Les pharmaciens hospitaliers et industriels font incursion dans l'actualité du médicament pour évoquer un secteur en mouvement depuis quelques mois, mais aussi pour plaider en faveur d'un statut à la mesure de leur implication attendue dans l'augmentation du volume de production nationale. Les 3es journées de pharmacie hospitalière ont coïncidé, cette année, avec le 1er forum de pharmacie industrielle, qui se tiennent, depuis hier, à l'hôtel El-Aurassi sur initiative du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (Cnop). Ces rencontres interviennent dans une conjoncture marquée par la mise en place d'une réglementation rénovée dans le secteur du médicament. Une occasion pour mettre en évidence l'importance du rôle du pharmacien hospitalier et celui industriel dans la consolidation des objectifs du ministère, lesquels s'articulent notamment autour de l'augmentation du taux de la production nationale des médicaments, jusqu'à atteindre le seuil des 70% d'ici 2014 et la sécurisation de l'approvisionnement des hôpitaux en produits pharmaceutiques. À ce titre, Amir Touafek, vice-président du Cnop chargé de l'industrie, a estimé nécessaire de doter le pharmacien industriel “de statut de décideur par une réglementation en bonne et due forme”, eu égard au fait qu'il sera de plus en plus impliqué dans la chaîne de production. De cause à effet, il devra engager davantage sa responsabilité pénale, civile et disciplinaire. “Il faut que les pouvoirs publics soient conscients, aussi, de l'impératif d'accompagner les nouvelles lois (portant sur le médicament, ndlr) par la formation”, a poursuivi notre interlocuteur. Il a précisé que les pharmaciens sont de plus en plus soumis à la manipulation de produits innovants, particulièrement de biotechnologie, mais qui prévalent aussi par une forte valeur ajoutée. “Il faut sérieusement se pencher sur la capacité et la technicité du pharmacien dans l'unité de production, car il passe du conditionnement au développement des produits en full process”, a-t-il expliqué. En marge des plénières de la rencontre d'El-Aurassi, des ateliers techniques ont été organisés au bénéfice des pharmaciens. Pour Lotfi Benbahmed, vice-président national du Cnop, les enjeux actuels portent sur la structuration et la normalisation de la profession. Il convient, selon lui, “d'encadrer l'exercice de la profession, dans tous ses domaines, par la mise en place d'une charte de bonnes pratiques”. Il a jugé utile de donner vie à l'Agence nationale du médicament – qui existe par les textes – afin de réguler le secteur qui connaît une croissance importante. Le Dr Nebchi, pharmacienne chef du Centre Pierre-et-Marie-Curie du CHU Mustapha-Pacha, a relevé le vide juridique en matière de dispositifs médicaux. Elle a plaidé pour la création d'une banque de données y afférent. La première séance plénière de la journée a été consacrée aux médicaments innovants (produits de biotechnologie et biosimilaires).