Somme-nous en train d'assister au «retour» de la formation footballistique en Algérie ? La question mérite d'être posée au vu de certaines initiatives plus que louables prises ces derniers temps. En plus de l'école du Paradou AC, lancée il y a deux années, en collaboration avec le Français Jean-Marc Guillou, la compagnie pétrolière Sonatrach a, de son côté, mis sur pied des écoles de formation, mais de plus grande envergure. Elles touchent pratiquement tout le territoire national. Ce sont pas moins de 20 000 enfants qui sont concernés par cette initiative. Le 31 mars et le 1er avril derniers, l'entreprise a organisé un challenge national sous le nom de «Festival national des écoles de football Sonatrach». L'événement a eu lieu à l'Institut des techniques de sport de Aïn Benian, dans la wilaya d'Alger. Dix-sept équipes, représentant les différentes régions du pays, ont participé à ce tournoi. Elles ont arraché une place dans ce challenge après avoir pris part à des tournois régionaux, au nombre de 39. C'est dire si le travail est harassant. Cette opération a été initiée par le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui dira d'ailleurs à ce propos dans les colonnes d'un confère que former des enfants «est mieux que de produire du pétrole». La gestion a été confiée à M. Mohamed Djouad, président du club sportif de l'entreprise, le Groupement sportif des pétroliers (GSP). Le coordinateur national de l'opération est le technicien Toufik Korichi. C'est lui d'ailleurs qui a été chargé de l'organisation du challenge à l'ITS de Aïn Benian. Il était au four et au moulin. L'objectif, bien évidemment, n'est pas de mettre sur pied une équipe, pour le GSP par exemple, même si, à l'issue de ce tournoi une sélection sera constituée afin qu'elle prenne part à des tournois internationaux, mais il est question de donner une base élémentaire dans le football pour que, par la suite, les clubs puissent bénéficier de ces «talents». D'ailleurs, Korichi n'a pas omis de signaler que, durant la saison précédente, les écoles de Sonatrach ont fourni 1 200 joueurs aux clubs. Pour cette saison, le nombre est de 1 100. Rien n'indique qu'ils vont tous réussir, mais le fait que les clubs aient entre leurs mains des enfants ayant un minimum de formation est en soi bénéfique. Une manière comme une autre pour l'entreprise de contribuer au développement du football national, au moment où les clubs, censés prendre en charge cette mission, ne montrent d'intérêt qu'aux «résultats immédiats». Cela, au-delà des aspects sociaux, puisque ces enfants, en pratiquant du sport, auront plus de chances de s'éloigner de certains fléaux qui frappent, en nombre, beaucoup d'adolescents algériens. Les objectifs sont donc multiples. Cette opération demande beaucoup de moyens. Les 20 046 enfants, dont 944 filles, pris en charge par Sonatrach, sont encadrés par 944 personnes. Il y a 230 sites à travers le territoire national. La capitale, à elle seule, dispose d'environ cinquante sites (écoles). L'opération a été lancée durant le mois de janvier de l'année 2008. Plus de 20 000 enfants pris en charge par Sonatrach Le challenge organisé mercredi et jeudi derniers s'apparente à une halte pour faire un bilan, quoique succinct, de l'opération. Des garçons de sept à douze ans, représentant dix-sept équipes, étaient présents à l'ITS de Aïn Benian. Certains, accompagnés bien évidemment de leurs encadreurs, étaient venus de régions lointaines. «Normalement, ce challenge devrait avoir lieu durant l'été, mais en raison du léger réaménagement du calendrier scolaire, dû notamment de la Coupe du monde, nous avons décidé de l'organiser durant ces vacances scolaires», nous a déclaré Toufik Korichi. Tout en s'affairant à la bonne marche du tournoi, le coordinateur des écoles de Sonatrach a toutefois tenu à répondre aux questions des quelques journalistes présents pour couvrir l'événement. «Le peu de médias qui se sont déplacés au complexe démontre qu'on a tendance à ne pas accorder beaucoup d'importance à ce genre d'événements, pourtant c'est ça l'avenir», a indiqué, de son côté, Kamel, la quarantaine, père d'un enfant évoluant dans l'équipe de Ouled Fayet, qui a d'ailleurs remporté le tournoi. Contrairement aux autres écoles, où, légitimement, l'aspect financier pèse dans l'échiquier puisqu'il est question de former des joueurs avant de les transférer ailleurs en contrepartie d'une prime de signature, les écoles de Sonatrach font plutôt exclusivement dans le «pédagogique». Il n'y a pour l'instant aucune intention de mettre sur pied une équipe afin de pouvoir négocier le contrat de ces joueurs. Pour la compagnie pétrolière, il s'agit principalement d'offrir à ces enfants l'occasion d'acquérir un minimum de connaissances footballistiques avant de s'engager dans un club à partir de l'âge de douze ans. Amine, dix ans, joueur de l'équipe d'El Oued, n'a pu cacher, tout comme d'ailleurs la majorité des enfants, son excitation à l'idée de participer à ce tournoi. «On est très content de prendre part à ce tournoi. On espère gagner», nous dira-t-il naïvement. Ouled Fayet, un exemple de réussite Ainsi, ce challenge s'est clôturé le 1er avril en présence du président-directeur général par intérim de Sonatrach, M. Abdelhafidh Feghouli. La finale de ce challenge a été remportée par l'équipe de Ouled Fayet aux dépens de celle de Sidi Bel Abbès au terme d'une séance de tirs au but, tandis que la troisième place est revenue à Bordj Menaïel. Selon d'anciens sportifs, des parents d'enfants engagés dans la compétition ou des cadres de l'ITS, les écoliers ont fourni de belles facettes de jeu. Ce qui démontre que le potentiel existe. Mais le problème, pour plus d'un, notamment les parents des enfants, réside dans le suivi après la fin de cette formation à Sonatrach. «Nos clubs sont connus pour ne pas s'occuper des jeunes catégories. Je sais que dès qu'ils intégreront les équipes, la majorité de ces enfants dépériront», nous a déclaré l'un d'eux. Pour en revenir à l'équipe de Ouled Fayet, qui a remporté le tournoi, Rachid Demmedi, l'un de ses encadreurs, nous a indiqué que ce «site», comme il est appelé, de Sonatrach, dispose de trois groupes de 25 enfants chacun. Le premier pour les enfants âgés de 7 à 9 ans, le second pour ceux ayant 10 et 11 ans et le dernier pour ceux âgés de 11 à 12 ans. Ils sont tous scolarisés, nous a-t-il signalé, avant d'ajouter que, dans les écoles de Sonatrach, «les encadreurs sont très regardants sur les résultats scolaires des enfants». Pas question qu'un enfant «sacrifie» ses études. Cet encadreur nous a indiqué que trois séances d'entraînement sont programmées chaque semaine. Il a tenu également à signaler que les autorités locales sont très coopératives en mettant à leur disposition tous les moyens, comme le terrain où s'entraînent ces enfants. D'ailleurs, c'est le cas de la quasi-totalité des autres écoles de Sonatrach. Il est utile de dire, par ailleurs, qu'«à la faveur de cette compétition nationale, une sélection sera dégagée. Elle représentera l'Algérie au Tournoi international d'Istres, en France, prévu le 22 mai, et à la 11e édition de Danone Cup en Afrique du Sud en octobre prochain», a indiqué Toufik Korichi. A. A.