Pari tenu pour le Théâtre régional de Batna, et ce, par la diversité et la qualité de la programmation des pièces théâtres et autres concerts qui ont été présentés durant le mois de Ramadhan devant un public toujours aussi nombreux. De grands artistes – musiciens, chanteurs, comédiens – se sont produits sur les planches de ce théâtre. La dernière artiste en date est la comédienne Tounse Aït Ali qui a interprété le monologue Warda, une production de la coopérative Anis. Séduite par le public, qui l'a longuement ovationnée, Tounse a brillé de mille feux durant une heure et demie en racontant les élucubrations d'une femme de ménage qui, à la fin, devient une comédienne. Le monologue Warda, écrit et mis en scène par le célèbre comédien Lamri Kaouane n'a pas seulement fait rire le large public dans la soirée de mardi dernier au Théâtre régional de Batna, mais il a réussi lever un pan du voile sur la société et les convoitises des hommes. Le décor nu (un balai et un jerricane) a amplement suffi à l'incandescence du verbe de plonger le public du TR de Batna dans les quatre coins de son âme et le monologue l'a mis à nu devant ses tares et ses vices. Car outre le fait de raconter l'histoire d'une comédienne convoitée et courtisée par le personnel et les comédiens d'un théâtre, le monologue soulève un thème longtemps tabou. Un véhément réquisitoire contre les mauvaises conditions de femme au travail, l'inégalité des sexes et surtout le harcèlement sexuel, un sujet qui occupe une place prééminente dans l'histoire. Le personnage de Warda parle des propositions sexuelles, des commérages dont elle était victime parce qu'elle a refusé de répondre favorablement aux avances des mâles. Elle raconte longuement son histoire d'amour avec Djemaï, un agent du théâtre. La concierge raconte les réflexions sur les hommes et les commentaires importuns à son sujet. Elle narre sa lutte et comment elle est devenue comédienne grâce à un concours de circonstance. L'excellente comédienne a monologué à plusieurs voix, des voix intérieures celles qui bousculent, opposent, font montrer le beau et le laid, le Hyde et le Jekyll. Warda est sublimé par l'interprétation époustouflante de Tounse, au sommet de son art de comédienne, qui a su donner, cette soirée, de l'épaisseur humaine, de la poésie et de la voix au monologue. Par ce monologue hérissé de colère, de cri, de rire, saignant de blessures, constellé de caresses et de défis, la comédienne a pu tenir le public en haleine pendant plus d'une heure. Tounse, qui se dit séduite par le public du théâtre régional de Batna, a non seulement diverti le public, mais elle l'a complètement appâté, subjugué.