Les Palestiniens ne se prononceront pas officiellement sur la poursuite des négociations de paix avec Israël avant le 4 octobre et des consultations avec les pays arabes, a déclaré, hier, à Paris Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président Mahmoud Abbas. Le moratoire de dix mois, décidé sous la pression américaine et annoncé le 25 novembre 2009 en vue de donner une chance à la reprise du processus de paix, a pris fin dans la soirée de dimanche, et Israël ne l'a pas prolongé. Dans sa majorité, la communauté internationale a souhaité qu'Israël prolonge le moratoire, surtout que si tel n'est pas le cas, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a clairement menacé de suspendre les négociations qui ont repris laborieusement au début du mois. Il a clairement fait entendre aux dirigeants israéliens qu'il fallait choisir entre “la paix et la colonisation”. De même, il a sollicité et obtenu une réunion de la Ligue arabe qui se tiendra le 4 octobre et sera exclusivement consacrée au sujet. Les Palestiniens ne se prononceront pas officiellement sur la poursuite des négociations de paix avec Israël avant le 4 octobre et des consultations avec les pays arabes, a déclaré hier à Paris Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président Mahmoud Abbas. En attendant, des milliers de colons israéliens, eux, ont fêté comme il se doit, près de Naplouse, la fin du moratoire, ne demandant qu'à reprendre leurs constructions en territoire palestinien. Rien ne les émeut, pas même les mises en garde de l'allié américain. L'ONG Human Rights Watch est la dernière organisation en date à avoir interpellé le gouvernement israélien sur la question. “Israël devrait rendre permanent et total le gel partiel de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie”, a déclaré l'association dans un communiqué publié dimanche, estimant aussi qu'Israël “viole ses obligations de puissance occupante et les droits des Palestiniens en Cisjordanie, notamment en limitant leur capacité à construire des maisons et à accéder à leurs terres”. Le communiqué de HRW enfonce le clou en accusant les dirigeants israéliens de parler “d'un gel limité de la colonisation comme d'une simple concession politique, alors qu'en fait les constructions sont illégales”. “Pour les Palestiniens de Cisjordanie les colonies sont une source majeure de souffrance au quotidien, qui ne va que s'accentuer avec la poursuite de la colonisation”, a déclaré notamment la directrice de HRW pour le Moyen-Orient, Sarah Leah Whitson. Le processus de colonisation a commencé il y a une quarantaine d'années, en septembre 1967, à l'issue de la guerre des Six Jours qui a permis à Israël de multiplier par trois la superficie de son territoire en occupant la Cisjordanie, la bande de Gaza, Jérusalem-Est, le plateau du Golan syrien et le Sinaï égyptien. Beaucoup d'Israéliens y voyaient un miracle et ont conféré une dimension messianique à l'œuvre de colonisation. Dès la fin juin 1967, Jérusalem-Est est annexé, malgré les dénonciations internationales du caractère illégal de l'opération. Voulant d'abord faire des territoires conquis une monnaie d'échange contre une reconnaissance de l'Etat hébreu par les pays arabes, la situation a évolué vers une politique de colonisation pure et simple, qui a connu une nette accélération depuis l'arrivée au pouvoir du Likoud en 1977. C'est le 28 septembre 1967 que la première colonie juive, Kfar Etsion, est fondée au sud de Jérusalem. En 1977, dix ans après, vingt colonies seulement étaient installées en Cisjordanie, comptant 3 200 âmes juives au total. Aujourd'hui près d'un demi-million de Juifs occupe 42% des terres en Cisjordanie et le gouvernement israélien ne cesse de justifier sa politique par un pseudo droit des colonies à un “développement naturel”. Selon le calendrier arrêté le 2 septembre dernier pour les négociations entre Israéliens et Palestiniens, les rencontres étant bimensuelles, il devrait y en avoir une incessamment. Mais la date n'en a jamais été fixée, et pour cause ! La fin du moratoire sur la colonisation prenait fin hier, l'Autorité palestinienne exige sa reconduction pour poursuivre les discussions et le Premier ministre israélien ne semble pas enclin à accéder à la revendication, pourtant appuyée par les Etats-Unis, le Quartette et de nombreux pays et organisations. Nombre d'observateurs estiment que Benjamin Netanyahu finira par céder. C'est en effet probable. Mais au prix de quelle nouvelle entourloupe ? Le fait est que le territoire palestinien est déjà disloqué et certains spécialistes considèrent même que la création d'un Etat palestinien fiable est déjà assez compromise. Si de plus la colonisation juive devait se poursuivre, qui pourrait contredire Mahmoud Abbas quand il affirme que poursuivre les négociations dans ces conditions, serait “une perte de temps ?”