Le Laboratoire national de contrôle de qualité des produits pharmaceutiques (LNCPP) est désormais doté d'une unité de bioéquivalence. Une structure qui vient à point nommé pour mettre fin aux doutes et spéculations quant à la qualité des médicaments commercialisés en Algérie. L'annonce a été faite hier par Amar Tou, ministre de la Santé, à l'ouverture des travaux des quatrièmes rencontres internationales de pharmacie à l'hôtel El Aurassi organisées par le Conseil de l'ordre des pharmaciens d'Alger sous le thème « Responsabilité pharmaceutique, bonnes pratiques professionnelles ». Le ministre de la Santé a, dans un discours, mis l'accent sur le problème de la qualité de certains produits et sur le phénomène des médicaments contrefaits qui fait ravage dans le monde. Pour ce qui est de l'Algérie, Amar Tou se refuse à tout commentaire. « Laissons les spécialistes évaluer et apprécier l'importance de ce phénomène. Puis, ce sera à notre tour de les écouter pour lutter contre ce phénomène en développant les moyens d'investigation et constituer un réseau dense pour pouvoir intervenir », a t-il déclaré. Le Pr Mansouri, directeur du LNCPP, a souligné que l'Algérie ne connaît pas réellement ce problème de contrefaçon, du moins pour ce qui est des produits importés légalement. « Le contrôle systématique des médicaments, instauré depuis 1995, a réellement sauvé l'Algérie. Nous avons toute la traçabilité des médicaments depuis cette date à ce jour. » Selon lui, cette unité de bioéquivalence qui sera opérationnelle dans deux mois, aidera au mieux la production nationale à commercialiser les médicaments à l'étranger. Mise en garde Pour le Dr Touafek, vice-président industrie à l'Ordre des pharmaciens d'Alger, estime que l'Algérie n'est pas à l'abri de la contrefaçon. Selon lui, pour s'en prémunir, il faut un pharmacien à tous les niveaux de la chaîne. « Il faut que les règles du jeu soient respectées et connues de tous pour ainsi respecter les bonnes pratiques professionnelles », a-t-il résumé en se félicitant de la création de l'Inter-ordre des pharmaciens maghrébins dont une convention a été signée hier entre les trois Ordres des pharmaciens, à savoir marocain, mauritanien et tunisien. Ce qui permettra, dira-t-il, aux pharmaciens maghrébins de mieux s'organiser et unifier les législations et constituer une force de proposition. La réhabilitation du rôle du pharmacien dans le système national de santé, le contrôle et la qualité du médicament et les bonnes pratiques professionnelles ont ainsi fait l'objet d'un large débat qui se poursuit aujourd'hui. Posant les multiples problèmes auxquels fait face la corporation, l'Ordre des pharmaciens met en garde contre la déprofessionnalisation du secteur. Il considère que le médicament n'est pas un produit comme les autres. « Sa production, sa distribution et sa dispensation doivent obéir à de bonnes pratiques professionnelles », a déclaré M. Benbahmed, président de l'Ordre des pharmaciens d'Alger. Lors de son intervention, il s'est longuement attardé sur les problèmes que vivent les pharmaciens au quotidien, en l'occurrence le système du tiers payant, le tarif de référence, la relation pharmacien-malade, pharmacien-sécurité sociale. « Le pharmacien d'officine n'a jamais été aussi marginalisé. La pharmacie d'officine est menacée par des tentatives de déprofessionnalisation et est appauvrie par des marges bénéficiaires quasi insoutenables. L'absence de statut pour le pharmacien hospitalier et sa marginalisation dans le secteur public, ont fait que de nombreuses structures sanitaires sont dépourvues de pharmaciens. La biologie médicale se retrouve appliquée illégalement, en toute impunité, par de nombreuses structures publiques et privées en violation flagrante de la réglementation », conclut-il en signalant que les inspecteurs pharmaciens se font de plus en plus rares.