Le dernier numéro de Nouvelles sahraouies, revue du comité suisse de soutien au peuple sahraoui, a paru sous le titre : “Firme suisse complice de la vente du phosphate sahraoui par le Maroc”. La revue a reproduit un communiqué de presse, où 8 parlementaires suisses ont appelé à “la responsabilité éthique” de l'entreprise helvético-tasmanienne. La semaine dernière, 8 parlementaires suisses ont exhorté l'entreprise suisse Ameropa de donner ordre à sa filiale Impact Fertilisers basée en Tasmanie d'abandonner les importations de phosphate du Sahara occidental, “tant que la population concernée ne peut faire valoir ses droits légitimes sur ses ressources naturelles”, ont écrit les 8 parlementaires. “Ce commerce vers la Tasmanie se fait en violation du droit international et contribue à prolonger l'un des plus vieux conflits d'Afrique.” “Les Nations unies ont déclaré que l'exploitation de ces ressources n'est licite qu'après consultation de la population du territoire, ce qui, en l'occurrence, n'a pas eu lieu. Le Sahara occidental est toujours considéré par les Nations unies comme une colonie.” De son côté, l'Association pour un référendum libre et régulier au Sahara occidental (ARSO), dans une lettre transmise le 2 septembre dernier, à Andreas Zivy, CEO, actionnaire majoritaire de la firme Impact Fertilisers, a aussi interpellé ce dernier : “Savez-vous que ces achats au Sahara occidental occupé sont hautement problématiques du point de vue éthique, qu'ils contreviennent au droit international et affaiblissent les efforts de l'ONU pour une solution pacifique du conflit dans la région ?” “Aucune organisation internationale ne reconnaît à ce jour la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. La Suisse elle aussi soutient le droit à l'autodétermination (…)” “Un référendum d'autodétermination, organisé par l'ONU, doit avoir lieu dans l'ancienne colonie espagnole, pour permettre à la population de choisir si elle veut l'indépendance ou le rattachement au Maroc qui occupe le territoire par la force depuis 1975.” “Il n'y a pas d'embargo des Nations unies pour le commerce avec le Sahara occidental, cependant le droit international humanitaire prévoit qu'une puissance occupante ne peut exploiter les ressources naturelles d'un territoire occupé que si cela se fait en consultation avec la population locale et dans son intérêt, (rapport H. Corell, 2002). L'association, qui est membre de Western Sahara Resource Watch, une coalition internationale d'ONG et d'individus œuvrant pour la préservation des ressources naturelles du Sahara occidental, rappelle en outre la position du gouvernement suisse concernant les relations commerciales avec le Maroc, qui a précisé que “du fait que la Suisse ne reconnaît pas l'annexion marocaine, l'accord de libre-échange entre les Etats de l'AELE et le royaume du Maroc n'est pas applicable au Sahara occidental” (extrait de la réponse de M. Martin Zbinden, chef du secteur accords de libre-échange/AELE, secrétariat d'Etat à l'économie Seco, avril 2007). “En participant à la commercialisation des phosphates du Sahara occidental occupé, votre filiale Impact Fertilisers tire profit de l'occupation illégale du territoire et viole le droit. Cela contribue à saper les efforts de l'ONU pour une solution pacifique du conflit”. Enfin, elle demande à l'actionnaire majoritaire de la firme Impact Fertilisers d'arrêter les importations de phosphate, tant que la population sahraouie n'a pas encore fait “valoir ses droits légitimes sur ses ressources naturelles”.