Après les nombreux appels de la communauté internationale à Nicolas Sarkozy pour qu'il renonce à sa politique sécuritaire, c'est au tour du leader cubain Fidel Castro de défrayer la chronique en accusant la France d'“holocauste racial” envers les Roms que la France expulse en masse vers leurs pays d'origine, à savoir la Roumanie et la Bulgarie. Fidel Castro a estimé vendredi que les Roms expulsés de France étaient victimes d'une espèce “d'holocauste racial”, provoquant l'ire de Paris, qui a jugé ces accusations “inacceptables”. Dans un message lu après la présentation de la deuxième partie de son autobiographie, l'ancien président cubain a affirmé : “La dernière chose à laquelle on pouvait s'attendre était cette nouvelle de l'expulsion de gitans français, victimes de la cruauté de l'extrême droite française, qui a déjà touché 7 000 d'entre eux. Ils sont victimes d'une autre espèce d'holocauste racial.” Il faisant allusion aux renvois de Roms installés en France vers la Roumanie et la Bulgarie, à travers des reconduites aux frontières, ordonnées par le président français Nicolas Sarkozy. Réagissant hier à ces déclarations, Paris les a jugé “inacceptables”, selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Ainsi, le porte-parole Bernard Valero a estimé en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie de l'UE à Bruxelles que “cette utilisation de l'holocauste par M. Castro montre son ignorance de l'histoire et son mépris des victimes. De tels propos sont inacceptables”. Sur un ton sévère, il ajoutera : “Que M. Fidel Castro s'intéresse enfin aux droits de l'homme, ça c'est vraiment révolutionnaire.” Ceci étant, Paris juge les reconductions de Roms aux frontières tout à fait légales, même si elles ont été vivement condamnées dans le reste de l'Europe. Aussi, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Thomas Hammarberg, a affirmé mercredi sur son profil Twitter que la rhétorique contre les Roms était similaire à des termes utilisés dans le passé par les nazis et les régimes fascistes, avant d'assurer jeudi aux autorités françaises qu'il ne visait pas Paris. Dans le même temps, le Parlement européen a adopté une résolution demandant à la France et aux autres Etats de l'UE “de suspendre immédiatement toutes les expulsions de Roms”. Entre le 1er janvier et le 26 août, 8 313 Roumains et Bulgares ont été raccompagnés, en grande majorité “de manière volontaire”, contre 9 875 pour toute l'année 2009, selon le ministre français de l'Immigration, Eric Besson. “La protestation énergique des Français est fondamentale, d'autant que, dans le même temps, les millionnaires limitent le droit à la retraite et réduisent les possibilités d'emploi”, a ajouté Castro, en évoquant le recul de l'âge du départ légal à la retraite de 65 à 67 ans. Enfin, Amnesty International a exhorté hier les autorités françaises à “prendre en compte l'appel de l'UE qui lui demande de mettre fin à la discrimination envers les Roms”. “Le Parlement européen a pris fermement position. Désormais, la France doit faire montre de son engagement en faveur du respect des droits humains et de la non-discrimination à l'égard de certains groupes ethniques, notamment des Roms et des gens du voyage”, a déclaré dans un communiqué David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International. Pour l'organisation non-gouvernementale, “Nicolas Sarkozy doit s'attacher à rompre le cycle de discrimination qui a abouti à l'expulsion massive de Roms hors de France”.