Un fruit symbolique et représentatif du temps passé, tant il a constitué, à une certaine époque, le stock indispensable à la survie de toute la population de Kabylie. Les figues, avec les olives, ont toujours été des fruits sacrés, ils ont constitué l'aliment de base du plus pauvre comme du plus riche, un secours quotidien aux natifs de ces pentes escarpées torturés par la famine. La figue a été la principale nourriture de toute une génération, notamment en temps de guerre. Tavakhsisthe est aujourd'hui fêtée à Lemmsela, et cela grâce à l'effort de l'association Tighilt de ce village d'Illoula Oumalou, dans la daïra de Bouzguène. Le coup d'envoi de cette fête, qui prendra fin ce samedi, a été donné jeudi dernier par le P/APW et les autorités locales, en plus d'autres invités et des exposants, venus de diverses localités de la wilaya, de Béjaïa et d'ailleurs. L'ouverture fut accompagnée de chants lyriques kabyles. Des voix de femmes en robes kabyles, bariolées et chatoyantes sous le soleil lumineux, des youyous et des chants ont parcouru pendant un instant la grande artère du village Lemmsela. Au programme, des conférences-débats qui seront animées par des professeurs d'université, des archéologues, des chercheurs en la matière… Des activités sportives et des animations sont également prévues. Cette rencontre, qui est à sa 4e édition, devient une tradition que Lemmsela perpétue depuis l'année 2007. C'est aussi l'occasion pour les autorités régionales d'aller au-devant de cette population enclavée en quelque sorte et qui se démène dans l'anonymat et le besoin. Si, durant la matinée du jeudi, les visiteurs n'étaient pas nombreux, une affluence vers les stands d'exposition était prévisible dans l'après-midi. Des familles commençaient à venir voir les différentes expositions de produits artisanaux, en plus de toutes les espèces de figues fraîches, de toutes qualités, étalées sur des supports en roseaux, “idheniène” en kabyle. Ces fruits exceptionnels étaient offerts à volonté à la dégustation du public. Lors d'une prise de parole, le P/APW a fait l'éloge de ce genre de manifestations, promettant de soutenir d'autres initiatives du genre, notamment la restauration des villages anciens, tels Aourire et Makniha, et d'aider à l'initiation d'autres fêtes traditionnelles comme celle de l'olive, par exemple. “Nous devons faire appel aux spécialistes dans la réalisation de ces travaux de réhabilitation des anciens villages”, dira-t-il. Pour M. Sid-Ahmed, chercheur et anthropologue, et toujours dans le même contexte : “Il faut que les gens évoluent dans l'espace et dans le temps. Nous ne sommes pas obligés de vivre suivant un mode ancien, mais nous pouvons donner un cachet moderne à ce qui existait et qui fait notre patrimoine.” Il faut signaler que le projet de réalisation d'une unité de production de figues sèches, Tazart, annoncé depuis plus d'une année, promise dans le cadre du PPDRI, reste encore au stade des promesses. Rien ne semble être fait, cela en dépit de l'engagement exprimé l'année passé, durant le lancement d'une annexe du CFPA au niveau de ce village. Cette unité pourrait aider la production de figues et l'activité artisanale féminine locale. Une structure existe, une ancienne école qui a été fermée et qui pourrait être transformée et aménagée. Pour le président de l'association Tighilt, organisatrice de l'événement, Hakim Bouachrine : “Nous en sommes à notre 4e édition. Celle-ci reste un espace de rencontres entre artisans de diverses wilayas. Parmi les présents, cette année, l'Association des amis de la figue de Beni Maouche et l'association Numidia d'Oran, en tout plus de 30 exposants. Dix-sept qualités de figues sont répertoriées dans notre village”, confiera-t-il, en espérant une meilleure prise en charge de cette manifestation, notamment par la réalisation des projets promis. D'une étendue de 5 038 hectares, pour une population de 13 793 âmes, la commune d'Illoula est dotée d'une superficie agricole appréciable (SAT), pour une région de montagne. En matière de plantation arboricole, la commune a réservé 553 hectares dont 311 pour l'olivier et 170 pour diverses sortes de figuiers. Le cerisier occupe lui aussi une place estimable.