueillis durant les prochaines échéances électorales. Parallèlement à ces changements, l'intervention chirurgicale de dimanche dernier a permis au chef de l'Etat de faire des ajustements nécessaires dans les sphères économiques qui présentent jusque-là des dissonances. En rappelant Medelci aux Finances, Temmar à la Participation et à la Promotion des investissements, le locataire d'El-Mouradia veut s'entourer de maximum de garanties pour la réussite des réformes engagées mais surtout de la mise en œuvre du plan quinquennal 2005-2009. Ces deux hommes de confiance du Président viennent compléter le reste de l'équipe économique du gouvernement. La recherche de la cohésion et l'homogénéité qui font cruellement défaut ont poussé Bouteflika à maintenir à leur poste les détenteurs de certains portefeuilles comme l'Agriculture, l'Habitat, les Travaux publics, les Ressources en eau, les Transports et l'Aménagement du territoire, sans oublier l'Energie. La fin de mission de Benachenhou mettra-t-elle fin aux tensions et aux divergences d'approche notamment sur la gestion du budget de l'Etat au sein du cabinet de Ahmed Ouyahia ? Si le départ de l'ex-grand argentier du pays arrange le chef de l'Exécutif en lui permettant la restauration de son autorité et la discipline au sein de l'équipe, le remplacement de Hamlaoui est une perte pour Ouyahia. En effet, l'arrivée de “Monsieur privatisation” en l'occurrence Temmar, risque de perturber, pour ne pas dire de provoquer la rupture du “contrat tacite” mais fragile, entre le gouvernement et le monde du travail. L'amitié et l'entente qui lient Ouyahia et Sidi-Saïd suffiront-elles pour amortir le choc de l'opération “privatisations tous azimuts” que mettra en œuvre l'ex-conseiller économique du Président ? Tout porte à penser que le recours à l'arbitrage de Bouteflika sera fréquent. Le maintien de Zerhouni à l'Intérieur reste une option lourde dans la stratégie du chef de l'Etat pour les quatre prochaines années et peut-être pour bien au-delà de cette période. L'homme est chargé d'organiser le référendum, de la mise en place d'un nouveau cadre de fonctionnement des collectivités locales. L'homme fort de l'équipe de Bouteflika a également la mission de superviser avec les autres institutions de la République les opérations de rétablissement de la sécurité nationale qui balisent le terrain pour le développement local et durable. La reconduction de Bélaïz à son poste signifie la poursuite de la réforme de la Justice. Il est ainsi chargé de parachever les révisions des textes législatifs et la mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport sur la réforme de ce secteur produit par “la commission Issad”. C'est un gouvernement sous haute surveillance qui ne dispose ni de sursis ni d'excuses, mais qui est soumis à l'obligation de résultats. M. A. O.