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Le Bahreïn réveille les démons confessionnels
Des chiites accusés de complot avant les élections
Publié dans La Tribune le 07 - 09 - 2010

Vingt-trois personnes de l'opposition ont été accusées de fomenter un complot pour faire tomber la monarchie sunnite, sur fond de
tensions confessionnelles à l'approche des élections générales prévues fin octobre prochain. Ces militants ont été inculpés samedi dernier de «formation d'un réseau terroriste» visant à renverser le régime. Ils auraient tenu dans ce but des réunions secrètes à
Bahreïn et à l'étranger, selon les autorités. Ces accusations interviennent alors que ce petit royaume du Golfe à majorité chiite, dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa, se prépare à la tenue d'élections municipales et législatives le 23 octobre prochain. Parmi les inculpés figurent Abdeljalil al-Singace, un responsable du groupe d'opposition Haq, Mohammed Saïd, un dirigeant du Centre pour les droits de l'Homme de Bahreïn, ainsi que deux religieux chiites, cheikh Mohammed al-Moqdad (connu sous le nom de Habib Mansour al-Safaf) et cheikh Saïd al-Nouri. Deux des accusés n'ont pu être arrêtés car ils se trouvent «hors du pays». Le Haq, également appelé Mouvement des libertés et de la démocratie (MLD), est un groupe dissident de la principale formation chiite, l'Association pour l'entente nationale islamique (AENI). Le chef de l'AENI, Cheikh Ali Salmane, avait averti le 22 août dernier que ces arrestations menées depuis le 13 août risquaient de conduire à «plus de violences». Le royaume a connu, ces dernière semaines, une série d'incidents révélateurs des tensions entre sunnites et chiites, ces derniers s'estimant discriminés au niveau de l'emploi, du logement et des services publics fournis à leurs villages. Le 25 août, le directeur de rédaction du quotidien Al-Watan, proche des autorités et critique à l'encontre des hommes politiques chiites, a affirmé avoir été agressé par des inconnus. La police a annoncé par la suite l'arrestation de ses deux assaillants.
Un incendie criminel s'est, par ailleurs, déclaré dans un dépôt de ferraille, ce qui aurait pu provoquer une grave pollution, selon les autorités, qui ont, là aussi, annoncé des arrestations. Dans une allocution télévisée, le roi Hamad ben Issa al-Khalifa a réagi dimanche dernier en dénonçant de tels actes de «terrorisme», «interdits par l'islam et étrangers au peuple de Bahreïn». Leurs auteurs ont profité de la «tolérance» du pouvoir et cru qu'ils étaient «au-dessus de la loi». «Bahreïn doit «se mobiliser pour se protéger de la sédition et de ses démons, et rester uni contre la violence et le terrorisme», a-t-il clamé. Les dernières élections municipales et législatives à Bahreïn ont eu lieu en deux tours les 25 novembre et 2 décembre 2006. Il s'agissait des deuxièmes élections depuis le retour en 2002 de ce pays à la vie parlementaire, suspendue en 1975. Elles avaient été gagnées par les islamistes - sunnites et chiites -, mais avaient permis à l'opposition chiite d'entrer en force à la Chambre avec 17 députés sur 40. Ces élections avaient été précédées par des années de violences animées par des chiites, entre 1994 et 1999, qui avaient fait au moins 38 morts. Les autorités ont affirmé respecter la loi lors des arrestations après que l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) eut appelé à une enquête sur des accusations de torture de quatre d'entre eux. HRW a notamment cité le cas de M. Singace, partiellement paralysé, qui s'est plaint d'avoir été torturé et forcé de se rendre aux interrogatoires en rampant, sa chaise roulante ayant été confisquée. Bahreïn est un petit pays du Golfe constitué d'une quinzaine d'îles dont une dizaine sont inhabitées. Sa population était estimée, en 2004, à quelque 707 800 habitants appelés Bahreïnites ou Bahreïnis. L'islam est la religion d'État. La population compte 90% de musulmans, répartis en 70% de chiites et 30% de sunnites. Les autres confessions sont essentiellement les Eglises chrétiennes (catholique et protestante) ainsi que la religion bouddhiste. Il est possible de pratiquer librement son culte. Les populations d'origine sont les Arabes bahreïniens (56,5%) et les Arabes du Golfe (14,1 %) pour un total de 70,6%. Le reste est composé de travailleurs immigrés, principalement originaires du sous-continent indien ou d'Extrême-Orient. Autrement dit, près du tiers de la population est composée d'étrangers : 11,3% d'Iraniens, 7,4% d'Indo-Pakistanais (Ourdous, Goudjarates, Malayali, Tamouls, Télougous), 3,5% de Kurdes, 3,1% de Philippins, 1,3% d'Occidentaux (Anglo-Américains) et quelques autres petites communautés. L'agglomération de Manama, la capitale, rassemble plus de 55% d'étrangers et englobe Muharraq, la seconde ville du pays (65 000 hab.).
Les invasions étrangères
L'île de Bahreïn joua un rôle important dans le commerce régional lorsque les Portugais s'en servirent comme relais en se rendant aux Indes à partir du XVIe siècle. Ils demeurèrent dans la région de 1521 à 1602, mais ils n'exercèrent pas d'influence linguistique. Aussitôt après le départ des Portugais, l'archipel fut soumis à l'occupation des Perses jusqu'en 1782. Ils installèrent une colonie durable et contribuèrent à donner aux habitants une culture particulière arabo-persane. L'occupation par les Perses explique pourquoi les deux tiers de la population musulmane sont chiites (70%) et pourquoi l'Iran n'a pas abandonné toute prétention à l'hégémonie dans cette région. En 1783, la famille Al-Khalifa, de confession sunnite, renversa la dynastie chiite (persane) régnante et constitua un émirat arabe indépendant de la puissance perse. Le commerce des perles fit bientôt de Bahreïn l'un des émirats les plus importants de la
péninsule Arabique. Toutefois, dès le début du XIXe siècle, les Britanniques prirent pied dans l'archipel par un accord commercial. Les prétentions de l'Empire ottoman sur l'émirat et la découverte des richesses pétrolières allaient contribuer à renforcer l'intérêt des Britanniques pour Bahreïn. En 1832, la Standard Oil Company of California, une société américaine qui avait obtenu la première concession pétrolière, fit jaillir d'un puits le premier pétrole de la péninsule Arabique. En 1861, un accord entre l'émir et le Royaume-Uni plaçait de fait l'émirat sous la protection de la Couronne britannique. La domination britannique se maintint jusqu'en 1971. Bien que le Royaume-Uni ait qualifié l'émirat d'«État protégé britanniques», le gouvernement britannique a, dans des déclarations officielles, décrit l'émirat comme un «État indépendant sous protection britannique» ou comme un «État indépendant dans des relations spéciales de traité avec le gouvernement de Sa Majesté.» Lorsque la Perse émit en 1927 des prétentions à la souveraineté sur Bahreïn, le secrétaire britannique aux Affaires étrangères écrivit ce qui suit au gouvernement de Bahreïn : «Les accords [entre la Grande-Bretagne et Bahreïn depuis 1820] ont tous été conclus en considérant que le cheikh de Bahreïn est un souverain indépendant.» Bref, le gouvernement britannique restreignait les relations extérieures de Bahreïn, mais il laissait la souveraineté du pays à l'émir. De fait, la famille Al-Khalifa continuait de régner sur Bahreïn. Le cheikh Ahmad (1923-1942), puis le cheikh Salman (1942-1961) entreprirent de moderniser le pays. Le développement de la recherche pétrolière, après la Seconde Guerre mondiale, s'accompagna de la multiplication des litiges frontaliers, opposant Bahreïn à l'Arabie saoudite, d'une part, et au Qatar, d'autre part. Le différend avec les Saoudiens fut réglé en 1951 ; celui avec le Qatar, portant sur les îles Hawar, a finalement été résolu en mars 2001 par la Cour internationale de justice des Nations unies (La Haye) en faveur de Bahreïn.
L'indépendance
L'indépendance fut proclamée avec l'accord de la Grande-Bretagne en 1971, après qu'eut échoué le projet de fédération entre les États de la côte de la Trêve. Le pouvoir de la famille régnante, qui contrôle l'ensemble de l'appareil politique et administratif, fut périodiquement contesté par les chiites, majoritaires au pays, la contestation étant alimentée en partie par le régime iranien. D'ailleurs, dans les années vingt, invoquant l'influence perse passée, la dynastie des Pahlavi avait déjà revendiqué Bahreïn. Après la révolution islamique de 1979, l'Iran a relancé ses prétentions sur les îles et soutenu, à plusieurs reprises, des tentatives de subversion du régime. En 1991, l'émirat s'étant rangé dans le camp des pays coalisés contre l'Irak, lors de la guerre du Golfe, un accord de défense fut signé avec les États-Unis. La détente dans les relations diplomatiques avec l'Iran et avec le Qatar demeure toujours d'actualité.
Le ralentissement de l'activité économique consécutif au conflit et le maintien d'un régime politique autoritaire ont conduit à une importante contestation sociale et politique, à partir de l'été 1994. De nouvelles manifestations en 1995 ont provoqué la démission du gouvernement dirigé par le cheikh Khalifa ibn Salmane al-Khalifa, qui a été reconduit à son poste. À la mort du cheikh Issa ibn Salman
al-Khalifa en mars 1999, son fils Hamad Ben Issa al-Khalifa lui a succédé. Il a élaboré un projet de Charte nationale afin de conduire le pays vers la démocratie : instauration d'une monarchie constitutionnelle, restauration du Parlement, création d'un conseil consultatif, séparation entre les pouvoirs, affirmation du principe de l'égalité entre l'homme et la femme. La mise en place d'institutions démocratiques a été approuvée par référendum le 15 février 2001 à 98,4% des suffrages. Au même moment, l'émir a décrété une amnistie générale aboutissant à la libération de tous les prisonniers politiques et entraînant l'adhésion de l'opposition chiite à ses propositions de réformes. Il a également aboli la loi d'urgence et dissous la Cour de sûreté de l'État en vigueur depuis 1975.
Cette évolution politique a été saluée par le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies ainsi que par plusieurs organisations non gouvernementales telles qu'Amnesty International. La plupart des institutions financières arabes ainsi que de nombreuses banques internationales et filiales de compagnies d'assurances étrangères ont installé des bureaux à Bahreïn. On compte aussi plus de 60 banques extraterritoriales se spécialisant dans les services aux personnes et aux institutions établies dans d'autres pays. Depuis son accession au trône (le 6 mars 1999), l'émir Hamad ben Isa Al-Khalifa a multiplié ses efforts vers plus de démocratie. Les étapes majeures en sont le référendum sur la Charte nationale des 14 et 15 février 2001 et l'amendement à la Constitution du
14 février 2002. Bahreïn est devenu officiellement ce même jour le «royaume de Bahreïn» et prévoyait des élections municipales et législatives pour octobre 2002. Les partis politiques sont toujours interdits à Bahreïn, mais l'émir a fait savoir qu'il ne s'opposerait pas à la formation de partis politiques si la prochaine Assemblée nationale en convient. Toutes les organisations politiques d'opposition qui fonctionnaient en exil ont mis en place leurs associations politiques et se préparent pour le jour où le gouvernement leur permettra de former des partis politiques. Les lois réglementant l'établissement et les activités des sociétés civiles sont encore en cours de révision par un comité spécial. On s'attend à ce que ces lois donnent une certaine marge de liberté de mouvement aux sociétés civiles et les
habilitent à être des partenaires effectifs pour le développement social.
A. G.


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