Le premier responsable du sport à Sonatrach affirme également que “le projet des écoles de football de la société n'est pas mort”. Liberté : M. Djouad, ces derniers temps des informations de plus en plus persistantes font état de l'abandon de la société Sonatrach de l'opération lancée, il y a cela deux ans, concernant les écoles de football. Quand est-il au juste ? Mohamed Djouad : Mais pas du tout ! En tant que premier responsable de ce projet ambitieux en faveur des jeunes footballeurs au sein de la société Sonatrach, je peux vous assurer qu'il n'est nullement question de l'abandonner. Les gens ont commencé à spéculer sur l'avenir des écoles de football de Sonatrach quand ils ont su que le travail n'a pas encore repris pour la présente saison, mais cela ne veut pas dire que nous lâchons le projet. Il se trouve que la société Sonatrach a, depuis le mois de mai dernier, un nouveau P-DG en la personne de M. Cherouati, qui n'a pas encore eu suffisamment de temps pour s'imprégner du projet. C'est donc un retard dû au fait que la nouvelle direction de Sonatrach ne connaît pas assez ce volet, mais je reste persuadé que les choses finiront par être débloquées incessamment. Il ne faut pas oublier que cette opération d'envergure a été initiée, il y a trois ans, par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en personne. C'était vers la fin de l'année 2007 lors de la réunion du président de la République Abdelaziz Bouteflika avec l'ensemble des walis au cours de laquelle il les a instruits pour justement faciliter l'implantation de ces écoles de football dans le cadre d'une nouvelle politique de redressement du football algérien. Pour le volet financement, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, avait sollicité le ministère de l'Energie et c'est ainsi que Sonatrach a pris en charge le dossier. À partir de là, je ne pense pas que la direction de Sonatrach ait une quelconque motivation pour ne pas suivre de telles directives. Les écoles de football de Sonatrach, implantées par tout sur le territoire national, ce sont tout de mêmes 21 000 enfants et près de 1 000 encadreurs. Nous avons 203 pôles de développement à travers 46 wilayas. Des enfants que nous avons soustraits à l'oisiveté de la rue et des encadreurs diplômés et qualifiés qui grâce à ce projet ont pu trouver un emploi. Mais il se trouve que Sonatrach n'a toujours pas débloqué le budget nécessaire pour la reprise du travail, ce qui bloque déjà les écoles de football… Il est clair que sans le budget de Sonatrach, il ne sera pas possible de reprendre le travail dans les écoles de football. Je ne peux pas dire à des entraîneurs allez-y, reprenez le travail, alors que je n'ai pas les moyens de les payer à la fin du mois. Mais je répète encore une fois que ce n'est là qu'un retard dû essentiellement à un problème de compréhension du sujet. À combien revient le budget annuel d'une telle opération ? Un enfant revient à Sonatrach à 3 700 DA par mois, vous multipliez par le nombre d'enfants engagés, vous pouvez déduire le chiffre. Par exemple, pour l'année dernière, nous avons dépensé presque 15 milliards pour ces écoles de football, ce qui reste un budget très moyen par rapport sans doute à celui d'un club de seconde division. Donc, pour vous, pas d'inquiétude pour l'avenir de ce projet, c'est cela ? ll Pas du tout ! De toute façon, ce n'est nullement un problème d'argent à Sonatrach, d'autant plus que le budget est insignifiant. c'est plutôt un problème de compréhension pour une nouvelle direction qui veut d'abord cerner la question avant de renouveler son soutien financier. Cependant, nous avons appris que la nouvelle direction de Sonatrach préfère dépenser une telle somme pour des écoles omnisports. Qu'en pensez-vous ? Je rappelle juste tout d'abord que Sonatrach possède déjà 13 sections de sport d'un club nommé le Groupe sportif pétrolier (GSP), c'est dire que nous formons un club d'abord à vocation omnisports. Et puis, je pense que l'un n'empêche pas l'autre. Nous pouvons continuer à soutenir ces écoles de football que nous avons nous-mêmes, en quelque sorte, créées et mettre en place d'autres écoles dans d'autres disciplines. Si demain la direction de Sonatrach me demande de créer des écoles similaires omnisports de basket-ball, de judo, de tennis…, je le ferai volontairement. Cela ne pose aucun problème. Passons maintenant au club du football du MC Alger, les dirigeants actuels se plaignent du fait que Sonatrach n'a pas encore versé la subvention au Mouloudia, ce qui a engendré, selon-eux, la crise financière actuelle. Pourquoi ? Autant le dire tout de suite, Sonatrach n'a promis de l'argent ni au MCA ni à aucun autre club. Je précise aussi que Sonatrach n'est pas tenue de donner de l'argent au Mouloudia. Je vais vous expliquer pourquoi. Lors du lancement du processus du désengagement de la société Sonatrach de l'équipe du football du MCA au profit de l'association El-Mouloudia, il était convenu que nous continuons à financer l'équipe pendant 3 ans. À partir de 2004, le club devait, soit revenir sous la coupe de Sonatrach, soit s'émanciper, c'est-à-dire, géré exclusivement par l'association El-Mouloudia. C'est ce qui s'est produit puisque les dirigeants d'El-Mouloudia ont insisté pour continuer à gérer le MCA. Sauf qu'ils ont continué à réclamer de l'argent contrairement à ce qui a été convenu dans le protocole d'accord de session. Qu'à cela ne tienne, Sonatrach a continué tout de même à verser une subvention annuelle au MCA jusqu'en 2008. Ce que nous avons fait aussi avec d'autres clubs. C'est une aide de Sonatrach et non pas une obligation. Il se trouve qu'à partir de 2008, nous avons remis le sigle MCA à l'association et nous avons créé le GSP, ce qui veut dire que Sonatrach n'a plus aucune relation directe avec le MCA. Mais là aussi Sonatrach a dégagé une enveloppe conséquente pour aider la direction du MCA. Mais à partir de là, je ne vois pas pourquoi les dirigeants du MCA s'attendent à ce que Sonatrach débloque encore de l'argent pour eux, surtout pas maintenant avec l'avènement du professionnalisme dans le monde du football. Il appartient désormais aux dirigeants du Mouloudia de chercher des sources de financement et surtout d'attirer les investisseurs pour venir rejoindre la société par action du MCA. Nous avons remarqué que depuis deux ans Sonatrach ne donne plus d'argent aux clubs. Pourquoi ? Je pense qu'il faut poser la question à la direction de Sonatrach, elle est plus à même de répondre à cette question, cela relève du domaine de la politique sociale de la société. Mais effectivement, depuis deux ans, Sonatrach ne verse plus d'argent aux clubs. Avec l'avènement du professionnalisme, je pense que les clubs devraient pouvoir ramener au moins des sponsors. Mais un grand groupe comme Sonatrach peut tout aussi revenir à la tête du MCA, ou un autre club, par le biais justement de la nouvelle politique dans le monde de football en le rachetant ou acheter des actions carrément. N'est-ce pas ? Peut-être que cette option n'intéresse pas Sonatrach. Peut-être que Sonatrach est plus encline à financer le GSP, un club omnisports et qui procure beaucoup de satisfaction. Peut-être aussi que Sonatrach ne veut pas s'allier à un club pour se confiner à une région donnée alors que sa vocation est nationale. M. Djouad, qu'est-ce que cela vous inspire la situation actuelle du MCA ? C'est désolant ! Un club aussi populaire qui n'arrive pas à attirer les investisseurs et qui peine même à payer un entraîneur de surcroît étranger, c'est curieux n'est-ce pas ? Franchement, je ne comprends pas et je pense que les dirigeants actuels ne font rien pour les attirer. Pis, ils font rempart contre eux pour préserver leur présence au MCA et continuer à servir leurs intérêts. J'ai lu quelque part un dirigeant qui dit que le MCA n'est à vendre alors que lui n'apporte rien au club. Comment pouvez-vous dire à un investisseur, qui veut mettre son propre argent dans le club, que le MCA n'est pas à vendre alors qu'il s'agit juste de profiter de la manne d'un nouveau actionnaire. C'est du n'importe quoi ! Je pense qui les instances qui gèrent ce volet doivent intervenir et mettre fin aux blocages qui se dressent contre les éventuels investisseurs. Sinon, le professionnalisme est voué à l'échec dans notre football. Il faut mettre en place une sorte d'autorité de contrôle et ne pas laisser les présidents de club faire ce qu'ils veulent.