Après l'échec de l'enquête du Tribunal spécial pour le Liban, lorsqu'il fallait accuser la Syrie et des officiers sur de faux témoignages, voilà qu'un juge d'instruction de Damas émet 33 mandats d'arrêt par contumace contre des personnalités ayant fourvoyé l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, selon le bureau de l'ex-directeur de la sûreté, le général Jamil Sayeed (l'officier accusé injustement sur de faux témoignages puis libéré) suite à la plainte qu'il a déposée, il y a un an, devant la justice syrienne contre les “faux témoins, leurs complices ainsi que toute personne que l'enquête désignera”. Son avocat Me Fassih Achi indique que “le premier juge d'instruction a émis des mandats d'arrêt contre des personnalités libanaises, arabes et étrangères”. Le communiqué du bureau cite les noms des personnes poursuivies, notamment Detlev Mehlis (ex-commissaire des Nations unies chargé d'enquêter sur l'assassinat de Rafik Hariri), son adjoint Guehard Lehmann, le député Marwan Hamadé, le directeur des FSI le général Achraf Rifi, le chef de la branche des renseignements des FSI Wissam Hassan, les anciens juges d'instruction Sakr Sakr et Elias Eid, le procureur auprès de la cour de cassation, le juge Saïd Mirza, l'ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, les faux témoins et le journaliste libanais Farès Khachan. Jürgen Cain Külbel, criminologue, ex-enquêteur de la police est-allemande, journaliste et collaborateur du Réseau Voltaire, a démontré, dans un livre qu'il a publié (en allemand et en arabe), le lien financier entre Detlev Mehlis avec les assassins de Rafic Hariri et que son assistant, Gerhard Lehmann, est un agent de la CIA impliqué dans des enlèvements en Europe. L'auteur montre que Melhis, avant qu'il ne soit chargé de l'enquête par l'ONU, avait été employé par le Washington Institute for Near East Policy (WINEP), un “think tank” basé à Washington créé par l'AIPAC en 1985 pour “à promouvoir une compréhension équilibrée et réaliste des intérêts américains au Moyen-Orient”. Dans une interview sur Al-Jazeera Rashid Khalidi professeur à l' l'université de Columbia critique le Winep en déclarant qu'il est “le plus féroce ennemi des Arabes et des musulmans” le décrivant comme “le plus important outil de propagande sioniste aux Etats-Unis”. Le Winep est à l'origine de la création de l'association d'opposant libanais l'US Committee for a Free Lebanon (USCFL) en vue de remplacer éventuellement le gouvernement libanais. Selon Thierry Meyssan cette USCFL avait connaissance à l'avance du crime et avait immédiatement lancé une campagne de communication visant à détourner les soupçons vers la Syrie. L'auteur établit que le “travail” de Melhis “ne mérite que les poubelles de la criminologie, ou de figurer comme exemple à ne pas suivre dans le cadre de séminaires pour juristes ou criminologues en herbe” en citant les “étranges auditions des témoins”. Dans un entretien réalisé par Silvia Cattori, l'auteur de cette contre-enquête affirme que “tous les principes de procédure habituels d'une enquête sont sciemment bafoués... Les investigations auraient dû se développer parallèlement dans les directions suivantes, particulièrement importantes : le Mossad, la CIA, les partenaires commerciaux de la victime, les Libanais expatriés. Mais cela n'a pas eu lieu…” Jürgen établit que c'est Mehlis qui a recommandé de détenir les quatre officiers libanais, et pointer du doigt des responsables syriens sur la base des faux témoignages de Zouheir Es-Siddik, Houssam Houssam et Ibrahim Jarjoura et que Gerhard Lehmann a joué un rôle dans les enlèvements perpétrés par la CIA en Europe depuis 2001 puisqu'il a été reconnu par des victimes. Il affirme que Lehmann, avait suggéré à Sayed, en présence d'un responsable sécuritaire à l'ambassade d'Allemagne, présenté sous le nom de “E. Stephan”, de citer une personnalité syrienne pour l'accuser d'implication dans l'attentat, en échange de sa libération tout en lui demandant de transférer un message au président syrien, selon lequel la Syrie doit accuser une grande personnalité syrienne d'avoir commis cet attentat à l'insu du régime syrien. Jürgen explique que tout cela est motivé “… par les intérêts géostratégiques et économiques… les défenseurs des formes de pouvoir occidentales… se servent de soi-disant "révolutions démocratiques"… pour éliminer des gouvernements indésirables… à savoir la liquidation du panarabisme qui devait entraîner la chute d'autres autocraties et dictatures voisines, conduire à la balkanisation de l'Arabie, rendre ainsi plus facile sa domination et son exploitation, et permettre d'installer Israël en position d'hégémonie”. À la question du journal Libanais l'Orient le Jour à M. Samir Geagea, leader des Forces libanaises, sur les informations selon lesquelles la Syrie pourrait émettre des mandats d'arrêt à l'encontre de personnalités libanaises (proches du 14 Mars et de M. Saâd Hariri), il répond que cela constituerait “un court-circuitage de l'examen par le Conseil des ministres de l'étude que le ministre de la Justice soumettra au gouvernement au sujet du dossier des faux témoins… Cela signifierait qu'il existe une velléité d'entraver le règlement sérieux du problème des faux témoins afin de faire de ce problème un leitmotiv pour torpiller le tribunal international”. Juste quelques heures après l'émission de mandats d'arrêt, l'ex-ministre des Télécommunications Marwan Hamadé, concerné, décide de partir “en vacances” en France “pour un long séjour”, selon le journal libanais Al-Akhbar. Hamadé estime que ces mandats d'arrêt ne valaient rien tout en précisant qu'“il continue d'être pris pour cible”. Il déclare à la Voix du Liban que ces “rumeurs se répercuteront violemment sur leurs auteurs par le biais du travail du Tribunal spécial pour le Liban et l'ouverture du dossier des faux témoins”.