Après un premier report en date du 8 août dernier, puis un second le 26 septembre, voilà que le procès des quatre chrétiens de Larbâa Nath Irathen, qui devait se tenir hier au tribunal de Larbaâ Nath Irathen, est encore reporté pour une troisième fois, et ce, pour le 28 novembre prochain. La décision de report, annoncée contre toute attente par le juge du tribunal de Larbaâ Nath, Irathen a été motivée par “l'absence des témoins à charge” dont la présence a été estimée incontournable. Dans la salle d'audience, pleine à craquer depuis son ouverture à 9h, la déception s'entremêlait avec l'étonnement sur un fond de tension palpable. Le silence ecclésiastique, qui régnait à l'intérieur de la salle à l'appel des quatre mis en cause à la barre, a été naturellement rompu à l'annonce de ce report moins d'une demi-heure après l'ouverture du tribunal. La salle s'est vidée juste après. La foule a cédé ainsi la place aux justiciables ordinaires. Rencontré à sa sortie de la salle, Me Mokrane Aït Larbi, un des avocats de la défense, nous expliquera que “le président a le droit d'apprécier la nécessité ou non de la présence des témoins”. À l'extérieur, la tension est toujours là. Le tribunal est toujours sous haute surveillance policière. Le dispositif policier, mis en place devant le tribunal, laissait facilement le quidam deviner qu'un procès particulier, bien sûr, pas celui de criminels mais de ceux qui se sont reconvertis au christianisme, devait se tenir durant cette matinée au tribunal de Larbaâ Nath Irathen. Le sit-in de protestation, qui se tenait à quelques mètres du tribunal, était là pour le confirmer, même pour renseigner sur l'affaire. “Des lieux de culte pour tous”, “Pour l'abrogation de la loi du 6 mars 2006”, “Algérien et chrétien, c'est un droit et c'est mon choix”, “Liberté de culte est égale à liberté de conscience”, est-il écrit sur des banderoles accrochées aux murs ou suspendues au-dessus des têtes des centaines de personnes venues prendre part à ce sit-in de soutien aux quatre jeunes, Mahmoud Yahou, Abdenour Raid, Nacer Mokrani et Idir Haoudj poursuivis pour “création de lieu de culte sans l'autorisation des pouvoirs publics”. Outre les membres du collectif SOS Libertés, représentés par Arezki Aït Larbi, et quelques représentants du parti de Saïd Sadi, la foule est constituée essentiellement de fidèles de l'Eglise protestante dont un pasteur a tenu à dénoncer l'absence de démocratie et le recul du respect de la Constitution. C'était également les mêmes propos tenus par le président du bureau régional du RCD, Hamid Makni, qui dit venir prendre part à ce sit-in parce que “la Constitution garantit la liberté de culte et de conscience et que, donc, ce procès est infondé juridiquement”. À ce propos, Me Rahmani Fatiha, membre du collectif de la défense avait déjà expliqué, justement, que “l'accusation portée par la justice reste une atteinte à la liberté individuelle de ces personnes”, et que “la loi se trouve en contradiction dans le sens où l'Algérie a signé la charte internationale relative à la liberté de culte et, d'autre part, on interdit la pratique d'une religion autre que l'islam en se référant à l'article 144 bis du code pénal”. Pour rappel, le même article a été appliqué aux deux non-jeûneurs d'Aïn El-Hammam qui ont fini par être relaxés par la justice, le 5 octobre dernier.